
L'embauche d'un jeune diplômé n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Il arrive qu'elle se solde par une rupture du contrat de travail avant la fin de la période d'essai, voire dans les semaines qui suivent (42% des cas). Tel est le phénomène sur lequel s'est penchée l'Afij (Association pour faciliter l'insertion des jeunes diplômés), qui a interrogé un panel de 180 recruteurs pour en analyser les raisons.
Ce type de rupture, sans être très fréquent, est loin d'être une rareté : 12% des entreprises disent y être confrontées avec de 10% à 20% de leurs jeunes recrues et 6% des employeurs avec plus de 20% des recrutements. En outre, leur fréquence semble augmenter. La séparation intervient à peu près aussi souvent à l'initiative du jeune (31% des cas) que de l'entreprise elle-même (33%) ; elle est aussi, dans 36% des cas, le fruit d'une décision commune.
«Nous avons très peu de départs précoces, car nous sommes très attentifs lors de nos recrutements, indique pour sa part Violaine Moraillon, directeur recrutement groupe chez Altran. Mais certaines périodes sont plus critiques : la fin de la période d'essai ou la fin du premier projet. Nous essayons d'anticiper en permettant aux jeunes de se projeter dans l'avenir, en liaison avec leur hiérarchie.»
Problème de savoir-être
D'après les employeurs, les principales causes de divorce tiennent au comportement du jeune (retards, pauses excessives, bavardage…) ou à son manque de sérieux. Nombre d'entre eux mettent aussi en avant l'absence des compétences requises — ce qui semble traduire un problème dans le processus même de recrutement.
Autre motif avancé, le non-respect des consignes ou procédures. «Le plus souvent, les difficultés ne viennent pas d'un manque de compétences mais plutôt d'un problème de savoir-être, analyse Agnès Mercier, responsable relations entreprises à l'Afij. Nombre de jeunes diplômés ne semblent pas faire clairement la différence entre le monde de l'enseignement et celui de l'entreprise. Ils ne réalisent pas que les exigences y sont bien plus élevées.»
Lorsque le jeune lui-même prend l'initiative de la rupture, c'est le plus souvent (57% des cas) parce qu'il a obtenu une autre opportunité — réussite à un concours, autre emploi. «Certains jeunes acceptent un poste tout en sachant d'emblée que ce n'est pas celui dont ils ont rêvé. Et s'ils ont par la suite une autre réponse positive, ils démissionnent», explique Agnès Mercier. Autre raison invoquée par les jeunes, la nature du poste : mauvaise compréhension de la mission (29% des cas), charge de travail jugée trop lourde (27%), insatisfaction par rapport à l'activité (9%). Quelques-uns évoquent également les relations avec la hiérarchie et les collègues (16%). Enfin, 13% ne précisent pas le motif de leur départ.
Le problème, en tout cas, est jugé suffisamment important pour qu'environ 70% des entreprises déclarent avoir pris des mesures : entretiens réguliers avec les supérieurs (pour 43% d'entre elles), tutorat, dispositif d'intégration, transmission des règles de fonctionnement... En outre, 58% des sociétés ont fait évoluer leurs pratiques de recrutement, par exemple en faisant évoluer leur vivier de candidats.
http://www.lesechos.fr/journal20110503/ ... -echec.htm