Se prostituer pour survivre
Publié : 12 févr. 2014
Je viens de lire cet article posté ce matin dans mon quotidien régional , cela choque et fait beaucoup de peine. Voir une telle situation de nos jours fait vraiment froid dans le dos.
La lettre que Patricia a adressée à de nombreux élus affiche son « Désespoir ». Cette célibataire creusoise vit ce mois-ci avec 200 euros. Elle a épuisé tous les dispositifs d’emplois aidés, alors elle a recours, de temps en temps, au plus vieux métier du monde.
Ça fait longtemps que ses fins de mois sont difficiles : « J’ai vendu progressivement mon électroménager et finalement tout ce que j’avais accumulé dans ma vie d’avant. C’est à ce moment-là que je me suis dit, voilà, il ne te reste plus qu’à vendre ton corps. »
La peur d’une
nouvelle expulsion
Au mois de mai dernier, Patricia (*), a franchi le pas avec « un homme avec qui j'échangeais sur un site de rencontres classique. Avant qu'il ne vienne à la maison, je lui ai annoncé que ce serait payant… ».
Cette Guérétoise est une quadragénaire qui aurait pu taper dans l''il de Fellini. Elle vit dans un petit deux-pièces très bien tenu, où chaque chose est à sa place. Sur une étagère sont entreposées quelques boîtes de petit pois premier prix : « Je n'achèterai rien d'autres au mois de février. J'ai payé les factures que je pouvais, mais le loyer. Et l'EDF je ne pourrai pas non plus », annonce Patricia. Sa situation financière est d'autant plus critique que janvier et février forment un pont périlleux entre deux statuts : son allocation de retour à l'emploi (ARE) s'est arrêtée le 9 janvier, ensuite elle doit être éligible au revenu de solidarité active (RSA). « Mais pendant ces deux mois, je n'aurai que 200 euros ».
En 2011, alors qu'elle avait encore deux enfants à la maison, Patricia a été expulsée d'un logement HLM de Guéret : « J'avais 600 euros pour vivre. J'ai préféré acheter à manger », résume-t-elle, en expliquant que la perspective d'une nouvelle expulsion la terrorise.
Alors Patricia a lancé ce cri de désespoir, elle a adressé une lettre aux élus, aux organismes sociaux, aux médias : elle y décrit sa situation d'allocataire à l'euro près, son quotidien fait de privations et, au détour d'une phrase, fait cet aveu : « Je suis une femme de mon temps, un brin féministe, et j'ai dû cette année utiliser cette action qui porte le nom de prostitution. Pas pour aller boire un coup ou au restaurant, non juste pour remplir mon frigo car je crevais de faim ». C'est une femme franche, qui veut alerter : « Je pense que je ne suis pas la seule à vivre cette situation, y compris en Creuse » et qui reconnaît sans fausse pudeur : « Cet argent difficilement acquis me redonne souvent de la joie en voyant de nouveau mon frigo plein ». Pas de homard, ni de caviar. La nuit avec Patricia, c'est « 50 euros. Ce ne sont pas des passes à la chaîne ».
Les deux ou trois premières fois « ça a été très difficile à vivre et puis je m'y suis faite. » Patricia reconnaît même que parfois, la rencontre « n'est pas désagréable ». Elle n'en a en tout cas pas connu de franchement mauvaise jusqu'ici. Elle essuie bien sûr des refus, formulés en termes blessants, lorsqu'elle annonce la couleur.
Habituée aux brèves rencontres
Cet amour tarifé découle d'un glissement progressif. De la situation matérielle de Patricia mais aussi de sa vie amoureuse : « Cela fait des années que je suis célibataire et que je fréquente les sites de rencontres. Je n'ai rencontré pratiquement que des hommes qui ne recherchaient qu'une aventure d'un soir. » Elle mesure parfaitement ce qu'elle fait, mais Patricia a bien retourné le problème dans tous les sens : « Je me suis dit que je n'allais pas braquer une banque ».
Sa conscience et son estime d'elle-même sont mises à rude épreuve mais cette femme forte sait faire abstraction du caractère « glauque » de la situation : elle demande juste une « aide », en somme, à ces amateurs d'histoires brèves. Patricia a aujourd'hui épuisé le circuit des emplois aidés. Si cette ancienne secrétaire s'expose ainsi, c'est qu'elle se dit que quelqu'un la comprendra. Pas un amoureux, non, juste un employeur qui lui offrira la possibilité de « vivre simplement ». Grâce à un job décent.
http://www.lepopulaire.fr/limousin/actu ... 68839.html
La lettre que Patricia a adressée à de nombreux élus affiche son « Désespoir ». Cette célibataire creusoise vit ce mois-ci avec 200 euros. Elle a épuisé tous les dispositifs d’emplois aidés, alors elle a recours, de temps en temps, au plus vieux métier du monde.
