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Déclaration SNU
Vendredi, nous avons appris le suicide, dans les locaux du Pôle emploi de Saint-Quentin, d’un de nos collègues, conseiller de l’ex-ANPE, Jacques, 55 ans.
Dans ce cas comme d’autres employeurs l’ont fait dans des circonstances analogues, la DR met en avant la fragilité, réelle ou supposée de ce collègue et des causes de décès extérieures au travail. Le DR de Picardie allègue que pour Jacques, « Le travail était devenu un refuge. »
Raisonner de cette façon est méconnaître la valeur structurante du travail, qui participe au même titre que l’ensemble des activités sociales, associatives ou militantes à l’étayage de la personnalité. Plutôt que de d’avancer comme explication que le travail était devenu un refuge, il nous semblerait important d’expliquer pourquoi il a cessé de l’être.
Notre travail est un travail relationnel, c’est-à-dire qu’une part de notre technicité découle de pratiques de soi. La sensibilité à autrui, à son discours et à ses non-dits, source de ce qui est généralement décrit comme une fragilité personnelle, est une qualité essentielle de notre métier que développe la pratique professionnelle. Nous recevons des personnes en difficulté, notre éthique conçoit cette réception dans une relation d’aide, non de contrôle et de suspicion. Malmener ce travail, malmener cette relation, c’est prendre le risque de mettre en danger la vie des agents et des demandeurs d’emploi.
Pour ce qui est par ailleurs de l’évocation des « fragilités » des personnes, nous vous rappelons que vous vous êtes engagé à maintenir les accords travailleurs handicapés des deux institutions fusionnées. L’aménagement des postes comporte des allègements de charges qu’en aucun cas le manque d’effectif ou la demande de productivité ne doivent remettre en cause. Les restructurations de locaux, l’éclatement du travail sur plusieurs sites et tous les bouleversements de la fusion, peuvent avoir s’ils sont menés avec la précipitation que nous connaissons, des conséquences fatales pour ces collègues.
Depuis la création de Pôle emploi, 5 de nos collègues ont mis fin à leurs jours, et dix depuis la promulgation de la loi de fusion (Bretagne, Bourgogne, Haute-Normandie, IDF, NPDC, Picardie…).
Ce matin une cérémonie réunissait au cimetière du Père Lachaise, les agents de Philipe-Auguste autour de la crémation de notre collègue Sylvain, conseiller, 35 ans, qui a également mis fin à ses jours chez lui durant le week-end du 21 février. En ce moment même, sa famille et ses amis se recueillent, à deux pas d’ici, au cimetière de Bercy où seront déposées ses cendres.
Nous demandons, qu’à la mémoire de tous ces collègues, nous observions une minute de silence.