Le chômage, comme le gaz, augmente…
Le Canard Enchaîné du mercredi 20 août 2008
Ce sont des chiffres enfouis dans les statistiques de l’UNEDIC et de l’ANPE, qui ont semé une vraie crise d’angoisse parmi les hauts fonctionnaires du ministère du Travail. Car, pour ces spécialistes, ils annoncent la prochaine flambée du chômage en France.
Sur les douze derniers mois, l’intérim a vu ses effectifs baisser de 5,9%. Le phénomène s’accélère, même : sur le dernier trimestre, la baisse atteint 6,8%. Soit 42 500 emplois. Confrontées à la mauvaise conjoncture et à la faiblesse de la demande, les entreprises suppriment leurs intérimaires. Parallèlement, les chefs d’entreprises ont aussi freiné leurs embauches en CDD ou en CDI. Sur les deux derniers mois, elles ont déposé 6,1% d’offres en moins à l’ANPE. Le bâtiment, secteur le plus consommateur de main-d’œuvre, qui a joué un rôle moteur dans les créations d’emploi depuis trois ans, a cessé d’embaucher. Car la construction doit désormais faire face à trois handicaps : la hausse du coût des matières premières, la baisse des transactions et le renchérissement du crédit immobilier.
Hormis les intérimaires, les jeunes sont les premières victimes de cette dégradation du marché de l’emploi. Leur chômage est en hausse de 0,9% sur un an et de 6,1% depuis le premier janvier. Et pas question de compter sur l’industrie française pour combattre cette tendance : sur un an, elle a supprimé plus d’emplois qu’elle n’en a créé, avec un solde négatif de 44 000 salariés. Quand aux services financiers, secteur le plus créateur d’emplois qualifiés, pas question non plus de compter sur les banques françaises, atteinte par la crise des « subprimes », elles en sont réduites à annoncer des plans de réduction de leurs coûts. En clair, à préparer leur personnel à des plans de suppression d’emplois.
Championne d’Europe des déficits avec l’Italie, la France pouvait encore se flatter d’avoir pu ramener officiellement son taux de chômage à 7,2% de la population active grâce à trois années de baisse quasi continue. Le gouvernement a donc eu parfaitement raison d’anticiper en réduisant les crédits pour l’emploi dans le budget 2009 !
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