Comme de nombreux français je suis allé voir ce film (Demain). Je trouve cela très bien qu'il donne la pêche aux gens, qu'il leur donne un peu d'espoir... Mais j'ai surtout l'impression que ce film joue un rôle d'antidépresseur, c'est-à-dire qu'il propose des solutions qui sont de l'ordre du placebo plutôt qu'autre chose.
Pour étayer mon propos, je vais parler de ce que je connais : le maraîchage bio. Je ne suis pas professionnel mais simplement un amateur qui se pose des questions. Pour avoir des réponses, j'aide sur mon temps libre des maraîchers bio dans plusieurs endroits de France. Cela m'a permis de devenir amis avec certaines personnes du milieu "permaculture et compagnie".
Bec Hellouin
Quelle ne fut pas ma surprise de voir que le film commence par l'exemple de la ferme : "Le Bec Hellouin". C'est une ferme expérimentale, où une étude de l'Inra a été menée. Sauf que...en creusant un peu on se rend vite compte que le film ne parle que des bons côtés (rendement exceptionnel avec du travail à la main sur une petite surface sans utilisation de pesticides). Oui, mais le film oublie de dire qu'il y a énormément de stagiaires qui font le travail (je vous laisse aller voir par vous même le prix des formations, n'oubliez pas de regarder le prix pour y dormir et y manger). Il oublie aussi de dire que le couple fondateur a un capital conséquent qui lui a permis de faire d'importants travaux dès le départ (amendement du sol).
Que grâce à leurs relations (de mémoire la dame est une ancienne avocate d'affaires internationales), ils ont un débouché assuré dans des restaurants parisiens.
Bref, je ne remets pas en question la qualité de ces gens.
Grâce à eux, les médias se sont intéressés aux alternatives à l'agriculture conventionnelle. Rien que cela, c'est énorme !
Mais quand je vois des informaticiens aigris me sortir qu'ils vont se lancer dans la permaculture pour retrouver la joie de vivre parce qu'ils vont faire quelque chose d'utile (c'est du vécu)...je vois déjà les dégâts.
Les métiers de la terre sont des métiers très durs, ingrats faut vraiment avoir la passion chevillée au corps pour se lancer.
Agriculture urbaine
L'exemple donné est celui de la ville de Détroit. Trois hommes noirs (je le précise parce que dans le cadre des USA ce détail à son importance), nous parle de leur expérience pendant qu'ils travaillent. Un des hommes est plus à l'aise à l'oral et exprime une certaine réticence face à ce mouvement. Il dit bien que c'est compliqué, beaucoup de boulots pour des maigres salaires. Bizarrement, le film choisit de ne pas s'attarder sur ces propos...
Aussi, ce mouvement est intéressant mais on oublie de nous parler de la pollution des sols en milieu urbain. Dans le cas de Detroit, les gens étaient dans une telle misère que la question ne se posait même pas. Mais en France ? Il n'y a qu'à voir la manière dont se passe la dépollution de sites contaminés, exemple de la carrière souterraine de la butte du Parisis.
Dans bien des endroits il faudra un peu plus que de la luzerne pour arranger les choses.
Et vous qu'en pensez-vous ?
Anselme
Les solutions de "Demain"
Re: Les solutions de "Demain"
Bonjour,
Merci pour toutes ces infos intéressantes. Pourriez-vous reposter des liens actifs vers les sites évoqués.
Je n'ai pas vu le film mais vous apporte ici ma contribution (très anecdotique). Le retour à la terre (en agriculture traditionnelle et/ou bio) est un miroir aux alouettes pour nombre d'urbains. Je ne conteste pas cependant que certains peuvent y arriver.
J'ai moi-même été très attiré par ce "retour à la terre" ayant suivi tout mon enseignement secondaire dans des lycées agricoles. Je suis donc titulaire d'un diplôme dans ce secteur, suivi d'une formation universitaire en biologie végétale. Mais tout cela date de la fin des années 70, début des années 80.
