Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

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Modérateurs : superuser, Yves

lobozo

Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par lobozo »

j'espère qu'il y aura des voituriers pour garer les Bentley... (bon, je caricature un peu :wink: )
Un mouvement a été créé ce week-end sur Internet, à la suite d'une tribune d'un dirigeant d'un fonds d'entrepreneurs. Le groupe des "Pigeons" appelle à la manifestation dimanche prochain devant l'Assemblée nationale.

Tout commence vendredi. Le gouvernement dévoile les différentes mesures qu'il compte mettre en place pour réduire son déficit. Parmi celles-ci, l'alignement de la taxation des revenus du capital sur ceux du travail.

Kesako ? Jusqu'à ce que cette loi entre en vigueur, les intérêts, les dividendes, mais surtout les plus-values mobilières (lors de la revente d'une entreprise par exemple) ou immobilière, pouvaient être imposés selon le barème du prélèvement forfaitaire libératoire. Dans le cadre des plus-values dégagées par la revente d'actions d'une entreprise, le particulier était taxé à 19%, auquel s'ajoutait 15,5% de prélèvements sociaux. Donc 34,5% des plus-values étaient taxés par l'Etat.

Dans le cadre de l'alignement de cette taxation sur les revenus du travail, ces revenus - issu du capital donc - seraient alors imposés, selon leur montant, aux taux de 5,5%, 14%, 30%, 41% et bientôt également de 45%. Auquel s'ajouteraient, à nouveau, les 15% de prélèvements sociaux. Sur les montants importants, les contribuables sont donc perdants.

Mouvement de foule sur les réseaux sociaux

La mesure fait bondir les entrepreneurs. Vendredi matin, Jean-David Chamboredon, patron d'ISAI, fonds des entrepreneurs internet, livre une tribune coup-de-gueule sur le site d'information économique LaTribune.fr. Le mouvement prend forme dès vendredi. Les entrepreneurs ne veulent pas être pris pour des "pigeons". Une page Facebook et un compte Twitter sont lancés. Lundi soir, ils comptaient respectivement plus de 8.000 fans et 3.430 followers. Ils veulent aller plus loin, et appellent même à une manifestation devant l'Assemblée nationale dimanche 7 octobre (près de 840 "pigeons" inscrits lundi soir). Ailleurs, les entrepreneurs multipliaient les posts de blog pour crier leur désaccord.

Le mot qui revient à la bouche des entrepreneurs pur défendre leur point de vue c'est le mot "prise de risque". Un entrepreneur, expliquent-ils, lorsqu'il va lancer son projet, ne sera pas beaucoup rémunéré à ses débuts. Parfois même, il échouera et aura alors perdu le capital qu'il y avait investi. Mais s'il réussit, alors il sera d'autant plus heureux de "faire fortune", lorsqu'il revendra son entreprise.

"Les statistiques sont formelles : on ne fait que très rarement fortune en créant une société. Et pourtant, c'est une perspective dont tout entrepreneur a besoin pour retourner se battre chaque matin", explique, sur son blog, Frédéric Montagnon, un des fondateurs d'Ebuzzing, entreprise internet créée en 2005. "Quand on se lance, quand on investit dans un projet, on se dit aussi qu'on peut devenir riche, qu'on peut faire fortune. C'est rarement la motivation première, mais là aussi, ça fait partie de l'équation. Si on enlève ce rêve, on casse une partie importante de la dynamique."

Pour Jean-David Chamboredon, la totalité de la mesure n'est pas à jeter. Un investissement dans l'immobilier, dans les œuvres d'art, ou dans des actions du CAC 40 ne crée pas d'emploi, explique-t-il. A l'inverse d'un investissement dans une PME, dont le but est de l'aider à se développer.

Lundi soir, les "pigeons entrepreneurs" continuaient de réfléchir aux moyens de faire entendre leurs roucoulements sur la toile et plus loin.
patapoum

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par patapoum »

lobozo a écrit : "Les statistiques sont formelles : on ne fait que très rarement fortune en créant une société. Et pourtant, c'est une perspective dont tout entrepreneur a besoin pour retourner se battre chaque matin", explique, sur son blog, Frédéric Montagnon, un des fondateurs d'Ebuzzing, entreprise internet créée en 2005. "Quand on se lance, quand on investit dans un projet, on se dit aussi qu'on peut devenir riche, qu'on peut faire fortune. C'est rarement la motivation première, mais là aussi, ça fait partie de l'équation. Si on enlève ce rêve, on casse une partie importante de la dynamique."
Les revendications de ce monsieur perdent à mes yeux toute crédibilité en lisant ceci.
La cupidité a été élevée au rang d'art dans notre société, c'est affligeant...
tristesir

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par tristesir »

pigeons ou requins? :twisted:

Un mouvement visant à nous faire croire que les riches sont mis à contribution. :shock:
maguy

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par maguy »

"Quand on se lance, quand on investit dans un projet, on se dit aussi qu'on peut devenir riche, qu'on peut faire fortune. C'est rarement la motivation première
Ben voyons, ils devraient se lancer dans l'humanitaire dans ce cas, si ce n'est pas la motivation première, quels hypocrites !

