En fait, les T1E en Allemagne peuvent être utilisés (j'emploie consciemment ce verbe, car il s'agit bien d'une utilisation comme une chose, un outil) et par le privé et par les communes. Une amie à moi travaille actuellement dans une école dans une des pires ZEP à Berlin. La condition que les travailleurs involontaires ne doivent pas faire un travail d'un salarié "normal" (justement pour éviter la concurrence déloyale et pour ne pas détruire de l'emploi) est bien théorique. Ce qui se passe est que dans pas mal de villes qui faisaient entretenir leurs espaces verts (parcs, squares, allées etc.) par des sociétés de service, ces travaux d'entretien sont maintenant effectués par des T1E, et les sociétés de services ont perdu des contrats qu'ils avaient avec la ville, donc ils sont obligés de licencier du personnel.
Idem avec des maisons de retraites, des auberges, enfin tout ce qui est du service à la personne (agée, handicapée...). Une fois "habitué" à ce travail à coût zéro, l'entreprise ou la ville, la commune ne veut plus renoncer à ce travail à coût zéro -
coût zéro pour la structure qui fait travailler des T1E, mais pas un coût zéro pour le contribuable ! (Voir le chiffre de 1,1 milliards d'euro que je mentionne plus haut).
C'est une mesure coercitive qui a lieu dans un espace juridique problématique, qui coûte beaucoup d'argent à la société, qui ne résout en rien le problème du chômage, qui baisse les salaires (en Allemagne il n'y a toujours pas de SMIC !), qui fausse le marché de l'emploi mais,
mais: qui donne à la population qui travaille un sentiment de "justesse" par rapport aux personnes dépourvues d'emploi (pour ne pas dire "profiteurs").
Au lieu d'utiliser cet argent pour des mesures de formation ou pour la création de vrais emplois, il est gaspillé pour calmer une certaine opinion pubilque et pour pêcher quelques voix d'électeurs. Un vrai scandale. (Et quand en plus c'est un professionnel du crime de la haute finance comme Monsieur Hartz qui aide et conseille le gouvernement à introduire ces mesures, ça laisse vraiment un gout amer)
En France il y a au moins le SMIC, donc il n'y aura pas un grand effet de baisse de salaires (quoique, des DELD diplomés ça existe), mais tous les autres effets négatifs se produiront.
La ville qui n'a pas d'argent pour se payer des services dont elle a besoin va puiser dans son "stock" de chômeurs. Une raison de plus pour ne pas embaucher ou ne pas prolonger un CDD, etc.
St-Dumortier a écrit :Et si la fonction publique trouve des emplois de ce type, ne serait-ce pas parcequ'elle failli à sa mission ?
Je trouve la définition
"supplémentaire est un travail qui ne serait pas ou pas dans cette ampleur effectuée à ce moment" déjà problématique. Soit on a besoin qu'un travail soit effectué, soit on en a pas besoin. C'est flou et interprétable à volonté, d'où les abus (hormis du fait que je considère la mesure déjà comme un abus).
tristesir a écrit :L'aspect que nous n avions pas envisagé, sauf erreur, c'est que le chomeur qui est soumis à ce traitement subit un traitement d'exception qui est tellement exceptionnel qu'il n'a plus aucun droits que celui d'obéir s'il veut avoir encore les moyens de bouffer et eventuellement d'avoir un toit sur la tête.
Absolument. Pas de contrat de travail, pas de vacances, en cas de maladie il n'y a pas de maintien du paiement du salaire, car il n'y a pas de salaire, pas de droit de grêve, pas de syndicat - et de surcroît le fait que le travail d'intérêt général obligatoire est presque exclusivement appliqué dans un contexte de condamnation devant un tribunal, quelques spécialistes du droit (comme le Prof. Günther Stahlmann) examinent de près la conformité de cette mesure avec la constitution.