Se prostituer pour survivre

Vous pouvez poster ici vos articles de presse, communiqués, bons plans, etc... et réagir à ceux des autres.

Modérateurs : superuser, Yves

sookie

Se prostituer pour survivre

Message par sookie »

Je viens de lire cet article posté ce matin dans mon quotidien régional , cela choque et fait beaucoup de peine. Voir une telle situation de nos jours fait vraiment froid dans le dos.

La lettre que Patricia a adressée à de nombreux élus affiche son « Désespoir ». Cette célibataire creusoise vit ce mois-ci avec 200 euros. Elle a épuisé tous les dispositifs d’emplois aidés, alors elle a recours, de temps en temps, au plus vieux métier du monde.

Ça fait longtemps que ses fins de mois sont difficiles : « J’ai vendu progressivement mon électroménager et finalement tout ce que j’avais accumulé dans ma vie d’avant. C’est à ce moment-là que je me suis dit, voilà, il ne te reste plus qu’à vendre ton corps. »

La peur d’une
nouvelle expulsion

Au mois de mai dernier, Patricia (*), a franchi le pas avec « un homme avec qui j'échangeais sur un site de rencontres classique. Avant qu'il ne vienne à la maison, je lui ai annoncé que ce serait payant… ».

Cette Guérétoise est une quadragénaire qui aurait pu taper dans l''il de Fellini. Elle vit dans un petit deux-pièces très bien tenu, où chaque chose est à sa place. Sur une étagère sont entreposées quelques boîtes de petit pois premier prix : « Je n'achèterai rien d'autres au mois de février. J'ai payé les factures que je pouvais, mais le loyer. Et l'EDF je ne pourrai pas non plus », annonce Patricia. Sa situation financière est d'autant plus critique que janvier et février forment un pont périlleux entre deux statuts : son allocation de retour à l'emploi (ARE) s'est arrêtée le 9 janvier, ensuite elle doit être éligible au revenu de solidarité active (RSA). « Mais pendant ces deux mois, je n'aurai que 200 euros ».

En 2011, alors qu'elle avait encore deux enfants à la maison, Patricia a été expulsée d'un logement HLM de Guéret : « J'avais 600 euros pour vivre. J'ai préféré acheter à manger », résume-t-elle, en expliquant que la perspective d'une nouvelle expulsion la terrorise.

Alors Patricia a lancé ce cri de désespoir, elle a adressé une lettre aux élus, aux organismes sociaux, aux médias : elle y décrit sa situation d'allocataire à l'euro près, son quotidien fait de privations et, au détour d'une phrase, fait cet aveu : « Je suis une femme de mon temps, un brin féministe, et j'ai dû cette année utiliser cette action qui porte le nom de prostitution. Pas pour aller boire un coup ou au restaurant, non juste pour remplir mon frigo car je crevais de faim ». C'est une femme franche, qui veut alerter : « Je pense que je ne suis pas la seule à vivre cette situation, y compris en Creuse » et qui reconnaît sans fausse pudeur : « Cet argent difficilement acquis me redonne souvent de la joie en voyant de nouveau mon frigo plein ». Pas de homard, ni de caviar. La nuit avec Patricia, c'est « 50 euros. Ce ne sont pas des passes à la chaîne ».

Les deux ou trois premières fois « ça a été très difficile à vivre et puis je m'y suis faite. » Patricia reconnaît même que parfois, la rencontre « n'est pas désagréable ». Elle n'en a en tout cas pas connu de franchement mauvaise jusqu'ici. Elle essuie bien sûr des refus, formulés en termes blessants, lorsqu'elle annonce la couleur.
Habituée aux brèves rencontres

Cet amour tarifé découle d'un glissement progressif. De la situation matérielle de Patricia mais aussi de sa vie amoureuse : « Cela fait des années que je suis célibataire et que je fréquente les sites de rencontres. Je n'ai rencontré pratiquement que des hommes qui ne recherchaient qu'une aventure d'un soir. » Elle mesure parfaitement ce qu'elle fait, mais Patricia a bien retourné le problème dans tous les sens : « Je me suis dit que je n'allais pas braquer une banque ».

Sa conscience et son estime d'elle-même sont mises à rude épreuve mais cette femme forte sait faire abstraction du caractère « glauque » de la situation : elle demande juste une « aide », en somme, à ces amateurs d'histoires brèves. Patricia a aujourd'hui épuisé le circuit des emplois aidés. Si cette ancienne secrétaire s'expose ainsi, c'est qu'elle se dit que quelqu'un la comprendra. Pas un amoureux, non, juste un employeur qui lui offrira la possibilité de « vivre simplement ». Grâce à un job décent.

http://www.lepopulaire.fr/limousin/actu ... 68839.html
bebert

Re: Se prostituer pour survivre

Message par bebert »

Tout ce qu'elle risque, c'est de trouver un job de merde chez un type qui n'aura aucun scrupule à profiter de la situation... Bon courage...
elusive_reclusive

Re: Se prostituer pour survivre

Message par elusive_reclusive »