Parce qu'il n'y a que des "entrepreneurs", pas d'héritiers de fortunes ou pièces rapportées par mariage ??? J'ai des doutes, là...
bebert

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par bebert »

Non, je ne crois pas que la motivation premiere des gens qui entreprennent soit de faire fortune. Je connais quelques artisans, et leur motivation premiere quand ils se sont installes etait tout simplement de ne plus supporter un patron ! La aussi, pour se faire une idee vraie, il n'y a que le cas par cas...

La deuxieme chose que je remarque, c'est la rapidite de reaction et la solidarite qui en decoule entre entrepreneurs, en tres peu de temps. Avec semble-t-il, de vrais engagements... Le monde des salaries et celui des automobilistes auraient grand besoin de s'en inspirer... Parce que ce qui caracterise ces deux dernieres categories, c'est surtout l'inertie, pas tellement l'action corporative... :cry:

Je rajouterai pour conclure qu'ils se battent sans doute pour rien, la transmission d'une petite entreprise aujourd'hui est mission impossible...
tristesir

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par tristesir »

Lundi soir, ils comptaient respectivement plus de 8.000 fans et 3.430 followers.
Dans ces 8000 fans combien de salariés atteints par "le syndrome du larbin" ? :mrgreen: (voir la vidéo en première page pour ceux qui ne savent pas encore de quoi il s'agit)
Invité

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par Invité »

Je connais quelques artisans, et leur motivation premiere quand ils se sont installes etait tout simplement de ne plus supporter un patron !
Tu as tout à fait raison, mais le menuisier qui crée sa petite boîte ne rêve pas non plus de faire fortune, il veut seulement être son propre patron et gagner si possible mieux qu'un arpète.
Dans l'article il est question plutôt d'entreprises de marketing, de machins sur Internet, de commerce avec l'étranger, j'imagine, bref des tas de boîtes vite créées, vite ruinées, des bulles, des loups et des requins etc...
tristesir

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par tristesir »

Tu as tout à fait raison, mais le menuisier qui crée sa petite boîte ne rêve pas non plus de faire fortune
Et il n'a pas le temps de faire le malin sur internet 8)

PS:
Un certain nombre d'artisans sont des salariés déguisés: ils n'ont qu'un client ou pas beaucoup plus.
PS2:
Le statut d'auto-entrepreneur permet en toute légalité, sauf erreur, d'avoir qu'un seul client ce que n'autorise pas le statut d'artisan toujours sauf erreur.
Invité

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par Invité »

client ? tu veux dire salarié ?
patapoum

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par patapoum »

serabeth a écrit : Dans l'article il est question plutôt d'entreprises de marketing, de machins sur Internet, de commerce avec l'étranger, j'imagine, bref des tas de boîtes vite créées, vite ruinées, des bulles, des loups et des requins etc...
Je confirme et pas qu'un peu, connaissant bien le domaine du web. Perso j'appelle ça le coup du "Mark Zuckerberg" : des tonnes de types lancent des "machins inovants" sur le net (souvent au mieux inutiles) en espérant être racheté une fortune par Google, Facebook et compagnie, bref se font des films sur des coups de bol immense qui n'arrivent que de façon absolument anecdotique (Instagram par exemple).

Une sorte de "rêve américain 2.0" en somme. Autant jouer au loto, les chances sont sensiblement identiques...
tristesir

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par tristesir »

client ? tu veux dire salarié ?
Client.
maguy

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par maguy »

"Les statistiques sont formelles : on ne fait que très rarement fortune en créant une société. Et pourtant, c'est une perspective dont tout entrepreneur a besoin pour retourner se battre chaque matin",
Remarquez, s'ils comptent tous les auto-entrepreneurs qui se vautrent sans rien ou dont les 3/4 au moins ne gagnent pas le smic, les statistiques sont formelles, d'accord.
bebert

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par bebert »

D'ailleurs les statistiques sont toujours formelles selon la façon dont on les présente... C'est même a ça que ça sert, ce sont les maths a l'usage des manipulateurs.
Invité

Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par Invité »

Un certain nombre d'artisans sont des salariés déguisés: ils n'ont qu'un client ou pas beaucoup plus.
Tristesir, je ne comprends pas de quel genre d'artisan tu parles.
Moi je parlais de l'électricien, du menuisier ou du type qui fait du pain dans un four à pain restauré, qui crée sa société : il travaille tout seul, et évidemment il a plusieurs clients. Même pas un seul à la fois, d'ailleurs : quand l'électricien est venu chez moi installer l'électricité, il ne venait pas tous les jours, il avait d'autres clients avec des travaux plus rapides à finir.

Tu parlais plutôt du type qui vient à l'entretien pour un CDD et à qui l'employeur dit : créez donc votre société, je vous repasse du boulot, ça va être super pour vous...?
superuser
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Re: Bientôt une manif de patrons ? pauvres petits choux..

