Comment recruter des militants anti-chômage

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superuser
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Message par superuser »

Romain23 a écrit :Les syndicats se sont fondés historiquement sur la défense des salariés face à l'exploitation des patrons.
On va leur remettre sous le nez l'extrait du rapport 2006 de l'OCDE, pour leur rappeler que ce qui est fait aux chômeurs et aux précaires se répercute à terme sur tous les autres.

C'est le développement du chômage et de la précarité qui nivelle par le bas les conditions de travail, les salaires et la protection sociale. C'est le développement du chômage et de la précarité qui déprécie la "valeur travail".

Je compte bien le leur faire comprendre. Soutenir les chômeurs et les précaires, c'est combattre le mal à la racine.
maguy

Pourquoi les dominés se révoltent-ils rarement ?

Message par maguy »

Pourquoi les dominés se révoltent-ils rarement ?

Fondation Copernic - Eclairages sociologiques

par Lilian MATHIEU, Sociologue au CNRS, membre du CO de Copernic

Il y a un peu plus d’une vingtaine d’années, alors que se développait en France le chômage de masse, il ne manquait pas d’observateurs et de responsables politiques pour prédire que, passé un certain seuil de taux de chômage, une révolte sociale violente serait inéluctable. La prédiction, on le sait, s’est révélée largement erronée : il aura fallu attendre la fin des années 1990, et un niveau de chômage et de précarité largement plus élevé que le « seuil » initialement annoncé, pour qu’un mouvement de chômeurs apparaisse — sous des formes d’ailleurs beaucoup plus pacifiques et minoritaires qu’anticipé.

L’exemple des chômeurs et de leur tardive et relativement faible mobilisation pose un problème plus général auquel ce chapitre vise à donner quelques éléments de réponse : le paradoxe qui veut que les populations les plus précaires, stigmatisées, dominées (etc.), en bref celles qui auraient a priori le plus de « bonnes raisons » de se révolter, sont aussi dans les faits celles qui se révoltent le moins.

Tout un courant de la sociologie des mouvements sociaux, en développement aux Etats-Unis depuis les années 1970 et dont les acquis sont désormais diffusés en France , s’est affronté à ce paradoxe en prenant pour objet ce qu’il appelle les poor people’s mouvements (Piven & Cloward 1977), ces mouvements de populations dominées qui, malgré tous les obstacles, ont pu voir le jour et, parfois, obtenir de substantielles victoires. L’étude de ces « mobilisations improbables » permet à la fois d’identifier les conditions qui les ont rendues possibles et, par contraste, ce qui leur fait ordinairement défaut et empêche les groupes dominés de faire entendre leurs revendications collectives.

Un des premiers gains de ce courant sociologique, connu comme celui de la « mobilisation des ressources », est d’avoir remis en cause le lien direct que le sens commun établit entre mécontentement et révolte. En conséquence, il ne suffit pas qu’un groupe définisse sa situation comme malheureuse ou injuste pour déclencher sa révolte. Autrement dit, la révolte ne saurait dépendre de la seule « prise de conscience » de la domination ou de l’exploitation subies.

Si ceux-ci ne contestent pas une situation malheureuse dont ils subissent pourtant quotidiennement les effets, c’est surtout qu’ils sont dépourvus des moyens de l’exprimer publiquement et de lui donner une forme politiquement efficace. C’est donc de l’accessibilité de ces moyens, ou ressources, que dépend le passage à l’action protestataire. Il est possible de les répartir sommairement en trois groupes :


- les ressources matérielles, les ressources incorporées et les ressources relationnelles. Les ressources matérielles sont celles qui ont une existence indépendante des acteurs, sous forme d’argent, de lieux de réunion, de canaux de diffusion des revendications (journaux, radios, sites internet…), de moyens de blocage (camions pour dresser un barrage routier, pavés pour édifier une barricade…), etc. ; les groupes économiquement les plus pauvres sont sur ce plan les plus défavorisés.

