Pour compléter :
Si beaucoup de chômeurs et précaires sont dans la galère (ce qui limite considérablement ou totalement leurs capacités d'action), beaucoup sont dans des situations plus favorables à l'engagement. Parce qu'ils ont du temps, encore des sous et souvent des compétences.
Comme l'a démontré récemment Roroc (dans l'affaire "taxation illégale RSA"), pas besoin non plus d'être un cador blindé de thunes et de conseillers juridiques pour se faire entendre et respecter. Il faut avant tout être persévérant, courageux et déterminé.
Depuis 13 ans que nous existons, nous avons constaté que la lutte paie parce qu'elle redonne (souvent) confiance en soi.
++++++
Nous déplorons ici l'atomisation des associations de défense des Droits des Chômeurs et Précaires (que nous connaissons toutes). Un éparpillement qui correspond à celui qui fractionne les mouvances de gauche : NPA, LO, Parti de Gauche, PC… incapables de s'unir pour constituer une vraie force politique.
Actuchomage en est l'illustration. Nous avons mis cet outil (notre site qui était à l'avant-garde en 2004) au service des mouvements militants qui ne s'en sont jamais vraiment servis (alors que nous les fréquentons tous).
Chacun semble préserver son petit pré carré au détriment de l'action collective (qui se manifeste parfois). Depuis 2004, nous avons tout tenté pour agréger ces forces, sans grand succès reconnaissons-le. Nous relayons (et encourageons) toujours les actions des autres qui ne s'intéressent guère à ce que nous entreprenons. Nous nous sommes faits une raison.
++++++++
Enfin, notre association survit avec "3 francs 6 sous" alors que depuis 2004, des milliers de personnes y ont trouvé réponses, conseils, soutiens… sans se poser la question de savoir : Et moi, qu'est-ce que je fais en retour pour cette association ?
Un chèque de 5 euros une fois de temps en temps, même pour un galérien, ce n'est pas la mer à boire et ça participe à la lutte collective.
Ça, on a pu le mesurer en 2003/2004 quand nous avons bataillé (avec d'autres) sur l'affaire des Recalculés de l'Assédic : 800.000 chômeurs étaient concernés. Grâce à notre action, 800.000 chômeurs ont retrouvé leurs droits (2 milliards d'euros débloqués par l'État). Au final, chez nous (comme chez les autres), des caisses vides et l'impossibilité (financière) d'engager d'autres actions, d'autres luttes d'envergure.
La plupart des associations de chômeurs/précaires (toutes !!!) disposent de budgets insignifiants, à peine supérieurs à ceux de petites associations de quartier ou d'un club de boulistes !
Là se situe le grand paradoxe de notre engagement : Des sujets d'intérêt général, dans un contexte de chômage et de sous-emploi massif, mais des moyens financiers (et donc d'action) dérisoires.
Pour établir un parallèle que beaucoup considéreront ici "hasardeux" (je l'assume !!!), les associations d'accueil et d'accompagnement des migrants bénéficient de moyens sans commune mesure avec ceux des associations de défense des droits des chômeurs & précaire. On est sur une échelle de 1 à 1.000. Voilà qui donne la mesure et fixe le cadre de notre… impuissance.
J'arrête de pleurnicher (ce n'est pas dans mon tempérament ni ma préoccupation - depuis le temps j'ai compris !). Mon constat est tout simplement la réalité. Raison pour laquelle j'estime, après 13 ans d'engagement militant, que nous avons le sort que nous méritons et qu'à moins d'un "miracle", la bataille - sur le fond - est PERDUE.