Tiens, en Creuse, comme c'est étonnant!... C'est pô moi. :mrgreen: Enfin qui sait, dans 10 ans j'en serai peut-être au même stade, les gosses en moins... :roll:
Ca ne sert à rien d'envoyer des appels au secours aux élus, aux médias... sauf peut-être à pousser un cri d'alarme, de ras le bol, au lieu de se suicider dans son coin en silence. :(

Article de l'Huma avec lettre intégrale, http://www.humanite.fr/social-eco/temoi ... vre-558846
romain23

Re: Se prostituer pour survivre

Message par romain23 »

RE:

A l'ouest, rien de nouveau! Certes, les médias ont tendance à parler plus facilement de la misère des banlieux et d'oublier la ruralité qui crève à petits bouillons depuis longtemps. Cette dame peut interpeller tous les élus locaux et nationaux qu'elle voudra, ILS S'EN FICHENT COMPLETEMENT.
La creuse, comme d'autres départements du Massif Central a toujours été un département de Misère! Dans les années 90, date où j'étais encore militante et engagée à fond dans le mouvement des chomeurs, j'ai aussi interpéllée les élus! Je vivais avec 450 € d'ASS et un enfant en bas age! J'ai aussi été expulsée de mon logement HLM et gràce à des gens j'ai pu me rapatrier dans un autre département, dans un logement vétuste....
Je ne sais pas où sont passés les aides sociales attribuées pour empècher les expulsions ( FSL et autres) , surement dans d'autres poches que celles des nécessiteux....
Le directeur de la solidarité de l'époque (muté par la suite à strasbourg, plus interessé par sa carrière que par l'etat de la population du département) avait répondu aux asociations de chomeurs: " les chomeurs, ils n'ont qu'à travailler"....
La Creuse est un département ou les préfets et les juges pour enfants, comme d'autres professions , qui sert de tremplin pour commencer une carrière ou pour la finir .... Les professionnels n'y restent pas....
Si l'on y creusait du gaz de schiste , le département deviendrait riche et là se serait la ruée vers l'or..
Mais pour l'instant.... Une population vieillissante, handicapée... des agriculteurs qui se pendent dans leur ferme...des réunnionnais que l'on a déporté de leur ile pour repeupler et servir d'esclaves agricoles...
Pas d'infrastructures, pas d'usines (quoiqu'il n'en resta pas beaucoup ailleurs) des routes difficiles d'accès, des élus à la mode troisième république, un droit coutumier au dessus ou au dessous des lois....
Donc, pour cette dame, c'est inutile d'écrire , elle peut économiser ses timbres..
La seule chose qu'elle risque c'est de rompre son anonymat et d'avoir les moeurs sur le dos et de payer des amendes... surtout dans un département où tout le monde surveille tout le monde , avec un taux de délation au dessus de la moyenne nationale...(que voulez -vous , ma pov ' dame, faut bien s'occuper en surveillant la vie des voisins)
Et, encore, heureusement pour elle, ses enfants sont grands, parce que sinon, les services sociaux se seraient empréssés de déclarer une situation de "danger moral" et de placer tout le monde au foyer de l'enfance (juste histoire de remplir les quotas d'occupation afin de rentabiliser les structures qui tournent à vide..)
Les élus, qu'ils soient ruraux ou citadins, ont pour objectif de faire partie des Maitres du monde et donc, d'appliquer les directives europénnes...La Creuse, si elle est placéè sur l'axe Centre Europe atlantique, n'a aucun intérèt pour bruxelles et ses traités européens et encore moins sa population pauvre et vieillissante....
Alors, ceux qui crèvent peuvent toujours écrire et ecrire et ecrire encore.....
Il y longtemps que ceux qui dirigent l'ordre du monde ne savent plus lire, ni écouter...
abadiejean

Re: Se prostituer pour survivre

Message par abadiejean »

C'est pathétique et c'est vraiment un cas particulier et isolé.
"Patricia reconnaît même que parfois, la rencontre « n'est pas désagréable"
Il faut mieux être aveugle que lire ça !!
Vous imaginez les conséquences sur des lectrices un peu fragiles et sur la banalisation ....

Il est grand temps que la loi sur la pénalisation des clients soit définitivement adoptée et que cette dame ne reste pas isolée et aille consulter au plus vite une assistance sociale et obtienne le liste des aides auxquelles elle a droit.
Statovore

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Statovore »

abadiejean a écrit :C'est pathétique et c'est vraiment un cas particulier et isolé.
"Patricia reconnaît même que parfois, la rencontre « n'est pas désagréable"
Il faut mieux être aveugle que lire ça !!
Vous imaginez les conséquences sur des lectrices un peu fragiles et sur la banalisation ....

Il est grand temps que la loi sur la pénalisation des clients soit définitivement adoptée et que cette dame ne reste pas isolée et aille consulter au plus vite une assistance sociale et obtienne le liste des aides auxquelles elle a droit.
Mais allez-y, les femmes ne sont que des idiotes incapable d'assumer leurs actes, c'est pour ça qu'il faut leurs interdire de disposer de leurs corps comme elles l'entendent !!! Tient, on va aussi leurs interdire la contraception et l'avortement, leurs interdire le droit de vote et les soumettrent à nouveau au pouvoir des hommes de leurs familles comme au "bon vieux temps". :roll:

Une partie de ceux et celle qui se prostituent sont surement des victimes mais ces personnes ne sont pas victime de leurs clients mais bien du système imposé par nos dirigeant qui laissent courir la pauvreté pour faire marcher leurs carrière.
C'est donc nos dirigeant qu'il faudrait pénaliser si on veut que les situations de prostitution subie soit éradiquée.

