Ce que le Chômage et la précarité ont changé chez vous ?

[elusive_reclusive]

C'est toujours un plaisir de te lire, lebeaupolo!

De mon côté, c'est comme pour ce qu'a écrit Carl plus haut...
C'est pas tant le chômage qui m'angoisse (depuis le temps, on s'y fait, et je n'ai connu que des emplois précaires donc je ne suis pas tombée de très haut), c'est la pauvreté qui devient ingérable années après années. Même en vivant au milieu de nulle part où les loyers ne sont pas chers.
Mon mode de vie a énormément changé depuis que je suis à l'ASS, mais n'ayant jamais été dépensière ça ne me pèse pas trop... tant qu'aucune tuile à 3 chiffres ne me tombe dessus! Tant que tout marche (plus ou moins) dans mon vieux matériel - électroménager, voiture, etc... - obsolète, ou que je peux réparer moi-même, je gère. Sinon c'est la merde totale parce que pas d'aide sociale possible (ou alors au prix de tonnes de courriers pour se justifier et se battre, à grand renfort de recours parce que le CG me refuse même des bons alimentaires parce que... pas encore assez dans la mouise par rapport à d'autres ).
A présent la tuile ultime c'est ma santé, et c'est très dur de se soigner correctement quand on doit raquer pour plein de médocs pas remboursés, mais j'ai pas le choix. C'est bien beau la CMU mais ça ne fait pas tout.
Je vais tenter une demande d'AAH et de RQTH, sans trop d'espoir mais... sait-on jamais. Sûr que financièrement ça me sauverait un peu, et d'un point de vue recherche d'emploi ça prouverait que je ne suis plus en mesure de faire quoi que ce soit de "physique" (et hélas les seuls CUI pourraves ici sont tous trop physiques).
Voilà ce que ça a changé pour moi, l'ASS. Etre assise sur une bombe et croiser les doigts à longueur de temps pour que rien ne vienne encore empirer les choses.

[serenity]

Bonjour,

Fondamentalement, ce que ça a changé, c'est ma vision des choses. Je suis (ou plutôt) j'étais d'un naturel optimiste au sortir des mes études au début des années 90. Je pensais que mon parcours professionnel serait agréable et me permettrait de vivre décemment de mon travail.

Hélas ! J'ai vite déchanté ! Je n'ai connu que des postes mal rémunérés, des contrats la plupart du temps CDD et l'alternance de période de travail et de chômage. Jusqu'avant 2007, j'arrivais bon an mal an à retrouver un boulot en quelques mois de recherche, mais, depuis plus rien malgré toutes les candidatures envoyées (réponses aux annonces, candidatures spontanées, dépôts de CV dans maintes entreprises), les stages (plusieurs EMT), les inscriptions dans des stages de remises à niveau et aide à la recherche d'emploi, etc, etc...

Ce que la précarité à changé : elle m'a fait perdre mon optimisme, elle m'a forcé à vivre au jour le jour. Le temps vous force à être réaliste et ne rien attendre. Plus les mois et les années passent et plus le découragement vous gagne.

[Selmane]

Ton message me touche parce que sur certains points je ressens la même chose que toi !

A l'adolescence et jusqu'à la sortie des études, on est certain (en général) que l'on va réussir à améliorer sa condition, qu'en se battant on va forcément réussir quelque chose !

C'est vrai qu'au fur et à mesure on déchante et que nos "ambitions" deviennent de plus en plus modestes.

[Statovore]

De toute manière, il n'y a pas beaucoup de choix lorsque l'on a enfin réussi à comprendre le monde qui nous entoure :
- Défense
- Attaque
- Crise de nerf

Défense : S'isoler, se renfermer, devenir associable, refuser de participer à la "société de consommation" pour se protéger, s'auto-persuader que l'on est chômeur/SDF par choix, faire l'insensible ...

Attaque : Créer son entreprise, devenir un profiteur notoire, un patron voyou, faire des attentats anti-patrons, attaquer le systeme, militantisme ...

Crise de nerf : devenir fous et/ou se suicider (souvent lié à l'échec de la défense cité ci-dessus)