@si a écrit :Les questions très préparées des invités de Guillaume Durand
L'Objet du scandale : le représentant du DAL a bien récité la leçon de la production
"Cherche travailleur précaire pour poser des questions déjà écrites par la production" : c'est en substance l'annonce que les producteurs de l'émission
L'Objet du scandale, présentée par Guillaume Durand, ont passé la semaine dernière. Plusieurs collectifs de chômeurs, responsables d'associations, ont été contactés pour participer à l'émission et débattre avec les deux principaux invités, le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, et l'animateur-producteur de France 2, Michel Drucker. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu : un collectif de chômeurs et de travailleurs précaires a envahi le plateau pour dénoncer la politique du gouvernement.
Heureusement, la production a au moins eu un objet de satisfaction : le casting du panel était parfaitement réussi. Le travailleur précaire, membre du Droit Au Logement (DAL), a posé les questions écrites par la production.
Les questions étaient sur le Net une semaine avant...
L’histoire débute une semaine avant le tournage de l’émission de Guillaume Durand. Le 15 avril,
Acrimed rend public un mail envoyé à plusieurs associations de chômeurs par une boite de production, Téléparis, qui lance un appel à témoins pour constituer un "panel" de quatre Français pour
L'Objet du scandale. La production recherche "une mère de famille ou un père de famille smicard ou chômeur qui viendra leur dire que la culture coûte trop cher".
Le lendemain, c'est autour du site
Actuchomage.org de raconter la même histoire et de publier une autre variante du mail envoyé par la production. Cette fois-ci, l’invitation s’accompagne des questions précises qu’il faudrait poser.
Hélas pour la production, dans les deux cas, les associations sollicitées ont refusé.
Et le jour J...
Mais la production ne se déclare pas vaincue. Résultat : sur le plateau de Guillaume Durand, face aux deux invités principaux, le panel est composé de quatre Français dont un certain Bernard Florcza, "travailleur social de 55 ans, membre de Droit Au Logement (DAL), qui ne gagne que 790 euros par mois". En tant que porte-parole d'une catégorie de population qui a difficilement accès à la culture, faute de moyens, ce travailleur social a interpellé à plusieurs reprises le ministre de la culture sur ce sujet.
Et là, surprise ! A chacune de ses interventions, l'invité ressort aux mots près l’argumentaire diffusé une semaine plus tôt sur le net.
Dans les mails mis en ligne sur Acrimed et Actuchomage.org, la production suggérait une question sur le prix trop élevé de la culture : la production recherche "une mère de famille ou un père de famille smicard ou chômeur qui viendra leur dire que la culture coûte trop cher, qu’il n’a pas assez d’argent pour emmener ses enfants au cinéma, au théâtre..." Coup de chance ! Bernard pose cette question de la culture trop chère.
Pour être sûr que le téléspectateur comprenne bien que la culture est trop chère, la production avait suggéré au futur panel de prendre l’exemple d’une émission de Michel Drucker :
"Exemple chez Drucker CHAQUE ÉMISSION = 150 EUROS ! EX : le 4 avril (Camping 8 €, Concert Souchon 40€, DANY BRILLANT 11€ le CD 35€ la place, Huster 14€ le livre, 36€ la pièce, Delerm 11€ LE CD…)" (extrait du mail)
Incroyable ! C’est exactement l’exemple que prend Bernard une semaine plus tard sur le plateau...
Dernier thème suggéré par la production : le problème de la téléréalité.
"Question télé-réalité: La télé-réalité me pose un problème, les candidats sont grassement payés et vraiment ce n’est pas un bon modèle pour notre jeunesse: on nous fait croire que pour réussir il faut faire de la télévision, la TV c’est la solution à tous nos problèmes ! Mr Mitterrand vous ne vous êtes jamais vraiment prononcé sur la téléréalité ou alors vous lui avez trouvé un certain charme. «La ferme célébrités» franchement c’est charmant?" (extrait du mail)
Et quelle est la troisième question posée par Bernard ? La téléréalité !
Et un, et deux, et trois questions… de la production. Alors, hasard ou coïncidence ?
Contacté par @si, Guillaume Durand assure que "c’est tout à fait normal. On cherchait quelqu’un pour qui la culture est difficilement accessible, c’est normal qu’on trouve ce que l’on cherche. Les membres du panel ont des conversations avant avec la production car on ne peut pas partir à l’aventure, sinon on ne peut pas gérer". Mais si tout est répété, alors tout est truqué ? Durand assure que non : "Vous voyez quelque chose d’arrangé alors que c’est un problème de timidité. C’est normal que quelqu’un qui vient d’un milieu modeste ne soit pas très à l’aise face à un ministre".
Faux panel ou panel timide, le résultat est le même : les questions posées sont celles de la production. Et si c’était ça, l'objet du scandale ?
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2944