La pénalisation des clients risque de faire encore plus de dégât en mettant dans une précarité encore plus grande ceux et celles qui ont été obligé d'avoir recours à cette activité, en les obligeant à se cacher encore plus pour survivre sinon elles n'auront plus aucun revenu. Ca risque de favoriser les réseaux mafieux qui assureront à leurs clients un certains anonymat avec toute les conséquences néfaste que cela comporte en terme de violence physique.

Et si les gens ne trouve pas d'argent "honnêtement", comment croyez-vous qu'ils le trouveront ?

En plus, si vous avez besoin de clients pour survivre, les dénonceriez-vous ? Cette mesure est plus de l'ordre de la publicité qu'autre chose.

Vous voulez que les femmes (mais il y a aussi des hommes dans cette situation) arrêtent de se prostituer ? Il faut leur donner la possibilité d'avoir un autre métier donc revoir notre système économique.
Tenter d'éliminer les symptômes d'une maladie n'a jamais fait cesser celle-ci.

Regarder toute les mesures qui ont été prise depuis la fermeture des maisons close et vous constaterez que ça existe toujours mais que c'est plus insidieux. :roll:
romain23

Re: Se prostituer pour survivre

Message par romain23 »

abadiejean a écrit :C'est pathétique et c'est vraiment un cas particulier et isolé.
"Patricia reconnaît même que parfois, la rencontre « n'est pas désagréable"
Il faut mieux être aveugle que lire ça !!
Vous imaginez les conséquences sur des lectrices un peu fragiles et sur la banalisation ....

Il est grand temps que la loi sur la pénalisation des clients soit définitivement adoptée et que cette dame ne reste pas isolée et aille consulter au plus vite une assistance sociale et obtienne le liste des aides auxquelles elle a droit.
Non, malheureusement ce n'est pas un cas isolé et particulier! Combien ne se dévoilent pas?
J'ai connu, dans la Creuse, justement, une dame dont l'electricité avait été coupée pendant plus d'une année , et, elle avait une enfant en bas age! Elle faisait chauffer l' eau pour la toilette et la cuisine sur une bonbonne de Gaz!
Cela a duré un bon moment, bien que l'on est fait intervenir les élus locaux.....
Mona

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Mona »

@Statovore

Mettre au même niveau la prostitution, l'IVG, la contraception et le droit de vote, c'est insultant pour les femmes.
La prostitution ce n'est pas la liberté de disposer de son corps. Si elle était libre elle ne serait pas réduite à se prostituer, car sinon pourquoi ne le faisait-elle pas quand elle n'était pas dans la misère ?

Quant à dire que les prostituées ne sont pas victimes de leurs clients, là c'est méconnaître le problème gravement. Car le fait un prostitueur paie n'est pas anodin, il paie pour pouvoir faire ce qu'il veut avec la prostituée (l'humilier, la frapper...). Ce "métier" que certain-es prétendent comme un autre est très dangereux...comme aucun autre métier.

Et en ce qui concerne votre paragraphe sur la pénalisation, excusez du peu mais avez tout faux. Aux Pays-Bas la prostitution est "encadrée", les "clients" non pénalisés...et pourtant les prostituées ne sont pas mieux loties au contraire. Le quartier rouge est pire pour elles puisqu'elles sont prisonnières et les macs sont de ce fait autorisés à les maltraiter. Pour qu'elles ne se sauvent pas leurs papiers leur sont confisqués...

La violence physique est le propre de la prostitution. C'est justement par la violence que les prostituées ne peuvent pas se sauver. Et c'est par la violence que les prostituées disent ce que les macs veulent qu'elles disent.

Oui il faut pénaliser les "clients" (le mot juste est PROSTITUEURS) car ils prétendent tous ignorer qu'elles souffrent et s'imaginent tous qu'ils ne les font pas souffrir, mais JAMAIS ils ne songent qu'ils sont le trentième peut-être dans la journée et que recevoir autant de b...s en si peu de temps ça DETRUIT un vagin et l'estime de soi. En bref tous les clients se foutent complètement des prostituées, ils ne pensent qu'à leur b...s.

Voilà, la vraie liberté pour une femme c'est de ne pas se sentir obligée de servir de vide-couilles à des bites sur pattes.
Statovore

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Statovore »

Mona a écrit : Mettre au même niveau la prostitution, l'IVG, la contraception et le droit de vote, c'est insultant pour les femmes.
La prostitution ce n'est pas la liberté de disposer de son corps. Si elle était libre elle ne serait pas réduite à se prostituer, car sinon pourquoi ne le faisait-elle pas quand elle n'était pas dans la misère ?
Ce que je considère comme insultant et rabaissant, c'est d'infantiliser ces personnes de la même manière que l'on a infantiliser les femmes en leurs interdisant le droit de vote ou de décider pour elle-même avec qui elle pouvait se marier. D'en faire des sous-êtres humain qui ne savent pas faire des choix pour elle-même et qui sont incapable d'en assumer les conséquences à cause de leur activité qui est considéré par beaucoup comme "immorale".