- Les ressources incorporées existent quant à elles avant tout sous forme de compétences spécifiques, ensemble de savoirs et de savoir-faire propres à la pratique contestataire, et schèmes de perception et d’anticipation à même d’informer et d’assurer la conduite de l’action collective. Imaginer des slogans percutants, rédiger un tract pédagogique, organiser une manifestation, retourner une assemblée générale hostile… font partie de ces compétences, le plus souvent acquises au cours d’un processus informel de socialisation militante. Elles sont généralement corrélées à un haut niveau de politisation qui, lui-même, est généralement corrélé au niveau de diplôme (Gaxie 1978). Les groupes les plus démunis sur le plan socioculturel se signalent par un niveau souvent bas en ressources incorporées.

- Les ressources relationnelles, enfin, sont celles que le groupe considéré retire, d’une part, des relations qu’il entretient avec d’autres groupes davantage favorisés et, d’autre part, des relations sociales qui fondent son organisation interne et sa cohésion (Oberschall 1973). Les populations sans identité collective forte, et qui pour certaines existent avant tout sous forme de rassemblement d’individus partageant certes une même condition mais sans s’identifier à un même statut ni même entretenir de liens de sociabilité ou d’interconnaissance, auront par conséquent le plus grand mal à doter leur mécontentement d’une dimension collective. Cela est par exemple le cas des prostituées, des étrangers frappés par la double peine, qui ont pour seul point commun d’être soumis à une mesure administrative ou judiciaire d’expulsion, des « paysans parcellaires ».

La principale explication de l’engagement contestataire d’un groupe politiquement mal doté peut être trouvée dans l’acquisition de nouvelles ressources, le plus souvent celles que lui apporte un autre groupe plus avantagé que lui. Inapte à se mobiliser par lui-même, le groupe défavorisé va pouvoir le faire grâce aux ressources que des alliés, davantage privilégiés mais sympathisants de sa cause, vont mettre à son service. L’attention doit se déplacer, dans ce type de situation, vers les logiques et les conditions des alliances entre groupes différents non seulement sous l’angle de leurs niveaux de ressources respectifs, mais également de leur statut social, de leur prestige, de leurs visions du monde et des motivations de leur engagement : syndicalistes auprès de chômeurs, militants antiracistes français auprès de sans-papiers, féministes auprès de prostituées, etc. Certains univers sociaux (militants chrétiens, de gauche et d’extrême gauche, souvent à fort capital culturel) apparaissent comme des viviers privilégiés de tels « membres par conscience », disposés à apporter leurs connaissances et ressources à la cause de plus défavorisés qu’eux.

Parce qu’elles font se coaliser des individus appartenant à des univers parfois très distants et que de notables différences (de capital scolaire, économique, politique…) séparent, les alliances sont toujours susceptibles de provoquer des tensions de par la dépendance qu’elles induisent. Pour les dominés, ainsi que l’a souligné Bourdieu, « il faut toujours risquer l’aliénation politique pour échapper à l’aliénation politique » (2001, p. 261).

Cet article reprend des idées plus largement développées dans « Les mobilisations improbables : pour une approche contextuelle et compréhensive », in Stéphane Cadiou, Stéphanie Dechézelle, Antoine Roger (dir.), Passer à l’action : les mobilisations émergentes, Paris, L’Harmattan, 2007, pp. 187-198.



source

Syndicalistes auprès de chômeurs :roll: :roll:
Pili

Message par Pili »

Merci Maguy, article très instructif

Je suis tombée sur l''entretien de Claire Villiers donné à Sophie et Yves

entretien avec Claire Villiers

et son intervention sur la difficulté des syndicats face aux mouvements des chômeurs

C'est vraiment une mine d'info actuchomage....un merci en passant à Sophie et à Yves pour ce travail utile
renaud21

Réduire le "rôle associatif"

Message par renaud21 »

Ce que je voulais dire, c'est que par exemple, si nous avions un gouvernement qui ne pratiquerait pas l'expulsion de clandestins, ou qui interdisait la culture d'ogm, les associations qui se battent contre cela n'existeraient pas, et ses militants seraient peut-être investis dans d'autres causes, y compris la lutte anti-chômage.
tristesir

Message par tristesir »

et ses militants seraient peut-être investis dans d'autres causes, y compris la lutte anti-chômage.
A mon humble avis, tout est lié.
Le chômage est lié à des choix économiques faits par une minorité qui nous les imposent et personne (ou si peu) ne veut changer profondément cette société et contester ces choix.