Vous avez - avec justesse - relevé que le travail est contraignant et peu rémunérateur, raison qui a poussé des millions d'agriculteurs (et leurs enfants) à exercer d'autres activités, même en usine, pour se sortir de la misère.
Depuis les années 90/2000, le contexte a changé avec le développement des filières bio et de "nouvelles habitudes" de consommation privilégiant les "produits sains". Mais fondamentalement, s'installer comme agriculteur (traditionnel ou bio) se heurte à un obstacle difficilement contournable : le coût exorbitant du foncier (terres et exploitation). À cela s'ajoute un aspect non négligeable. Quand on a vécu 20 ou 30 ans en ville, l'adaptation campagnarde n'est pas évidente surtout quand on est en couple. Les deux doivent être sur la même longueur d'ondes et ne pas trop "fantasmer" ce retour qui sera, sauf si on a de (très) gros moyens, un parcours du combattant. Il ne faut pas rêver ! Si nos ancêtres ont quitté leurs terres, ce n'est pas pour rien. D'autant que dans le monde agricole, il y a beaucoup d'impondérables : fluctuation des cours, prix des matières premières et des matériels, intempéries météorologiques… sans oublier une solide formation aux métiers de l'agriculture (et à la gestion) qui ne s'obtient pas en faisant quelques stages.
Comme je l'ai écrit plus haut, j'ai suivi tout ce parcours (3 années en lycée agricole, un DEUG de biologie végétale), une dizaine de stages sur le terrain. Malgré ça, je me suis senti incapable de me lancer dans l'aventure. Mais c'était il y a longtemps.
En résumé, ce n'est pas une "reconversion miracle". J'ai des amis qui l'ont vécu avec plus de facilités dans la boulangerie par exemple : accès aux prêts bancaires, quasi-assurance que ça marche dès lors qu'on travaille convenablement… En revanche, pour les horaires de travail, c'est démentiel !
Dans l'agriculture, il faut disposer d'un capital pour acheter (louer) des terres. Et quand elles présentent un réel potentiel, les gens du coin ne vous font pas de cadeau pour encourager votre installation.
Voilà d'une manière très synthétique mon retour d'expériences de copains et relations… qui s'y sont lancés. Mais je ne doute pas un instant qu'une personne déterminée, bien formée, puisse faire son trou… dans la terre. C'est plus facile que dans le béton !
Enfin, en apparence. Et comme chacun sait, les apparences sont…
Merci pour toutes ces infos intéressantes. Pourriez-vous reposter des liens actifs vers les sites évoqués.
Je n'ai pas vu le film mais vous apporte ici ma contribution (très anecdotique). Le retour à la terre (en agriculture traditionnelle et/ou bio) est un miroir aux alouettes pour nombre d'urbains. Je ne conteste pas cependant que certains peuvent y arriver.
J'ai moi-même été très attiré par ce "retour à la terre" ayant suivi tout mon enseignement secondaire dans des lycées agricoles. Je suis donc titulaire d'un diplôme dans ce secteur, suivi d'une formation universitaire en biologie végétale. Mais tout cela date de la fin des années 70, début des années 80.

Vous avez - avec justesse - relevé que le travail est contraignant et peu rémunérateur, raison qui a poussé des millions d'agriculteurs (et leurs enfants) à exercer d'autres activités, même en usine, pour se sortir de la misère.
Depuis les années 90/2000, le contexte a changé avec le développement des filières bio et de "nouvelles habitudes" de consommation privilégiant les "produits sains". Mais fondamentalement, s'installer comme agriculteur (traditionnel ou bio) se heurte à un obstacle difficilement contournable : le coût exorbitant du foncier (terres et exploitation). À cela s'ajoute un aspect non négligeable. Quand on a vécu 20 ou 30 ans en ville, l'adaptation campagnarde n'est pas évidente surtout quand on est en couple. Les deux doivent être sur la même longueur d'ondes et ne pas trop "fantasmer" ce retour qui sera, sauf si on a de (très) gros moyens, un parcours du combattant. Il ne faut pas rêver ! Si nos ancêtres ont quitté leurs terres, ce n'est pas pour rien. D'autant que dans le monde agricole, il y a beaucoup d'impondérables : fluctuation des cours, prix des matières premières et des matériels, intempéries météorologiques… sans oublier une solide formation aux métiers de l'agriculture (et à la gestion) qui ne s'obtient pas en faisant quelques stages.