C'est vous qui faite de l'amalgame. Vous considérez que le fait qu'un certains nombre de personne se prostituent par obligation financière implique que TOUTE les personnes qui se prostituent y sont forcée et que ca ne touche que les femmes.
En France, on estime que 10 à 20 % des personnes qui se prostituent sont des hommes.

Toutes les personnes qui se prostituent ne sont pas sous la coupe de réseau et heureusement.



Mettre tout le monde dans le même panier est une position de moraliste qui ne résoudra jamais le fond du problème et ne fera qu'aggraver les choses.
Il ne faut pas oublier que les politiques sont des carriéristes et qu'ils aiment se faire mousser en faisant croire qu'il "résolvent" les problèmes alors qu'ils ne font que préparer le problème suivant afin de faire semblant d'agir en faveur des gens.

Vous interdisez la prostitution en tapant sur les clients et que ce passe-t-il pour ces personnes ? Elles devront se mettre à voler pour survivre ou se cacher encore plus ? Y avez-vous seulement pensé ? :roll:

Mona a écrit : Quant à dire que les prostituées ne sont pas victimes de leurs clients, là c'est méconnaître le problème gravement. Car le fait un prostitueur paie n'est pas anodin, il paie pour pouvoir faire ce qu'il veut avec la prostituée (l'humilier, la frapper...). Ce "métier" que certain-es prétendent comme un autre est très dangereux...comme aucun autre métier.
Vous lisez mais n'entendez rien. Les personnes qui se prostituent par obligation financière sont d'abord des victimes de nos dirigeants et de notre système économique de la même manière qu'un ingénieur expérimenté se retrouve à trouver un travail alimentaire au mcdo du coin. Tout part de la. Le problème de fond il est la.
Tout le reste ne sont que les symptômes du problème.
Il y a aussi ceux et celle qui sont en situation illégale et qui sont exploité par des groupes mafieux et la interdiction ou pas, ca ne changera pas grand chose car ces personnes sont déjà obligé de se cacher pour ne pas être expulsé de notre pays.

Quand à la dangerosité des métiers, il y a plein d'autres métiers dangereux, regarder les agents pole emploi qui sont agressé, les maçons qui ont le dos complétement brisé quelques années avant la retraite, les gens qui travaillent en caisse ou comme conducteur et qui finissent par avoir des troubles musculo-squelettique, les gens qui travail dans le domaine des secours, les agent de sécurité ...
Mona a écrit : Et en ce qui concerne votre paragraphe sur la pénalisation, excusez du peu mais avez tout faux. Aux Pays-Bas la prostitution est "encadrée", les "clients" non pénalisés...et pourtant les prostituées ne sont pas mieux loties au contraire. Le quartier rouge est pire pour elles puisqu'elles sont prisonnières et les macs sont de ce fait autorisés à les maltraiter. Pour qu'elles ne se sauvent pas leurs papiers leur sont confisqués...
Et si on pénalise encore plus, on favorisera encore plus les réseaux mafieux qui font de la traite humaine. Pourquoi ? Parce que les clients voudront une garantie d'anonymat pour ne pas se faire prendre et se tourneront vers ceux qui leurs offriront ça.
Au final, tout ceux et celles que l'on pourrait considéré comme indépendante (par obligation financière ou choix) vont finir par devoir se soumettre à ces réseaux si elles veulent poursuivre leur activité.

Est-ce vraiment ce que vous souhaitez ?
Mona a écrit :Voilà, la vraie liberté pour une femme c'est de ne pas se sentir obligée de servir de vide-couilles à des bites sur pattes.
Et la seule solution, ça n'est pas l'interdiction ou la pénalisation de la prostitution mais de donner une porte de sortie pour ceux et celle qui sont contrainte à prendre cette activité pour éviter de tomber dans la criminalité.

La porte de sortie pour celle qui y sont contrainte d'un point économique est l'amélioration de la situation sur le marché du travail.
La porte de sortie pour celle qui sont dans des réseaux est de tuer le rapport rentabilité/risque et donc de faire en sorte que les personnes qui pratiquent en étant réellement indépendante soient suffisamment nombreuse (et que l'on s'assure quelle sont bien indépendante).

C'est dur à entendre, mais c'est surement la moins pire des méthodes..
betman2014

Re: Se prostituer pour survivre

Message par betman2014 »

salut,
Moi je suis un homme et je n'étais pas assez membré pour me lancer dans la profession. Il y a avait une série US où un prof de gym arrondissait ses fins de mois en se prostituant, mais la série* était basée sur la dimension de son sexe: c'est toujours plus vendeur.
A+

*série Hung
Yves
Messages : 10955
Inscription : 08 sept. 2004
Localisation : Paris

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Yves »

Il est impossible de proscrire et d'interdire la prostitution (féminine et masculine). Il y aura toujours une "demande" et donc une "offre".

