Tristesir a écrit :Une colère apaisée, c'est quelqu'un qui rentre dans le rang
Je ne sais pas si je te comprends bien... A première vue, je ne suis pas tout à fait d'accord.
C'est toute la différence entre la colère d'un adolescent qui va réagir au quart de tour (insultes, bris d'objets, violence physique, etc… risquant de porter préjudice à des personnes qui n'y sont pour rien ou souffrent tout autant que lui) et celle d'un adulte qui va attendre que son émotion passe avant d'agir n'importe comment et organiser sa défense par des actes "civilisés" (je dirais même civilisateurs) dont le dialogue est la première étape. Ce n'est pas pour ça que le second "rentre dans le rang", bien au contraire : il se donne les moyens d'organiser sa riposte.
Ceux qui rentrent dans le rang sont, en réalité, ceux qui, après avoir insulté le marteau, ne font rien ensuite de leur "colère apaisée". Ils sombrent en majorité dans la résignation ou l'apathie. Ils passent, d'ailleurs, leur vie à insulter le marteau dans leur coin sans rien y changer. Ce qui amuse beaucoup leurs oppresseurs et facilite grandement leur mission.
On l'a vu avec les révoltes de l'automne 2005 : on a trouvé navrant que ces jeunes de quartiers déshérités brûlent leurs écoles ou leurs gymnases (même si leurs actes s'expliquent), portant préjudice à leur communauté même si ces violences ont eu leur effet en marquant les esprits. Si ces évènements se sont produit de cette manière, c'est dans un contexte de tissu social désagrégé, avec l'absence cruelle de militants politiques ou syndicaux de terrain (par exemple, le Parti communiste qui était très présent dans les quartiers populaires et contribuait à une conscience de classe, de solidarité, de lutte collective).
Je continue à croire qu'il faut rester civilisé devant l'adversaire (même si, lui, ne l'est pas sous son beau costume), même s'il nous en fout plein la gueule alors qu'il mériterait qu'on la lui casse. Craquer tout seul ou en privé est compréhensible, mais craquer devant lui (sur internet ou ailleurs…), c'est lui montrer qu'il a gagné. Ne lui donnons pas cette joie, et cette opportunité de nous écraser davantage.