Remontons un peu le temps. L'histoire commence avec une discussion entre ami-e-s, sur mes choix, mon parcours professionnel, etc. L'idée apparaît de tenter de faire un bilan de compétences. Je me lance dans l'aventure auprès de pôle-emploi. L'hôtesse d'accueil d'abord souriante change son regard quand elle s'aperçoit que je ne suis pas rémunéré par pôle-emploi, percevant le rsa. Elle m'explique avec un sourire légèrement embarrassé, cette fois-ci, qu'il n'existe pas de financement pour les personnes dans mon cas. Elle me demande de contacter ma référente insertion afin de voir si le conseil général n'aurait pas un financement pour ce genre de prestations.
Je prends contact avec ma référente insertion qui se trouve embarrassée, à son tour, face à ma demande. Elle sait qu'il n'y a pas de financement par le conseil général. Elle m'invite, toutefois, à faire le point avec une conseillère pôle-emploi.
Le rendez-vous se déroule tranquillement. Chacun donne ses arguments, chacun régule la conversation en fonction de sa perception de la réalité ; chacun joue son rôle. Jusqu'ici rien d'anormal jusqu'à cet aveu incroyable ; l'une comme l'autre connaissent mon parcours professionnel, mes compétences, savent ce qu'elles peuvent me proposer en terme d'accompagnement, et, il y a moi avec ma demande de bilan de compétences. Comme aucun financement n'est possible, elles se retrouvent dans une impasse puisque les autres dispositifs qu'elles ont sous la main ne correspondent pas à mes besoins et elles le savent. C'est à ce moment qu'elles reconnaissent que je suis une "énigme" pour elles. Je n'entre dans aucune de leur case. Elles ne savent pas quoi faire. Elles sont désemparées.
Une solution à l'amiable a été trouvée, histoire que chacun entre dans la case prévue à cet effet. Il faut bien revenir à la norme... La solution trouvée ne correspond à rien et est, de très loin, ce que je désirai mais, après tout, je suis au rsa, loin de l'emploi, blablabla. Toutefois ce moment de vérité a été précieux. En les quittant, je leur ai dit que j'allais travailler sur l'énigme que je suis. Elles ont éclaté de rire toutes les deux ; j'avais oublié, sur le moment, que j'étais à pôle-emploi. Les personnes de la file d'attente ne s'attendaient pas à ce que des personnes rient dans ce lieu... Elles m'ont dévisagé comme si j'avais exprimé quelque chose d'anormal.
Cette situation totalement absurde vaut bien un bon rire. Un banc, un parc, un matin, un arbre en fleurs, quelques abeilles qui butinent et moi riant face à cela. Il y a des fois où un chômeur est heureux... Tout cela pour un bilan de compétences.