Cependant, plus on flique et sanctionne, plus se développent des réseaux souterrains et mafieux. Les conditions de vie des prostitué-E-s s'en trouvent encore plus précaires, pénibles, humiliantes et sordides. D'autant qu'avec Internet, les espaces de racolage virtuels sont sans limite et incontrôlables.

Je vais faire hurler. J'ai toujours été favorable à la réouverture des maisons closes. C'est le seul moyen de garantir un suivi des conditions de travail, des contraintes et violences, des questions sanitaires… 

Je pense que les prostitué-E-s n'ont rien gagné en "travaillant" dans les rues ou dans les sous-bois. Au contraire !

Je comprends les féministes qui s'opposent formellement à toutes les formes de prostitution mais on ne m'enlèvera pas de l'idée que certaines femmes et certains hommes exercent cette activité en toute connaissance de cause et sans contrainte.

Si je peux me permettre ce raccourci hasardeux. Toute personne qui escroque, qui commet un délit, qui vole… sait pertinemment qu'elle peut finir en prison. Elle le fait parfois par obligation. Mais elle le fait souvent par appât du gain.

Le fait que des personnes soient contraintes à se prostituer par obligation est une abomination. Ça, ça ne se discute pas !
Yves
Messages : 10955
Inscription : 08 sept. 2004
Localisation : Paris

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Yves »

Et pour répondre à Betman2014.

J'imagine que tu plaisantes. Enfin, j'espère ! :wink:
Mona

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Mona »

C'est bien de se documenter sur la prostitution au lieu d'avancer des poncifs et des idées reçues, toutes faites qui ne reflètent pas du tout la réalité. A lire avec attention, je sais cela demande un effort :

ELISABETH LEVY ET LES 343 TARTUFES, par Sporenda

Le manifeste des 343 salauds (en fait 18), signé par une collection hétéroclite d’hommes revendiquant avec une arrogante muflerie leur droit de propriété sur les « putes » a révulsé même les « travailleuses du sexe » auxquelles il prétendait rendre hommage.

Sans doute celles-ci n’ont-elles pas été séduites par l’exquise élégance du slogan (« touche pas à ma pute » comme « touche pas à ma BM ») ni convaincues par l’intérêt –un brin condescendant–que leur ont exprimé ces courageux défenseurs des Droits de l’homme sur les femmes.

Ce manifeste, exclusivement masculin et qui jouait la provoc machiste décomplexée, ayant été fraîchement accueilli, les pro-prostitution, ralliés par le toujours vert Antoine, sont remontés au créneau avec des tactiques un peu plus subtiles pour rendre leur discours plus médiatiquement présentable.

Mais dans les deux cas, le fond du discours est le même : des louches de respect mielleux envers les prostituées, corsées d’un rab d’indignation surjouée envers les odieux trafiquants et proxénètes.

Car ces néo-défenseurs de la prostitution ne reculent devant rien : ils se disent respectueux des femmes et assoient cette affirmation paradoxale sur un argument central : la distinction qu’ils font entre prostitution « libre et volontaire » d’une part, et prostitution contrainte et sous le contrôle de proxénètes et d’opérateurs d’immigration illégale d’autre part.

Féministes et citoyens, ces prostitueurs soucieux d’éthique seraient, à les en croire, uniquement clients des prostituées qui loueraient leur corps « en toute liberté », en entrepreneurs libres sur un marché libre, et jamais au grand jamais n’auraient recours à des prostituées contraintes par des réseaux proxénètes. Ou encore moins à des prostituées mineures—car n’est-ce pas, c’est illégal, et ils respectent la loi.

« Touche pas à ma pute » donc mais eux—disent-ils—ne touchent pas à toutes celles qui arrivent en France piégées par des annonces alléchantes promettant des jobs bidons, manipulées par des « lover boys » travaillant pour des réseaux, violées en gang bangs dans des camps de dressage pour les casser avant d’être mises à la disposition des clients, menacées de représailles sur leur famille pour assurer leur soumission, mises en dette par des réseaux de passeurs qui les font entrer illégalement en France et les contraignent à se prostituer ensuite pour rembourser, etc.

Question à ces gentils clients des prostituées libres sur un marché libre qui iraient jusqu’à contrôler leurs « pulsions incontrôlables » plutôt que d’aller voir une prostituée contrainte : comment faites-vous la différence entre les deux?

Il n’y a aucun signe extérieur qui permette de savoir si la prostituée a été contrainte et/ou trafiquée ou pas—hormis éventuellement des ecchymoses, ces dernières, d’après le témoignages de prostituées battues, n’ayant aucun effet dissuasif sur la plupart des clients.

En fait, le client n’a aucun moyen de s’assurer qu’une personne prostituée n’est pas contrainte ; quant à le lui demander, il est bien évident qu’elle ne peut absolument pas répondre:

- par définition, elle ne peut révéler qu’elle est sous la coupe d’un proxénète sans risquer d’être punie par celui-ci et se mettre gravement en danger.

- révéler au client qu’on est « maquée » est radical pour le faire fuir.