Dans ces choix sont inclus le fait qu'on doive manger des trucs hallucinants saturés de produits qui nous tuent à petits feux (si ce n'est pas toi que cela tue c'est ton voisin de misère) et c'est aussi lié à la mise en coupe réglée de la planète qui conduit à des migrations pour cause de misère.

Le jour où tout le monde aura un emploi décent je suis prêt à parier que les OGM/pesticides/mouvements migratoires liés à la pauvreté... ne seront plus qu'un mauvais souvenir.

PS:
Il parait qu'une pomme peut recevoir jusqu'à 37 traitements.
lesty

Comment mobiliser les gens ?

Message par lesty »

Bonjour,

Salariée en cours de licenciement pour raisons économiques dans un collectif AC, et très impliquée dans la défense des personnes en difficultés, je me permets de vous répondre sur quelques points. Je ne crois pas que parler de recrutement de militant soit adapté il faut avant tout parler d'engagement et de solidarité . On ne peut pas imposer aux personnes m^me solidaires de militer . Il faut pour cela avoir les moyens financiers, culturels de pouvoir s'exprimer et ce n'est pas donné forcément à tout le monde. Dans mon association nous proposons une adhésion symbolique qui matérialise une promesse d'engagement, une participation active à la vie de l'association mais encore une fois, rien ne peut assurer de la pérennité de ces promesses. Le problème c'est plutôt d'ordre social, et contextuel. Nous vivons dans un monde où les personnes sont prisonnières de leurs besoins primaires, où le travail si peu rémunéré soit-il encourage un individualisme meurtrier avec des outils de pression impitoyable ( peur du chômage, honte d'y être, reconnaissance sociale inexistante, difficultés sociales et /ou financières...etc) Satisfaire ses besoins de base est déjà une gageure en soi alors demander à des gens en survie permanente de militer activement, de garder un temps disponible à la réflexion...Croyez-moi, après 3 ans de chômage et parfois moins on se retrouve vite dans l'individualisme et les autres ben...quand j'aurais mangé et nourri ma famille...cela dit, il existe des gens qui malgré leurs galères savent ou peuvent rebondir et de par leur caractère ont encore des sursauts de révolte saine et décident de s'engager pour les autres, pour les défendre individuellement ou collectivement - c'est mon cas - et dans ce boulot que j'ai accepté je rencontre évidemment des " profiteurs" mais aussi des gens reconnaissants...C'est rageant parce que notre poids, notre crédibilité diminue et par là - même notre champ d'action quand nous sommes seuls à combattre..cela participe aussi d'une volonté politique au niveau des structures sociales et autres structure d'accompagnement...nous sommes sur un marché où seul la loi du plus fort prévaut...comment en vouloir dans ce cas à ceux qui essaient de défendre leur personne avant tout ? dans les luttes passées, les personnes luttaient toutes au même niveau et les revendications les m^mes pour tous...A notre merveilleuse époque, les salriés s'opposent aux chômeurs qui s'opposent au Rmistes...qui s'opposent à...Etc et on obtient notre fameux " diviser pour mieux régner"...et un démantelement pas toujours discret du code du travail, des acquis sociaux, des droits...La solution serait peut-être qu'on associe à chaque revendication toutes lles forces vives de notre beau pays mais après ça serait 1789...Qui oserait encore ? :twisted: [/b]
romain23

Message par romain23 »

ne crois pas que parler de recrutement de militant soit adapté il faut avant tout parler d'engagement et de solidarité (quote lesty)

