trepalium a écrit :Certains oui, pour les autres, non. Attends... je ne suis pas né de la dernière pluie et j'ai observé beaucoup de comportements depuis les débuts du RMI. Tu sais aussi bien que moi, que "certains" RSAstes ne sont pas des puits de courage et se baladent avec un méga poil dans la main. Il y a eu trop d'abus, de trafics en tout genre. C'est justement le problème qui finit par jeter le discrédit sur celles et ceux qui n'y sont pour rien.
(...) Moi je bosse dès que je peux, je me pose pas de questions existentielles. Libre à toi de ne pas accepter n'importe quoi. La clé, la solution, seule toi la détient.
(...) Je veux bien comprendre les RSAstes mais je pense qu'en se bougeant un peu, on changerait les choses.
(...) Donc, le type, il s'est installé dans ses avantages, eh ben, elle est belle la vie.

Trepalium, au vu de tes interventions antérieures, je n'aurais jamais cru que tu raisonnerais un jour comme ça.
D'ailleurs, tu fréquentes Actuchomage et ses forums depuis suffisamment longtemps pour savoir que nous vomissons ce type de discours moralisateur et à côté de la plaque.
Ma surprise passée, mon expérience de modératrice revient au galop : je flaire le troll qui, après avoir montré patte blanche sur 148 posts, tombe le masque au 150e. Mais en cas de doute, je vais tout de même tenter de t'expliquer les raisons du "méga poil dans la main" que tu dénonces.
Il y en a au moins deux, que j'ai personnellement expérimentées (je ne suis pas au RSA mais à l'ASS, et au chômage depuis 10 ans) :
• La première est purement logique. Quand tu es longtemps rejeté du marché de l'emploi malgré tes efforts répétés (parce que tu es trop vieux, trop cher, trop "atypique", voire "surdimensionné", et que de toutes façons il n'y a pas assez de postes pour tout le monde) et quand tu ne tombes que sur des jobs sans avenir et sous-payés qui te foutent plus dans la merde que si tu ne travaillais pas, au bout d'un certain temps (plusieurs années), quand tu fais le bilan de ta vie professionnelle et à tout ce que tu y as mis/sacrifié, quand tu vois comment tes potes qui bossent en chient aussi et de plus en plus, tu finis par rejeter le monde du travail et préférer être pauvre mais relativement tranquille que smicard et 100% emmerdé. C'est le divorce, inhérent au chômage de longue durée.
Etape 1 : tu t'es fait jeter par ton patron au bout de 10 ans de bons et loyaux services pour des raisons de rentabilité, c'était dur mais tu as fait en sorte de le surmonter. Etape 2 : tu cherches du boulot consciencieusement, il n'y a que de la merde (les temps ont bien changé…). Tu "te négocies", comme tu dis, mais il n'y a pas de négociation possible : c'est le Smic ou à peine plus, retour à la case départ 20 ans en arrière et partout, point. Et tu continues à te faire jeter en ayant de plus en plus l'impression de pratiquer la mendicité. Etape 3 : tu te décourages. Chercher du boulot vire au cauchemar, tu ne supportes plus d'éplucher les annonces, de te fader leur jargon hypocrite, et de claquer ton fric là-dedans (parce que tu es passé à l'ASS). Etape 4 : tu choisis son camp. Puisque le monde du travail ne veut plus de toi, alors toi, tu ne veux plus de lui. C'est comme si tu avais couru pendant trois ans après un mec qui s'en tape : en temps normal, ton entourage t'aurait dit de laisser tomber, t'es folle, ton acharnement après ce type frise l'érotomanie, etc. Pourquoi n'en serait-il pas de même avec le travail (enfin, l'emploi) ? Mais non : courir après un travail qui n'existe pas semble plus louable que de courir après un Don Juan qui n'en a rien à foutre de ta gueule, va comprendre.
• La deuxième raison est psychologique. Je comprends que tu ne te poses pas de questions existentielles, que tu as la chance d'être un ouvrier et qu'en plus, les ouvriers sont solidaires à vie, c'est bien connu, mais les facteurs psychologiques existent, désolée. Il y a plein de salariés qui font du burn-out, tombent en dépression et se suicident. Le chômage (l'acte de mendicité et les refus répétés), ça lamine. On devient comme la batterie d'une voiture qui, roulant peu, se décharge toute seule. On n'est pas "un puits de courage" parce que le courage vous a quitté, et que tout (en ce qui me concerne) a été fait pour qu'il vous quitte.
C'est le chômage qui engendre l'oisiveté — qui n'est vice que chez les pauvres —, et pas l'inverse.
On découvre les joies de la procrastination (il paraît qu'elle n'est pas si maléfique). Les joies de la lecture, de la solitude, du calme et de la différence. Je n'envie pas mes amis salariés : ils ont plus de problèmes que moi, et c'est moi qui les écoute. Ils m'envient et ils attendent de se faire licencier pour changer de vie.
Non, je ne suis pas un "puits de courage" quand il s'agit de me voler mon temps et mon énergie contre un salaire de merde.
Oui, je me suis installée dans mes "avantages", et j'emmerde ceux qui le voient d'un mauvais œil. Le marché du travail m'a signifié qu'il n'avait pas besoin de moi, et moi, j'ai appris à me passer de lui.
Trepalium, je pense que tu n'ignores pas à quoi ton pseudo fait référence => http://fr.wiktionary.org/wiki/trepalium
Arbeit macht nicht frei (le travail ne rend pas libre).
Et ceux qui travaillent à nous faire retrouver du travail, ils sont ce qu'ils sont : il y en a qui ne sont pas dupes et qui sont très sympas (ils font ce qu'ils peuvent), et d'autres qui croient à cette mascarade et sont ignobles. Tu as raison, faut pas les considérer comme des ennemis mais des personnes qui ont leurs soucis, et sûrement plus à apprendre de nous que nous de eux sur le sens de la vie.