Je cite sur ce point cette réponse de Laurence Noëlle, ex-personne prostituée : « Non, je n’ai pas rencontré de clients qui se souciaient de savoir qui ils avaient en face d’eux. De toute façon, si j’avais pu tomber sur un client soucieux, je lui aurais répondu que j’étais majeure et que tout allait super bien ; trop honte et trop peur de dire, trop peur d’être battue par mon proxénète …La prostitution est un monde d’illusion et de mensonge… »

De même, il n’y a aucun moyen de faire la différence entre une prostituée mineure et une prostituée majeure, entre une fille de 16 ans et une de 17. Et les prostituées mineures disent que leur jeune âge, loin de faire fuir les clients, est au contraire spécialement excitant pour eux.

C’est donc littéralement se moquer du monde que de prétendre qu’on ne touche qu’aux prostituées « libres » et majeures.

De plus, selon les statistiques de l’OCRTEH (Office central pour la répression du trafic des êtres humains), il y a environ 18/20 000 prostitué-es de rue en France, (40 000 si l’on inclut la prostitution « d’intérieur » en salon de massage, bar à hôtesses etc dont 10/20% d’hommes).

Ces statistiques précisent qu’environ 91% de ces prostitué-es sont d’origine étrangère, chiffre qui, pour des raisons évidentes, recoupe largement celui des personnes exploitées par des réseaux proxénètes.

Le rapport 2009/2010 de l’OCRTEH http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3334.asp mentionne également que la prostitution traditionnelle exercée par des prostituées françaises ou du Maghreb est en voie de disparition et qu’elle a progressivement cédé la place à la prostitution étrangère, en forte augmentation, qui a été rendue possible par l’émergence de réseaux d’exploitation sexuelle et de traite des êtres humains.

Que ces avocats de la seule prostitution « libre » m’expliquent comment les « pulsions » des 12% de Français de sexe masculin qui disent avoir recours à la prostitution (qui se comptent en millions) peuvent être satisfaites uniquement par le pourcentage de prostituées « libres » (au plus 20%), soit quelque milliers de personnes?

Vu qu’il n’y a tout simplement pas assez de prostituées indépendantes pour satisfaire la demande, la vertueuse réprobation que les 343 salauds expriment envers le proxénétisme et la traite n’est qu’une tartufferie éhontée.

Et le rôle des proxénètes est justement d’ajuster l’offre à cette demande et de pallier à l’insuffisance de l’offre en amenant des jeunes femmes étrangères sur le marché, par piégeage et/ou par contrainte. Et bien sûr d’engranger ainsi des profits énormes (une prostituée rapporte en moyenne 150 000 Euros par an à ses proxénètes). Profits dont les prostituées ne voient guère la couleur : si ce sont essentiellement des femmes pauvres qui entrent dans la prostitution « bas de gamme », elles en sortent, pour la plupart, tout aussi pauvres.

C’est donc de nouveau se moquer du monde que de défendre la prostitution tout en dénonçant le proxénétisme et la traite : sans traite, pas de prostitution car pas assez de prostituées « volontaires », les deux sont absolument inséparables, la traite n’est pas une dérive regrettable de la prostitution mais la condition même de son existence, le cœur même du système.

En fait, la traite serait à la prostitution ce que les goulags sont aux régimes totalitaires : non pas élément accidentel et périphérique du système mais la violence fondamentale qui rend possible son existence. Car lorsqu’ils utilisent la violence pour formater à la prostitution les femmes qu’ils rabattent, les proxénètes agissent littéralement pour le compte des clients, implicitement mandatés par eux, comme des sortes de forces spéciales faisant le sale travail de la domination masculine, ce qui les rend infréquentables mais absolument indispensables.
best buy computer software

Et si se prostituer était vraiment un travail comme un autre, pas plus pénible que de flipper des burgers chez MacDo, pourquoi les réseaux proxénètes devraient-ils recourir à la tromperie, au viol et aux violences pour enrôler de force dans la prostitution 8 sur 10 des femmes qui y entrent? Que je sache, MacDo n’a pas besoin d’utiliser de telles méthodes pour trouver des employés.

A la télévision, ont voit toujours les mêmes prostituées invitées pour venir débattre de la prostitution, celles qui disent être à leur compte et qui représentent l’élite de la profession, la prostitution haut de gamme. C’est cette prostitution haut de gamme, plus souvent volontaire, blanche et/ou non étrangère, que connaissent sans doute les 343 salauds, vu les moyens financiers dont ils disposent.

Cette prostitution de luxe est financièrement inabordable pour la masse des clients lambda mais c’est pourtant elle qui est toujours mise en vitrine, bien qu’elle soit très minoritaire, parce qu’elle sert d’alibi à la prostitution réelle.

La prostitution réelle, la réalité statistique de la prostitution, c’est la prostituée étrangère introduite illégalement sur le territoire français par des réseaux de proxénétisme transnationaux–nigériens, camerounais, roumains etc. Mais celles-là, on ne les voit jamais à la télé.

