Les journalistes web, ces nouveaux « ouvriers spécialisés » de la presseINFO / vendredi 24 octobre par Simon Piel
Internet a bouleversé le fonctionnement des rédactions. Et la recherche de synergies entre les éditions papier et web ne s’est pas faite sans heurts. Première victime : le journaliste web.
« Ne dites pas à mère que je travaille sur le web, elle croit que je suis journaliste ». Cette phrase, inventée par Elisabeth Lévy et Philippe Cohen, pour leur livre Notre métier a mal tourné [1], valait bien quelques développements tant elle met en lumière les difficultés que traversent les journalistes employés par les sites internet d’information.
Précarité, rythme infernal, mépris de la part des confrères de l’édition papier (le print, jargonnent certains) jugée plus noble, salaires insuffisants, conditions de travail parfois limites…. Et le journalisme français ne se presse pas pour dénoncer son nouveau prolétariat.
A quoi ressemble une rédaction Internet classique, du type de celles adossées à des journaux papier ? Un open space, une série d’écrans d’ordinateur branchés sur le fil de l’Agence France Presse derrière lesquels de jeunes journalistes, scotchés à leurs sièges, tapent frénétiquement sur les claviers.
Organiser, réécrire, hiérarchiser, titrer, chapôter, trouver une illustration : ici on ne cherche pas l’info, on la rend intelligible. Pas le temps d’aller plus loin, le web impose l’immédiateté et un rythme accéléré par rapport à celui d’une rédaction papier. Un travail de desk donc, et forcément sédentaire, où l’exigence de réactivité régit les conditions de travail. Bienvenue dans le monde merveilleux des sites web d’infos.
La moyenne d’âge n’y excède pas trente ans. Plutôt moins d’ailleurs. Au site Internet du Nouvel Observateur (où l’auteur de ces lignes a passé plus de deux ans), les horaires, inflexibles, sont souvent très matinaux, et les contrats plutôt précaires. (6 CDI, 2 CDD, 7 contrats de professionnalisation qui alternent travail et école, et 3 stagiaires). Les rédactions web et papier sont séparées.
Au print, les étages historiques de l’immeuble de la place de la Bourse ; au web, une pièce au rez-de-chaussée avec vue sur les poubelles. C’est sans doute pour cela qu’il est rare d’y croiser des journalistes du print. A moins que ce ne soit par mépris. Récemment, Denis Olivennes, le nouveau patron de l’Obs n’a t-il pas parlé lors d’une conférence de rédaction des « gens d’internet » ? Avec pour effet immédiat de mécontenter certains journalistes de la rédaction web.
Mais, pour ce prix-là, et les directions ne se privent pas d’utiliser l’argument, le jeune journaliste qui a tout à apprendre et tout à prouver, met un pied dans une grande rédaction. Ce qui, aujourd’hui, il faut bien le reconnaître n’est pas chose aisée. Prière donc de ne pas trop se plaindre. La file d’attente est longue, et personne n’est indispensable. Message reçu. Rentrer dans le rang ou dégager.
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Je comprends mieux le dérapage de l'information. Ils ne rêvaient sans doute pas de faire du copié-collé toute la journée les nouveaux journalistes. Sans même pouvoir vérifier ou commenter les info. Si en plus ça doit aller dans le sens du redac en chef...
Les journalistes web, nouveaux OS de la presse
La presse papier fait aussi la même chose.Ils ne rêvaient sans doute pas de faire du copié-collé toute la journée les nouveaux journalistes.
Beaucoup d'articles sont de la réécriture de dépêches d'agence.
La presse gratuite fourmille de dépêches réécrites.
(il parait que <<la crise>> va porter un mauvais coup à cette presse là, à cause de la raréfaction de la publicité)