Prochaine convention Unedic, du souci à se faire
Publié : 31 oct. 2012
Dans le Canard Enchaîné de ce jour :
La solution : il faut plumer les pigeons.Ces salauds de chômeurs qui ruinent la France
L'augmentation du chômage n'a pas pour seule conséquence de vider toujours plus le porte-monnaie des demandeurs d'emploi. Les caisses des organismes sociaux, désormais, sonnent creux.
Ainsi, les techniciens de l'Unedic - qui gère les comptes de l'Assurance-Chômage — doivent modifier régulièrement leurs hypothèses de travail. En janvier, ils prévoyaient une augmentation de 214 200 chômeurs pour l'année. Mais, en septembre, changement de programme : l'accroissement sera de 235 500. Soit davantage de « bénéficiaires » des allocs, si l'on ose dire, et nettement moins de cotisants, puisque leur nombre est appelé à baisser de plus de 87 300 cette année. L'exercice 2012 se terminera donc sur un déficit de 2,6 milliards, ce qui portera le trou cumulé de l'Unedic à 13,6 milliards. Voilà pour les mauvaises nouvelles.
Hausse de la baisse
La bonne, c'est que pendant un peu plus d'un an rien ne changera, ni pour les cotisants ni pour les chômeurs : entre deux conventions signées par les syndicats et le patronat, il est en effet impossible de toucher aux cotisations, pas plus qu'aux prestations. L'actuelle convention expirant en décembre 2013, l'Assurance-chômage va donc tendre sa sébile aux banques. Au début de l'année, elle a levé un emprunt de 3,85 milliards et prévoit d'accroître son ardoise de 12 milliards dans les cinq prochaines années.
Au passage, les crânes d'œuf de l'Unedic ne sont pas prêts à parier un euro sur l'engagement pris par Hollande d'inverser la courbe du chômage en 2013. Selon leurs prévisions, le nombre de sans-emploi augmentera de 126 800 l'an prochain.
A la Sécu, les spécialistes du chiffre ont également eu des sueurs froides, il y a quelques semaines, en voyant l'aiguille du compte-chômeurs faire des incursions dans le rouge. Mais quelques mesures prises par les socialistes (notamment la suppression de l'exonération des cotisations des heures sup), venues s'ajouter aux dispositions annoncées par Fillon au début de l'année, ont permis de faire rentrer plus de 7 milliards dans les caisses. Résultat : l'exercice 2012 devrait se solder par un trou de 13 milliards, contre 17,5 l'an dernier. Pas de quoi pavoiser, mais c'est juste moins grave que si c'était pire.
La dette sociale s'alourdit en effet à vue d'œil. L'an dernier, la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades) - qui fait, elle aussi, la manche auprès des banquiers - a emprunté 31,4 milliards sur les marchés, et elle est partie pour faire aussi bien en 2012. Le total de ses emprunts, pour cette seule année, s'élève, fin octobre, à 30 milliards. Nos petits-enfants seront ravis de payer pour nos dépenses de santé.
Alain Guédé