Les oreilles du député villepiniste François Goulard ont sifflé mardi en réunion du groupe UMP à l'Assemblée nationale, ses pairs, à l'unisson de François Fillon, dénonçant sa présence au meeting anti-tests ADN organisé au Zénith par SOS Racisme...
Cette nouvelle crispation liée au texte sur l'immigration intervient juste une semaine après la vive polémique provoquée chez les députés UMP par le mot "dégueulasse" utilisé par la ministre d'ouverture Fadela Amara à propos de ces tests ADN. M. Goulard, qui a voté Bayrou le 22 avril, avait déjà fait grincer des dents à l'UMP en jugeant "le départ de M. Hortefeux plus souhaitable que celui de Mme Amara"...
Le rappel à l'ordre "assez direct et assez ferme" de M. Goulard, selon des participants, a eu lieu
en l'absence de l'intéressé, mais devant la secrétaire d'Etat à la Politique de la Ville, invitée par le groupe UMP dans le cadre de la réconciliation engagée avec la majorité :
"Je comprends très bien que certains ne soient pas à l'aise avec le compromis" trouvé sur le dispositif ADN "mais je ne comprends pas que des membres de notre majorité se rendent à des réunions où l'on parle de tri génétique", a martelé le Premier ministre, "vivement applaudi" par les députés UMP, selon des participants.
"Nous regrettons tous la présence aussi marquée" du député-maire de Vannes aux côtés de François Hollande (PS) et de François Bayrou (Modem) à ce meeting-concert, a réagi le patron des députés UMP, Jean-François Copé.
"On ne doit pas aller à ce type de manifestations qui débordent toujours" et où "on compare la France au régime nazi", a tonné Bernard Deflesselles, vice-président du groupe.
Pas question pour autant, a-t-on indiqué au groupe UMP, de sanctionner M. Goulard, ni a fortiori de l'exclure. Ce n'est ni dans la "tradition" ni dans les "pratiques" du groupe, ont souligné MM. Copé et Deflesselles. Yves Jégo, porte-parole de l'UMP, n'en a pas moins appelé M. Goulard à "tirer les conséquences" de son opposition "systématique" : "Quand on est dans une équipe et qu'on marque tout le temps contre son camp, il est normal que le capitaine siffle la fin de la partie".
Les députés villepinistes se sont insurgés contre un "deux poids deux mesures" : quand un ministre d'ouverture s'exprime vertement, il est dans son droit le plus strict, mais quand un député UMP marque sa différence, il franchit la ligne jaune, ont-ils regretté en substance.
M. Goulard a vu "une véritable contradiction entre les reproches qui (lui) sont faits et la politique d'ouverture voulue par Nicolas Sarkozy".
"Les staliniens sont à l'UMP. Ils pratiquent l'ouverture dans les médias, mais le tabassage en interne", a accusé le socialiste Arnaud Montebourg.
M. Goulard n'ira toutefois pas jusqu'à signer avec la gauche le futur recours devant le Conseil constitutionnel sur le texte immigration : "Ce serait là passer une limite que je ne veux pas franchir", a-t-il dit.