Comment faites-vous ?

[Invité]

J'imagine Serabeth que ton usine n'est pas en face de chez toi

Pas en face, non, mais à 8 minutes chrono entre le moment où je claque ma porte et le moment où je franchis celle de l'usine.
Ça doit faire 6 km.
Et jamais d'embouteillage de tracteurs.
De plus, la pause de 20 minutes est comprise dans le temps de travail de 7 heures (variable, par contre cette durée...).
Et comme c'est en horaires décalés, j'ai réellement la moitié de la journée de libre, la plupart du temps je suis libre l'après-midi.

[Trinita]

(Moi il y a quelques mois j'ai eu l'impression qu'ils en avaient virés, des cadenas. Mais en même temps je n'y avais pas été super attentif lors de mes rares précédents passages. C'est marrant, j'ai lu un truc concernant ce pont il y a deux jours, sur un blog. J'y ai appris que les gens jetaient les clés dans la Seine. Sont cons).

[anya]

Oui bien sûr, quand on travaille on vend un peu de son temps pour vivre. Et alors ?
Ça devient insupportable quand il faut en plus perdre du temps dans les transports, toujours pour ce travail, parce que ce travail ne nous rémunère pas assez pour vivre à proximité.
Personnellement ça m'est égal que mon travail ne me plaise pas du moment qu'il me laisse assez de temps et me permet de vivre, pas richement mais sans angoisse.

Anya, je me demande ce que vous entendez par "il faut faire comme tout le monde". Étant donné que tout le monde ne fait pas pareil justement. Ce "tout le monde" c'est qui ?

Ca vous est égal que votre travail ne vous plaise pas. Ce n'est pas le cas de tout le monde mais je peux le comprendre si le seul intérêt est le salaire. Il devrait y avoir une prime à l'ennui.
Le problème n'est pas vraiment de vendre "un peu" de temps pour vivre mais tout ce qui va avec souvent et qui rend cela très insupportable : que ce soit les conditions qui peuvent être très pénible, le stress, le temps perdu dans les transports en commun, l'exploitation, les problèmes dû à la manière dont on gère les ressources humaines et j'en passe. De plus en régle général ce n'est pas vous qui décidez du temps que vous passerez au travail. On peut aussi licencier si vous refusez les heures supplémentaires. Bien souvent aussi il ne reste plus de temps pour autre chose sinon dormir pour retourner au travail et c'est le "métro-boulot-dodo". Quand je dis "il faut faire comme tout le monde'", c'est ce que j'entends sans cesse autour de moi. Je ne fais que répéter ce que j'entends dire. J'imagine que ce "tout le monde" représente la norme qui sait tout.

[anya]

Ça devient insupportable quand il faut en plus perdre du temps dans les transports, toujours pour ce travail

Rajoute à cela l'énervement, le stress, l'humiliation parfois, ce n'est finalement pas un progrès de travailler...

C'est le prix à payer.

[bebert]

C'est le prix à payer.

Je n'ai carrement pas les moyens...

[maguy]

Je n'ai carrement pas les moyens...

Moi non plus

Mes petits nerfs et surtout ceux de la personne en face ne pourraient pas se le permettre.

Et oui, je ne travaille que pour le salaire, pour quoi d'autre ? Me trouver une famille ? Un épanouissement (mouarf)

[romain23]

Y'a vraiment nécessité et/ou obligation de payer un prix?

moi, pas maso, rien ne m'oblige à payer quoi que ce soit! J'ai pas à gagner ma vie pour la perdre, puisqu'on ne veut pas que je travaille, je me soumets à l'injonction collective!

[tristesir]

j'ai réellement la moitié de la journée de libre, la plupart du temps je suis libre l'après-midi.

Tu dors toute l'après-midi parce que le matin tu t'es levée à 4h?

[bebert]

Pas necessairement, ces journees continues de sept heures sont souvent de six a treize heures... Serabeth, j'ai bon ?

[anya]

Je n'ai carrement pas les moyens...

Moi non plus
Et oui, je ne travaille que pour le salaire, pour quoi d'autre ? Me trouver une famille ? Un épanouissement (mouarf)

Il est certain que le travail salarié est rarement source d'épanouissement et qu'on en trouve très facilement des dizaines d'autres. Mais quand ce n'est pas facile de refuser, y compris quand on n'a pas de famille.

[anya]

RE:
moi, pas maso, rien ne m'oblige à payer quoi que ce soit! J'ai pas à gagner ma vie pour la perdre, puisqu'on ne veut pas que je travaille, je me soumets à l'injonction collective!