Comme je l'ai écrit plus haut, j'ai suivi tout ce parcours (3 années en lycée agricole, un DEUG de biologie végétale), une dizaine de stages sur le terrain. Malgré ça, je me suis senti incapable de me lancer dans l'aventure. Mais c'était il y a longtemps.
En résumé, ce n'est pas une "reconversion miracle". J'ai des amis qui l'ont vécu avec plus de facilités dans la boulangerie par exemple : accès aux prêts bancaires, quasi-assurance que ça marche dès lors qu'on travaille convenablement… En revanche, pour les horaires de travail, c'est démentiel !
Dans l'agriculture, il faut disposer d'un capital pour acheter (louer) des terres. Et quand elles présentent un réel potentiel, les gens du coin ne vous font pas de cadeau pour encourager votre installation.

Voilà d'une manière très synthétique mon retour d'expériences de copains et relations… qui s'y sont lancés. Mais je ne doute pas un instant qu'une personne déterminée, bien formée, puisse faire son trou… dans la terre. C'est plus facile que dans le béton !

Re: Les solutions de "Demain"
Merci pour ce retour Yves .
Sur le prix des stages :
http://www.ecoledepermaculture.org/form ... icher.html
http://www.ecoledepermaculture.org/form ... turel.html
http://www.ecoledepermaculture.org/form ... ardin.html
Exemples de sites contaminés et non dépollués
http://sauvons.dhuis.fr/
Bien évidemment c'est un exemple extrême mais il ne faut pas oublier que la COGEMA (ancien nom d'AREVA) a vendu certains de ses déchets pour faire du remblais, a laissé des lieux souillés.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/ ... 98849.html
http://www.pontivyjournal.fr/2013/10/12 ... s-oublies/
On trouve plus de renseignement sur les scandales liés au nucléaire mais qui peut garantir qu'un terrain proche d'un ancien lieu industriel n'a pas été pollué par des produits chimiques ?
Heureusement qu'il existe depuis peu des kits pour connaître l'état de son terrain ( je ne donne pas plus de précision, cela ferait de la pub déguisée).
Je tiens à préciser que je trouve le principe des fermes urbaines véritablement novateur.. Ce que je n'apprécie pas, c'est le fait que l'on nous présente les choses suivant un seul angle !
Sur le prix des stages :
http://www.ecoledepermaculture.org/form ... icher.html
http://www.ecoledepermaculture.org/form ... turel.html
http://www.ecoledepermaculture.org/form ... ardin.html
Exemples de sites contaminés et non dépollués
http://sauvons.dhuis.fr/
Bien évidemment c'est un exemple extrême mais il ne faut pas oublier que la COGEMA (ancien nom d'AREVA) a vendu certains de ses déchets pour faire du remblais, a laissé des lieux souillés.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/ ... 98849.html
http://www.pontivyjournal.fr/2013/10/12 ... s-oublies/
On trouve plus de renseignement sur les scandales liés au nucléaire mais qui peut garantir qu'un terrain proche d'un ancien lieu industriel n'a pas été pollué par des produits chimiques ?
Heureusement qu'il existe depuis peu des kits pour connaître l'état de son terrain ( je ne donne pas plus de précision, cela ferait de la pub déguisée).
Je tiens à préciser que je trouve le principe des fermes urbaines véritablement novateur.. Ce que je n'apprécie pas, c'est le fait que l'on nous présente les choses suivant un seul angle !