Toujours la même question. ET la même réponse !
Que foutent les chômeurs de leurs journées ?
Certes, ils cherchent du boulot, ils ont leurs problèmes à régler, mais il y en a beaucoup aussi qui ont le temps de se mobiliser, de se faire voir et entendre.
Les syndicats prendront en compte les chômeurs quand ces derniers commenceront à se bouger.
Mais ce n'est pas demain la veille.
Les assos de chômeurs (et nous-mêmes dans une moindre mesure) savent à quel point il est difficile de mobiliser ne serait-ce que 100 chômeurs pour une action. Alors ne parlons pas de 500, 1.000 ou 10.000. Faut pas rêver !
À force de militer dans cette mouvance,
j'estime que les chômeurs ont une grosse part de responsabilité.
Et me revient en tête, une fois encore, le slogan de notre pote Alain (un ancien d'AC !) qui répétait à longueur de manif : "Nous aurons le sort que nous méritons".
Sous-entendu, si nous ne nous mobilisons pas, on nous tondra la laine sur le dos.
Et ça fait des années que ça dure.
Cette passivité en a épuisé plus d'une (n'est-ce pas Sophie/SuperUser ?) et plus d'un (moi ? Oui moi !).
Il est clair que si Actuchomage n'existait pas, j'aurais pour ma part arrêté de militer pour la cause.
Car, quand vous êtes dans la partie
depuis 7 ans et que vous voyez toujours les mêmes gueules lors des réunions, lors des commissions, lors des rassemblements, lors des manifs, et que ces braves camarades de lutte se comptent sur les doigts des deux mains, forcément, ça ouvre peu de perspectives.
L'avantage du "virtuel", c'est que même si on n'est pas nombreux, ça ne se voit pas !

Donc, c'est moins déprimant !
Ici (et les autres aussi), nous avons entrepris beaucoup de choses depuis 5 ans.
On a retourné le problème dans tous les sens :
Comment mobiliser les chômeurs sur le terrain ?
On n'a pas trouvé la solution. Et, franchement, il est peu probable qu'on essaie de nouveau.
On assure généralement le "minimum syndical" avec quelques courageuses (comme Pili) et quelques courageux (comme TristeSir) sur Paris, et quelques autres aussi parfois en province.
Je crois que c'est aujourd'hui un acquis antisocial

: Les chômeurs ne se mobiliseront jamais pour de bon, sauf quand ce sont leurs ressources qui sont touchées (comme lors de l'Affaire des Recalculés en 2003/2004). Et encore !!!
Une fois de plus, cette affaire illustre parfaitement la situation :
•
850.000 personnes concernées (par le recalcul de leurs allocations).
•
35 personnes mobilisées à Marseille, pour porter plainte contre les Assédic et l'Unedic.
•
21 personnes mobilisées à Paris, pour porter plainte contre les Assédic et l'Unedic.
Résultat : 850.000 chômeurs réintégrés dans leurs droits (2 milliards d'euros déboursés par l'État).
Et au final :
4 chômeurs "Recalculés" qui poursuivent l'engagement en créant notre association (Sophie, Sylvie, Fred et moi).
Faites les comptes : Près d'un million de personnes concernées, 56 d'entre elles qui portent plainte et 4 qui poursuivent la bataille !

(heureusement rejoints par d'autres depuis, grâce au site Actuchomage).
Cela nous donne une idée des difficultés à mobiliser, même quand le pognon est en jeu !
Grosso modo, le ratio c'est 1 personne mobilisée durablement sur les questions emploi/chômage/précarité pour 200.000 personnes concernées.
On peut estimer - sans rire - qu'en France
il y a moins d'une centaine de personnes véritablement actives sur les questions qui nous intéressent (j'entends dans l'action militante).
Ici, sur Actuchomage, en véritablement actifs, on doit être une vingtaine (je ne parle pas des adhérents, je parle de celles et ceux qui s'engagent sur le terrain).
Voilà
le SUPER bilan de près de 7 années d'engagement.
Je préfère en rigoler - et positiver - parce, finalement, on existe toujours, on est lu, vu et parfois entendu. Malgré tout !
Il y a même des gens qui pensent qu'on est un mouvement important,
avec des salariés, tout ça. Et ça nous arrive de recevoir des CV, alors qu'on fonctionne à 200% en bénévolat.
En fait, quelque part, on a réussi notre coup… en mobilisant (un peu) sur Internet.
C'est déjà ça !
Mais, bon courage, à celles et ceux qui espèrent encore le faire dans la rue.