On note que parmi les signataires du manifeste des 343 salauds, il y a des hommes de droite, voire d’extrême-droite, comme Rioufol et Zemmour. Un des thèmes de prédilection de ces deux journalistes est la dénonciation récurrente de l’immigration, de ses nuisances, des problèmes, dommages et coûts multiples que (selon eux) elle occasionnerait pour la France.

Que ces pourfendeurs de l’immigration m’expliquent comment ils peuvent concilier leurs positions anti-immigrationnistes avec leur soutien à la prostitution, activité dont près de 90% des effectifs sont constitués par des femmes amenées/arrivées clandestinement en France.

Si les nombreux abus et maltraitances dont ces femmes sont victimes les laissent de marbre, comment se fait-il qu’ils ne trouvent rien à redire à ces flux migratoires féminins destinés aux salons de massage et aux trottoirs des boulevards des Maréchaux ? Comment se fait il qu’ils préconisent la fermeture d’urgence de nos frontières aux hordes de pauvres hères débarquant sur nos rivages en quête d’une vie meilleure–sauf quand il s’agit de jeunes femmes importées de force pour la satisfaction des désirs masculins, auquel cas l’immigration illégale ne leur pose pas problème ?

Corrélativement, messieurs Rioufol et Zemmour ne manquent pas une occasion de dénoncer l’augmentation préoccupante de la criminalité, la multiplication des actes de délinquance, l’insécurité qui s’accroît partout, les zones de non-droit qui font tache d’huile et rappellent avec insistance à leurs lecteurs que cette insécurité est directement liée à l’immigration.

Ils s’inquiètent—légitimement—de l’implantation tentaculaire des mafias étrangères sur le sol français, de la criminalisation de l’économie mondiale et d’une mafiaisation progressive de nos territoires—cf Marseille.

Comment ne voient-ils pas que le développement exponentiel de ces mafias est directement lié à celui de la prostitution transfrontières? Comment ne voient-ils pas que partout où la prostitution se développe, elle attire et suscite autour d’elle trafics, délinquance, réseaux mafieux et criminalité ?

Y compris quand elle est légalisée : en Allemagne, la chaîne d’Eros centers « Pacha Club » a des franchises dans toutes les grandes villes d’Allemagne. Le plus grand de ces établissements est celui de Cologne, censé être la vitrine de la prostitution légale, réglementée et aseptisée : 9000 m2, 12 étages, 126 chambres, autant de prostituées, jusqu’à 1000 clients par jour, ouvert 24 heures sur 24, tarifs réduits pour les seniors et les chômeurs.

Lors d’un raid effectué par la police en 2005, des armes et de la cocaïne ont été découverts, 23 prostituées en situation d’immigration illégale ont été arrêtées, 4 étaient âgées de 14 et 15 ans. Deux prostituées y ont été poignardées en 10 ans, sans parler des agressions, bagarres et tabassages de clients par les videurs qui y ont lieu plus ou moins régulièrement.

On ne peut être à la fois contre l’immigration illégale et pour la prostitution, l’une est devenue le moteur de l’autre, elles sont inséparables. On ne peut à la fois dénoncer l’emprise des mafias et défendre la prostitution : sans les réseaux mafieux pour les recruter, les « dresser » et les amener en France, il n’y aurait pas assez de prostituées pour répondre à la demande.

Il faut être clair : à chaque fois qu’un client paie une prostituée, il y a 8 ou 9 chances sur 10 qu’il subventionne un réseau de proxénétisme et de traite, ce qui fait de lui–en plus d’un homme qui impose des rapports sexuels non désirés à une femme sous contrainte–un complice objectif du crime organisé.

Et finalement, la distinction entre « prostitution volontaire » (moralement acceptable) et prostitution contrainte est fallacieuse : les actes sexuels sont les mêmes, la violation est la même, la violence des clients est la même, que la personne prostituée soit trafiquée ou volontaire, qu’elle ait 16 ans ou 19 ans, que la clientèle soit haut de gamme ou bas de gamme.

Rachel Moran, auteure du livre « Paid For, My Journey Through Prostitution » et ex-prostituée qui a exercé à tous les échelons de la prostitution, de la rue à l’escort à 300 Euros de l’heure, souligne que plus les clients ont de l’argent, plus ils sont exigeants et que la violation est souvent proportionnelle au prix de la passe.

Et elle ajoute que, non, il n’y a pas une prostitution éthique « libre » et une prostitution immorale contrainte : il y a seulement des femmes qui ont été trafiquées et vendues en esclavage sexuel par quelqu’un d’autre et des femmes qui se sont vendues elles-mêmes en esclavage sexuel parce qu’elles n’avaient pas d’autre option.

Mais pour Elisabeth Lévy et ses 343 tartufes, se vendre soi-même en esclavage, c’est être libre.

Elle qui est si prompte à dénoncer l’incohérence d’une « loi scélérate » parce qu’elle vise à pénaliser non pas les femmes qui sont exploitées mais ceux qui abusent d’elles, reste curieusement aveugle à l’incohérence dont font preuve ceux des signataires de son manifeste (de droite comme de gauche) qui, lorsque leurs convictions politiques entrent en conflit avec la défense de leurs privilèges sexuels, tranchent sans états d’âme en faveur de ces derniers.

