1968, journal d'une inconnue (50 mn)
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Septembre 1967 : à l'annonce de son embauche dans une entreprise d'électronique de Montpellier, une jeune femme décide de tenir le journal de sa vie à l'usine, journal qu'elle tiendra jusqu'à son licenciement en avril 1968. Plus de quarante années après, qu'est-elle devenue ? Le journal n'est pas signé, et de ce fait laisse libre cours à toutes les hypothèses. Un film mène l'investigation pour retrouver l'auteur du journal. Cette enquête conduit à de multiples rencontres et nécessite une plongée dans cette époque charnière. Anciennes ouvrières de l'entreprise, étudiantes établies, journalistes et syndicalistes de l'époque, se souviennent et livrent des pistes de recherche. Ce sont aussi ces portraits d'ouvrières filmées à la même période, ces visages de femmes anonymes d'aujourd'hui qui aident à dresser un portrait de l'inconnue.
Tout commence par des extraits du Journal d'un groupe d'ouvrières, écrit entre 1967 et 1968, à Montpellier, que découvre un jour Laure Pradal. Intriguée, elle part à la recherche de l'auteur, anonyme, de ce témoignage militant : «Un an d'usine noté au jour le jour. La fatigue, le travail volé, les brimades. L'écœurement, la révolte, la résistance. L'accumulation des "petits faits" qui provoquent les mouvements de masse.» La documentariste rencontre les anciennes ouvrières de Morari. Celles qui voient dans l'auteur du journal «une fille qui devait chercher des histoires. [...] Elle était avec les syndicats qui lui montaient peut-être un peu la tête. Elle voulait transformer l'usine». Celles qui, à l'opposé, militaient, à la CGT ou avec les maos «établis» en usine. Le monde d'hier défile sous nos yeux... Militantisme, désillusions, rêves encore vibrants.
L'auteur du journal, Jeannette, apparaît en creux, figurante de cette plongée dans une France dont la réalisatrice entend bien nous faire comprendre qu'elle prépara celle de 2011. «Ce n'est pas ce qui passe à la télévision qui nous donne une idée objective du monde. Tout ce qui nous est donné, c'est pour nous éviter de penser. Produire et consommer, c'est tout ce qu'on veut de nous, ouvrières», écrit-elle, le 30 octobre 1967...