Je pense comme vous, mais je réalise bien aussi qu'on peut difficilement se soustraire à cet impératif, parce que cela nous limite grandement d'une certaine manière et dans quasiment tous les domaines malheureusement.
J'entends aussi souvent dire qu'il faut payer le prix, mériter sa croûte et ce donc quel que soit ce prix. Nous vouons un culte à la souffrance, au sacrifice qui justifie le principe de l'effort à concéder pour vivre. On ne parle jamais des inégalités qui se creusent. Quant à l'emploi que vous ne trouvez pas, tout le monde s'en moque. On vous répondra que vous cherchez mal, qu'il faut persévérer, que rien n'est facile, qu'il faut le mériter, prouver sa valeur, en vouloir, on vous culpabilisera, on vous enjoindra d'en faire davantage, on vous dira "y a qu'à". Je me souviens d'un fait divers qui a inspiré un film français. Il s'agit de l'histoire d'un homme qui postulait à une offre d'emploi et qui avait décidé de tuer ses rivaux. Cela ne sera peut-être pas un cas isolé. Mais c'est bien qu'il y ait des résistants comme vous. Je trouve ça courageux.

[tristesir]

Il s'agit de l'histoire d'un homme qui postulait à une offre d'emploi

Tu penses bien que ce film a été abondamment commenté ici
Il s'agit du Couperet de Costa-Gavras.

Je ne sais pas s'il a été directement inspiré du livre (c'est un régal) qui a pour titre "Mon cv dans ta gueule"
(voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Wegscheider pour plus de détails. Il faudrait que je lise son deuxième roman, son premier était vraiment un bonheur à lire)

Finalement, le film "Le Couperet" est l'adaptation du roman éponyme de Donald Westlake:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Couperet_%28film%29

[Invité]

Tu dors toute l'après-midi parce que le matin tu t'es levée à 4h?

Non, il m'arrive de dormir un peu après déjeuner ; mais je préfère passer ce cap de l'envie de dormir (en allant un peu dehors) et me coucher tôt le soir. Le vide sidéral des programmes télé m'évite les regrets...
Effectivement je me lève à 4 heures, voire 3 parce qu'il faut être devant le tapis roulant à 5h (ou 4h)
Ce qui fait que j'ai terminé vers midi, midi et demie, le temps de me changer et de rentrer.
Sinon l'équipe de l'après-midi c'est 11h-18h.

Je n'aurais jamais cru avant être capable d'avoir des horaires aussi matinaux, j'aime bien mon lit mais en fait je me lève sans problème.
Mais il est certain que je me sens mieux réveillée quand j'ai des horaires normaux, c'est-à-dire quand je dors la nuit et veille le jour. Je suppose que c'est pareil pour la plupart des boulots en horaires décalés : aide-soignante, routier, cheminot etc...

Je suis un rouage d'un gros système qui fait que la bouffe n'est pas trop chère ; et toute personne qui se réjouit d'acheter des saucisses à 5€ le kg ou du steack haché à 9€, ou du fromage à 4,50€ fait partie de ce système aussi et l'entretient.
C'est assez désespérant mais c'est comme ça comme dirait Anya. Depuis longtemps les gouvernements successifs avec leurs lois imbéciles ont favorisé la concentration des moyens de production dans les mains de boîtes de plus en plus grosses.

[tristesir]

Serabeth:

En allant au boulot à cette heure si matinale tu es obligée d'éviter les voitures de jeunes, sortant de boîte de nuit, qui zig-zaguent sur la route

[Invité]

Boîte de nuit en semaine ??
Ce qu'on risque de croiser c'est plutôt d'autres ouvriers de l'agro-alimentaire qui quittent le travail après 7 heures de travail de nuit. Au début tu te sens bien réveillé, mais si tu as plus de 20 minutes de route, tu commences à somnoler, les accidents au petit matin par ici c'est souvent pour cette raison : des gens qui sortent du boulot. Il y a des gens qui bossent à une demi-heure de chez eux, moi j'ai réussi jusqu'à présent à l'éviter.

Ça paraît absurde : le travail est de nuit (22h-5h), ou commence extrêmement tôt. Il y a beaucoup moins d'équipes dans l'usine l'après-midi, quelquefois carrément personne, s'il y a peu de commandes. Alors pourquoi on nous fait lever si tôt ?
Je n'ai pas de réponse à ce sujet, vu que les chauffeurs de camion travaillent à toute heure, les préparateurs de commande, dans les bases logistiques, aussi. La livraison dans les supermarchés par contre, c'est plutôt en pleine nuit.