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Nicolas Sarkozy a installé vendredi matin avec les partenaires sociaux le Fonds d'investissement social (FISO), qui coordonnera les politiques d'emploi et de formation face à la crise.
Les syndicats ont jugé insuffisante l'enveloppe de 1,9 milliard d'euros prévue pour l'instant pour le fonds.
Annoncé lors du sommet social du 18 février, le FISO est une des réponses du gouvernement aux manifestations du 29 janvier et du 19 mars. Sa création avait été proposée par la CFDT.
Créé pour une durée de deux ans, le FISO "a pour objet de coordonner les efforts en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle accomplis par l'Etat et les partenaires sociaux dans la lutte contre la crise", selon son document constitutif. Ses missions sont nombreuses: indemnisation du chômage partiel, appui à la reconversion des licenciés économiques, formation des chômeurs et des salariés les plus exposés à la crise, appui aux politiques des collectivités locales, renforcement des politiques pour l'emploi des jeunes, aides à la création d'emploi.
Alors que le chômage devrait atteindre 9,2% de la population active fin juin, selon l'INSEE, il s'agit de "mobiliser tous les moyens nécessaires, travailler ensemble et aller vite", a expliqué Nicolas Sarkozy aux dirigeants patronaux et syndicaux reçus à l'Elysée.
Le FISO ne se substituera pas aux politiques existantes mais accordera son label à des actions précises, explique l'Elysée. Le fonds sera "un mode de coopération pour la prise de décisions, chacun conservant la responsabilité pleine et entière de ses financements", a dit Nicolas Sarkozy lors de la réunion. Il a pris l'exemple de l'accord-cadre qui doit être signé le 21 avril dans le secteur du bâtiment.
Son financement sera assuré par l'Etat et par les organismes paritaires. L'Etat engagera 1,5 milliard d'euros en 2009, a confirmé le chef de l'Etat: 1,3 milliard dégagé par les deux collectifs budgétaires votés par le Parlement depuis le début de l'année, 150 millions d'euros au titre du fonds d'expérimentation jeunes et 80 millions de crédits du fonds social européen.
Les partenaires sociaux ont quant à eux promis 200 millions d'euros venant des caisses de la formation professionnelle et 200 millions provenant de l'assurance-chômage.
Cette enveloppe a été jugée "très largement insuffisante" par le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault et par les autres dirigeants syndicaux.
Malgré les propos rassurants tenus par Nicolas Sarkozy, les syndicats redoutent que l'Etat en profite pour faire main basse sur les fonds gérés par les partenaires sociaux. "Il n'est pas question de déshabiller les uns pour habiller les autres", a prévenu François Chérèque (CFDT).
Reste que les syndicats sont divisés sur l'objectif de ce fonds, entre les partisans d'une structure souple et ceux qui souhaitaient une organisation plus intégrée.
Bernard Thibault (CGT) a ainsi déploré les "ambiguïtés sur les finalités de ce fonds". Le leader de la première organisation syndicale a "insisté pour qu'en aucun cas" le FISO "soit utilisé soit pour que les entreprises s'exonèrent de leurs propres responsabilités", "soit par le gouvernement pour financer ses propres actions politiques".
Le secrétaire général de la CGT a pris l'exemple du plan que doit annoncer d'ici la fin du mois Nicolas Sarkozy pour l'emploi des jeunes.
En réponse à ces craintes, Nicolas Sarkozy s'est engagé lors de la réunion à débloquer des "moyens supplémentaires" si des "besoins supplémentaires" se font jour, selon l'Elysée. Un bilan d'étape sera dressé au mois de juin. L'Etat n'est en outre "pas opposé" à un éventuel prolongement du fonds au delà de 2010. AP