Civisme, intérêt général, respect de la loi contre droit immémorial à disposer d’une sous-classe de femmes vouées au service des prérogatives sexuelles masculines, pour les acolytes d’Elisabeth Lévy, il n’y a pas photo.

En faisant ce choix, les 343 salauds mettent crûement en lumière que leur défense d’une prostitution soi disant libre et morale n’est, littéralement, qu’un cache-sexe.
Mona

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Mona »

Allez encore un petit effort pour lutter contre les stéréotypes :

la prostitution volontaire est une idée judéo-chrétienne

On reproche souvent aux abolitionnistes de la prostitution leur supposée tendance au puritanisme et au moralisme chrétien. Il s'agit là en fait d'un sacré retournement argumentatif, plutôt malhonnête.

L'idée que l'on puisse librement choisir la prostitution puise son origine dans le concept très judéo-chrétien du libre-arbitre. Dieu nous aurait faits "libres" de faire le bien ou le mal, de choisir un destin, une voie. Celui qui s'écarte du chemin indiqué doit donc légitimement être puni, soit par la justice des hommes, soit au moment d'accéder à l'éternité. Au final, tous seront jugés selon qu'ils auront "librement choisi" tels ou tels comportements.


Or la pensé moderne, plus matérialiste, plus scientifique en ce compris la sociologie, nous démontre qu'il faut évidemment largement relativiser ce "libre-arbitre". Notre liberté individuelle, on le sait maintenant est limitée par les nombreux déterminismes dont nous sommes l'objet. Comme le dit Jean-Léon Beauvois, tout nous pousse à nous penser comme des individus et non comme des agents sociaux. Accepter que nos choix, parfois les plus intimes, sont conditionnés et formatés, pour ne pas dire parfois manipulés, est totalement inconfortable.

Nathalie Bajos (1) et Michel Bozon (2) ont montré combien même nos goûts dans nos pratiques sexuelles sont influencés par notre appartenance à une catégorie sociale.

Lancez la conversation sur les causes de la petite délinquance, vous trouverez toujours quelqu'un pour vous affirmer que le délinquant doit être responsabilisé car il a exercé son libre-arbitre en commettant un délit. Savoir que les prisons enferment essentiellement une seule classe sociale ne fait pas souvent réfléchir.

Il en va de même dans la prostitution où trois déterminismes sont en action.

Le premier est culturel. Nous vivons toujours dans une société où les femmes sont réduites à des objets sexuels. La publicité le prouve à chaque coin de métro. L'argent, le pouvoir, le savoir sont du côté de l'homme symboliquement. Or la grande majorité des personnes prostituées sont des femmes et la quasi totalité des "clients" prostitueurs sont des hommes. Ce n'est sans doute pas un hasard.

Le deuxième déterminisme est social. On sait qu'outre les femmes réduites à la prostitution par des réseaux mafieux, il existe celles qui se disent volontaires pour subir cette fonction. Or on sait aussi que dans les milieux bourgeois, les jeunes femmes n'hésitent pas entre médecine, droit et prostitution. C'est dans les quartiers populaires, pour ne pas dire les familles les plus en difficultés que l'on trouve l'origine de la plupart des femmes prostituées. La représentante du pseudo-syndicat de la prostitution avoue elle-même ce lien entre pauvreté et prostitution.

Le troisième déterminisme est psychologique. On sait que la grande majorité des femmes prostituées et des strip-teaseuses ont subi agression sexuelle, viol ou inceste AVANT d'exercer cette "fonction". Pas de hasard là non plus.

On peut donc conclure que derrière l'impression de liberté affichée par quelques femmes prostituées se dessine un triple déterminisme très puissant qui remet en cause l'idée de libre-arbitre.

Quand une femme prostituée exprime donc ce choix qu'elle estime libre, on ne peut qu'écouter et respecter sa parole. Mais on a l'obligation de la mettre dans cette perspective pour se dire que nous les hommes n'avons aucun droit d'exploiter cette triple causalité (l'inégalité des sexes, l'inégalité sociale, le trauma) pour satisfaire ce que nous prenons pour des besoins et qui ne sont là aussi que le résultat d'autres déterminismes.

Mais c'est une autre histoire.

http://patricjean.blogspot.fr/
Yves
Messages : 10955
Inscription : 08 sept. 2004
Localisation : Paris

Re: Se prostituer pour survivre

Message par Yves »

Que la prostitution soit un drame, je n'en disconviens pas et ne le souhaite à aucune femme (et aucun homme).

Mais "prohiber" (sanctionner) la prostitution, c'est comme "prohiber" (sanctionner) la consommation d'alcool et de drogue, ça ne fait en rien disparaître leurs usages. Au contraire, ça démultiplie et opacifie les réseaux de distribution. C'est une constante.

Dans ces registres, je suis plutôt favorable à la prévention, à la fixation de règles et aux contrôles strictes.

Mais, tant qu'il y aura des "amateurs" (et ça ne manquera jamais), il y aura des prostituées.

Partant de ce constat, on fait quoi ? C'est ça la question.
Répondre