Engagement , peut etre; mais la solidarité cela depend du lieu ou tu te trouves, parce que meme si tu as envie de t'engager, ne pas OUBLIER QUE TU ES CHOMEUSE!
parce que si jamais tu l'oublies, on te le fera sentir.
Des petits details insignifiants , mais qui finissent par t'isoler.
Un exemple, tu es adhérent parent d'élèves avec cotisation à jour , et tout, eh bien, on ne te renvoies pas ton bulletin d'adhesion, on evites de t'informer des manifs et de quoi que ce soit , des fois que tu irais bouffer chez les gens ou leur reclamer je ne sais quoi ( vu que quand on
est pauvre, c'est sur, on va faire la mendicité)
Et c'est pareil dans certains groupuscules politiques qui se disent d'extreme gauche, où dès lors que tu annonces que tu es demandeur d'emploi de très très longue durée , on te regardes de travers, des fois que tu ne paierais pas ta cotisation, vu que tu es pauvre!
et, de plus, si tu n'as pas de vehicule, on evite de te faire participer à quoi que ce soit , des fois que tu " parasiterais" ledit vehicule .
Alors, tu as beau vouloir t'engager ou etre veritablement engagée, a, force d'etre regardée de travers parce que tu es chomeuse ( statut que tu n'as d'ailleurs pas choisie) tu finis par rentrer chez toi, et tu replies à l'interieur parce qu'effectivement, meme au sein du militantisme, la discrimination est pratiquée!

Après, tout ce beau monde s'etonne qu'il n'y est plus personne qui s'engage et plus personne pour aller se geler dans les manifs!

Tiens , d'ailleurs, on a juste besoin des pauvres ( chomeurs ou pas d'ailleurs) pour aller voter! Là, c'est bizarre, leur voix compte pour mettre un bulletin dans l'urne, que ce soit pour les prud'hommes ( tiens, je n'irai pas, après tout) pour les elections des parents d'elèves ou le fiston t'àmène l'enveloppe ( meme si quand tu as besoin d'eux quand tu te fais insulter par une CPE, tu ne trouves personne pour te soutenir)
j'ai gardé l'enveloppe ( économie) et, je n'ai pas voté, et au moment des elections dans les partis.
Alors, militante , je n'en suis plus, et, je suis parti du principe que " EXCLU POUR EXCLU, eh, bien, il n'y aurait plus ni mon enveloppe, ni ma voix pour quoi que se soit! Boycott du militantisme, puisque les chomeurs et les pauvres sont consideres "Personna non grata"

Mais, bon, j'espère juste que c'est le coin, parce comme on dit aux guignols de l'info : la marionnette de Delanoé qui dit:' Ici, il y a des moutons et des bouseux" ( je vous laisse deviner la ville)

Mais, je crois que c'est un peu cela partout: Dès que tu es pauvre, tu es systematiquement rejetée , Argent oblige!
Alors effectivement, plus de militants.
Tout ce qui est etranger est vecu comme dangereux, !Désormais, ce proverbe s'applique aux pauvres!
lesty

Je n'ai pas dit autre chose !

Message par lesty »

c bien ce que j'ai écrit, Romain 23 ! Je comprends que l'on soit épuisé puisque moi m^me je le suis de faire des allers-retours pire ou moins pire...Par expérience je le sais...Et je te dirais m^me qu'au sein de ma structure, malgré la bonne volonté et les compétences la plupart des militants qui restent n'ont jamais connu m^me de façon expérimentale le chômage...ils ne possèdent que leurs représentations...Je t'assure que je donnerais cher pour ne plus revivre cette horreur qu'est le chômage et la pression sociale ou financière qui s'y rattache mais comme la plupart de mes compagnons...Je n'ai plus envie de militer parce que je sais ce qui m'attend et que je serais trop occupée à ramer pour regarder le phare ! C décourageant mais c'est une réalité différente pour chacun...
renaud21

Message par renaud21 »

Une expression résume selon moi assez bien la complicité de la plupart des associations envers le système : "partenaires" sociaux.
tristesir

Message par tristesir »

Et c'est pareil dans certains groupuscules politiques qui se disent d'extreme gauche, où dès lors que tu annonces que tu es demandeur d'emploi de très très longue durée , on te regardes de travers, des fois que tu ne paierais pas ta cotisation, vu que tu es pauvre!
et, de plus, si tu n'as pas de vehicule, on evite de te faire participer à quoi que ce soit , des fois que tu " parasiterais" ledit vehicule .
Je pense que tu généralises un peu vite. Il est probable qu'être militant politique ou associatif ne fait pas de toi un saint, ou dit autrement plus trivialement: il y a des c.. partout mais il ne faut pas en déduire que tout le monde l'est.

