Au supermarché, l'autre jour, j'ai eu le plaisir de voir que les clients font de la résistance passive aux caisses automatiques : il y a 4 caisses automatiques, et pas beaucoup de caissières en chair et en os.
De ce fait il y avait la queue à toutes les caisses. Mais aucun client ne passait par les caisses automatiques.
Une cheftaine à l'air compétent est venue me chercher pour passer mes articles à la caisse automatique : je l'ai suivie sagement. Elle s'est retrouvée à maintenir avec le genou droit les articles déjà passés sur le bord de la machine tandis qu'elle passait les articles suivants, vu que moi j'avais les bras ballants (une soudaine fatigue dans les coudes) ; en plein milieu elle s'avise que je n'ai pas de sac : "vous n'avez pas de sac ? vous en voulez un ?" "Non" j'ai dit.
Quelques articles après, quand c'est devenu acrobatique de maintenir le tas branlant sur le bord étroit de la machine, "en fait, si, j'en voudrais un" ; elle repose donc quelques articles menacés de chute du côté gauche, et va à la caisse voisine me prendre un sac, moi je ne pouvais pas bouger, j'avais les pieds cloués au sol (une soudaine pesanteur dans les jambes). Elle revient, passe un pain déjà compté, s'en aperçoit, annule et ajoute dans le sac un autre pain qu'elle croyait avoir déjà passé ; moi je n'ai rien dit (une soudaine paralysie de la langue).
J'aime bien les caisses automatiques, on te remplit ton sac et on te file un pain gratis.
Comme elle s'occupait sans perdre une seconde du client derrière moi, et que je suis une vraie salope, en ramassant mes affaires j'ai repassé devant le lecteur un énorme paquet de croquettes pour chat, pendant qu'elle se tournait pour prendre les articles suivants du monsieur.
J'espère qu'il aura fait un scandale, quand il aura vu sa note...
Résistance et sabotage sont les deux mamelles du consommateur avisé.