Ça fait longtemps que ses fins de mois sont difficiles : « J’ai vendu progressivement mon électroménager et finalement tout ce que j’avais accumulé dans ma vie d’avant. C’est à ce moment-là que je me suis dit, voilà, il ne te reste plus qu’à vendre ton corps. »
La peur d’une
nouvelle expulsion
Au mois de mai dernier, Patricia (*), a franchi le pas avec « un homme avec qui j'échangeais sur un site de rencontres classique. Avant qu'il ne vienne à la maison, je lui ai annoncé que ce serait payant… ».
Cette Guérétoise est une quadragénaire qui aurait pu taper dans l''il de Fellini. Elle vit dans un petit deux-pièces très bien tenu, où chaque chose est à sa place. Sur une étagère sont entreposées quelques boîtes de petit pois premier prix : « Je n'achèterai rien d'autres au mois de février. J'ai payé les factures que je pouvais, mais le loyer. Et l'EDF je ne pourrai pas non plus », annonce Patricia. Sa situation financière est d'autant plus critique que janvier et février forment un pont périlleux entre deux statuts : son allocation de retour à l'emploi (ARE) s'est arrêtée le 9 janvier, ensuite elle doit être éligible au revenu de solidarité active (RSA). « Mais pendant ces deux mois, je n'aurai que 200 euros ».
En 2011, alors qu'elle avait encore deux enfants à la maison, Patricia a été expulsée d'un logement HLM de Guéret : « J'avais 600 euros pour vivre. J'ai préféré acheter à manger », résume-t-elle, en expliquant que la perspective d'une nouvelle expulsion la terrorise.
Alors Patricia a lancé ce cri de désespoir, elle a adressé une lettre aux élus, aux organismes sociaux, aux médias : elle y décrit sa situation d'allocataire à l'euro près, son quotidien fait de privations et, au détour d'une phrase, fait cet aveu : « Je suis une femme de mon temps, un brin féministe, et j'ai dû cette année utiliser cette action qui porte le nom de prostitution. Pas pour aller boire un coup ou au restaurant, non juste pour remplir mon frigo car je crevais de faim ». C'est une femme franche, qui veut alerter : « Je pense que je ne suis pas la seule à vivre cette situation, y compris en Creuse » et qui reconnaît sans fausse pudeur : « Cet argent difficilement acquis me redonne souvent de la joie en voyant de nouveau mon frigo plein ». Pas de homard, ni de caviar. La nuit avec Patricia, c'est « 50 euros. Ce ne sont pas des passes à la chaîne ».
Les deux ou trois premières fois « ça a été très difficile à vivre et puis je m'y suis faite. » Patricia reconnaît même que parfois, la rencontre « n'est pas désagréable ». Elle n'en a en tout cas pas connu de franchement mauvaise jusqu'ici. Elle essuie bien sûr des refus, formulés en termes blessants, lorsqu'elle annonce la couleur.
Habituée aux brèves rencontres
Cet amour tarifé découle d'un glissement progressif. De la situation matérielle de Patricia mais aussi de sa vie amoureuse : « Cela fait des années que je suis célibataire et que je fréquente les sites de rencontres. Je n'ai rencontré pratiquement que des hommes qui ne recherchaient qu'une aventure d'un soir. » Elle mesure parfaitement ce qu'elle fait, mais Patricia a bien retourné le problème dans tous les sens : « Je me suis dit que je n'allais pas braquer une banque ».
Sa conscience et son estime d'elle-même sont mises à rude épreuve mais cette femme forte sait faire abstraction du caractère « glauque » de la situation : elle demande juste une « aide », en somme, à ces amateurs d'histoires brèves. Patricia a aujourd'hui épuisé le circuit des emplois aidés. Si cette ancienne secrétaire s'expose ainsi, c'est qu'elle se dit que quelqu'un la comprendra. Pas un amoureux, non, juste un employeur qui lui offrira la possibilité de « vivre simplement ». Grâce à un job décent.
http://www.lepopulaire.fr/limousin/actu ... 68839.html