Le problème avec beaucoup de communistes (quels qu'ils soient) est qu'ils sont fiers d'être des travailleurs, d'être des éléments productifs sans remettre en cause le productivisme et en se désintéressant des conséquences sur l'environnement de la croissance, associée au progrès social, à tout prix. Ils se croient propriétaires de la nature et considèrent qu'il est normal de l'exploiter même si cela doit la détruire.

Un chômeur est comme une cartouche sans poudre pour un certain nombre d'entre eux puisqu'il ne peut pas occuper son entreprise ou faire la grève de la production.

Ceci dit, militer prend du temps, et quand tu as ce temps à y consacrer
c'est quelque chose qui n'est pas négligeable et est précieux.

En outre, des manifs' il y en a tout le temps à n'importe quelle heure du jour ou presque, un salarié en poste aura beaucoup de mal à se libérer pour faire de la présence à toutes. Un chômeur a un emploi du temps plus souple, même si chercher un emploi prend du temps qui lui permet de se rendre plus facilement disponible.
diety

Message par diety »

Bonsoir,

je trouve le sujet et la discussion intéressant, et je rebondis sur l'intervention de romain23 (et superuser). J'imagine que cela dépend où on place la militance - dans un syndicat, un parti politique, une association, ou plusiers à la fois, ou rien d'ailleurs.

Personnellement je n'ai aucune expérience de parti politique, et seulement une bonne expérience quand j'ai été licencié de l'Education nationale. C'est la CGT enseignant de Montreuil qui m'avait donné un coup de main. J'étais devenu membre juste pour ce licenciement, donc je n'étais pas un membre fidèle, et on m'avait bien aidé juridiquement quand même. J'aurais compris qu'ils n'auraient pas été très enthousiastes, car à ce moment c'était moi qui profitaient d'eux. A cette époque je n'étais pas encore très "éveillé" sur le plan politique. Bon l'un comprend ou s'intéresse tôt, l'autre tard, d'autres jamais.

Au problème du 'recrutement' - une expression avec laquelle je ne suis pas à l'aise - se rajoute, à mon avis, justement l'isolation et la lutte de la survie tout court des précaires, qui met la tête sous l'eau à plein de gens. Il faut être sacrément solide pour s'engager, se battre, sortir, rencontrer des gens, faire des actions, c'est d'autant plus difficile quand on est financièrement, socialement et psychologiquement affaibli, fragilisé. Qui ne connaît pas l'effort que l'on doit fournir pour sortir, pour aller à une manif, malgré son état de fatigue ou de lassitude. Qui a la pêche ou la rage, tant mieux, mais ça ne vient pas par 'éducation' ou 'sur commande'.

(Petit aparté - dans ma jeunesse, parfois j'avais eu le malheur de raconter que je n'avais pas voté. Oh là là, qu'est-ce que je n'ai pas entendu. Ceux qui s'étaient jetés sur moi et qui m'assommaient avec leurs arguments, avaient probablement raison, mais cela n'avait pas réveillé ma conscience politique pour autant. Ça m'avait juste foutu une mauvaise conscience, et par la suite ça a fait que j'ai évité ces gens. J'étais comme ça à cette époque, aucune réflexion ou argument n'aurait pu me changer, car je n'étais pas pret, disponible, mature, conscient. (choisissez ce que vous voulez)

L'impression que "les manifs, ça ne sert plus à rien" joue peut-être aussi.
Je n'ai pas de recette, je voulais juste dire que je comprends que l'on arrive pas, ou plus, de lutter, ou que l'on ait pas envie. Je pense comme superuser, que l'envie, la vocation de lutter ne se décrète pas, ça vient ou ça ne vient pas. Et il ne serait pas judicieux, à mon avis, de rajouter une couche de culpabilisation de tous ceux qui sont dans la mouise mais qui n'ont pas cette vocation, cette énergie.

Moi-même, je ne sais pas jusqu'où je peux aller. Tant que j'ai envie et une voix intérieur qui me pousse, je fais ce que peux (et ce n'est pas beaucoup). Si je ne peux pas ou plus, ben j'arrêterai. A la fin c'est chaque individu qui sait ce qu'il veut et ce qu'il peut faire.
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