Social, santé : le glissement sémantique des mots
Publié : 15 mars 2009
Je viens de trouver ce texte très intéressant qui explique comment, nous sommes passés de travailleurs (valeur positive) à salarié (considéré comme une charge) et comment l'état-providence n'est que l'appropriation de notre bien commun.
Extrait :
Ca va mieux en le disant, que n'ai-je ce don de transcrire en mots ce qui est si clair
Extrait :
article complet et sourceL’ère industrielle a vu s’identifier plus clairement qu’auparavant la classe des travailleurs. Leur appellation au contenu positif signifiait le caractère actif par nature de celui dont la fonction sociale était de vendre sa force de travail, physique ou intellectuelle. Et, comme « tout travail mérite salaire », nul ne contestait la légitimité d’une rémunération. Tous les économistes, même les plus libéraux savent que seul le travail produit de la richesse, et la question de la répartition de celle-ci est au centre de la question sociale.
Quand le « travailleur » devient le « salarié »
Cette simple évidence que le travailleur était le créateur de la richesse était déjà dérangeante pour ceux qui tirent leur profit du travail d’autrui et nous savons que la part reversée en salaire ne cesse de diminuer au profit des revenus du capital et des actionnaires…À cette appellation trop révélatrice d’évidences, les théoriciens de la pensée libérale ont su opposer une mutation sémantique en stigmatisant un mot que la lutte des classes avait selon eux trop popularisé : le travailleur est devenu « salarié »…
Le « salarié » est donc né, à la fois le même et complètement différent, car on a changé le regard porté sur lui en changeant le nom qui le désignait. Il reçoit un salaire, il est donc un bénéficiaire recevant un avantage ! Lui qui était actif devient passif, et le contenu valorisant de son ancienne nomination a été gommé : plus rien n’indique qu’il est producteur de richesse ! Il reçoit de son employeur, au travers d’un salaire dont le taux comme la légitimité peuvent être interrogés. Ce salaire qui était un dû pour le travailleur est devenu une charge pour l’employeur dont l’augmentation serait un obstacle à la productivité. Cette charge est la première variable d’ajustement des décisions dictées par des intérêts autres que ceux des travailleurs eux-mêmes !
Ca va mieux en le disant, que n'ai-je ce don de transcrire en mots ce qui est si clair