Message par superuser »

Entrepreneurs "pigeons" : des craintes, beaucoup d'approximations

Les "pigeons", ces entrepreneurs inquiets du volet du projet de loi de finances touchant aux entreprises, continuent de se mobiliser, et prévoient même un rassemblement dimanche 6 octobre. En cause, deux éléments distincts et qui n'ont que peu de rapport entre eux : d'une part les auto-entrepreneurs, qui vont devoir payer de 2% à 3% de cotisations en plus, mais qui ont pu croire à la "mort" du régime. D'autre part le milieu français de la high-tech et des start-up, mais aussi des PME, qui se concentre sur un autre volet de la loi : l'alignement des revenus du capital sur ceux du travail, qui conduit à une taxation plus lourde des plus-values réalisées lors de la vente de parts d'une entreprise. Précisons que ces "parts" correspondent à la valorisation de l'entreprise et ne comprennent pas ses actifs comme un fonds de commerce ou ses locaux, qui sont considérés comme du patrimoine et taxés différemment.

Or, le système des start-up est fondé notamment sur l'action de "capital-risqueurs" qui investissent dans des jeunes pousses dans l'espoir de revendre ensuite leurs parts et de réaliser un profit.

Ce second volet focalise l'essentiel des critiques, émises d'abord par une série d'entrepreneurs du Web, qui estiment que "les entrepreneurs devront reverser plus de 60% des plus-values de cession de participations à l'Etat. Du jamais vu !", comme l'explique "Croissance Plus", syndicat patronal de PME.

Au vu des réactions à nos précédents articles sur le sujet, certains entrepreneurs s'estiment mal compris ou mal perçus. Pourtant, les choses sont un peu plus complexes, et si leurs griefs sont en partie justifiés et leur action légitime, certains parmi les "pigeons" ne retiennent du projet de loi de finances que les parties les moins favorables à leur cause oubliant certains dispositifs de correction.

1/ Le projet de loi de finances prévoit bien un alignement de la fiscalité des plus-values mobilières sur celle du travail, donc un barème progressif

Le texte, qui a fait réagir les auto-entrepreneurs, est le projet de loi de finances, un document qui n'est pas encore voté et sera amendé sur bien des points lors de la discussion parlementaire qui s'ouvre.

Il prévoit, selon le dossier de présentation du projet de loi de finances, page 8, de passer d'une imposition proportionnelle (19% hors prélèvements sociaux pour les plus-values mobilières, qui concernent les parts d'entreprises, soit 35% environ au total) à une imposition au barème progressif de l'impôt, c'est-à-dire avec un système de tranches : on paye un pourcentage différent en fonction de la somme évoquée. La mesure correspond au programme de François Hollande, qui prévoyait d'aligner la fiscalité du capital sur celle du travail.

C'est la première erreur des "pigeons" : contrairement à ce qu'on peut lire partout, ils ne seront pas imposés systématiquement à 60% en cas de vente d'entreprise. Ce taux correspond à la tranche maximale de l'impôt (45%) auquel on ajoute la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), qui représentent environ 15,5 points supplémentaires, un chiffre qui n'a pas bougé avec l'arrivée de la gauche au pouvoir.

Il ne s'appliquera donc qu'au-delà d'une certaine somme : si elle correspond au barème de l'impôt sur le revenu, il faudra être au-delà de 150.000 euros de valeur estimée pour l'entreprise pour être dans la tranche à 45% (tout ce qui se trouve en dessous de 150.000 euros sera taxé à moins : 0% jusqu'à 6.000 euros environ, puis 5,5%, 14% et 30%.

2/ Mais il prévoit une série d'exceptions et de rabais

Ensuite, le texte prévoit ou maintient une série d'exceptions et de cas particuliers, que les "pigeons" oublient le plus souvent d'évoquer : exonération totale de taxe pour les dirigeants de PME partant à la retraite, ou pour ceux qui réinvestissent 80% de la somme ou plus dans une autre entreprise dans les 3 ans qui viennent.

En outre, deux dispositifs de lissage sont prévus pour les plus-values de 2012, 2013 et 2014 : l'un prévoit un système de plafonnement inspiré du quotient familial, qui permettra de diminuer largement le montant de la somme taxable. Selon Les Echos, la vente de 400.000 euros de parts d'entreprise détenues depuis cinq ans serait ainsi taxée sur 100.000 euros seulement. Ce qui placerait le vendeur non dans la tranche à 45% mais dans celles de 14% et 30%.

Ensuite, un autre abattement réduira la somme taxée en fonction de la durée de détention des titres : de 4% pour 2 à 4 ans, de 10% de 4 à 7 ans, puis de 5% supplémentaires par année au-delà de six, jusqu'à 40% au-delà de 12 ans.

Il existe par ailleurs d'autres méthodes pour éviter de payer la somme en totalité : donations, qui permettent d'avoir un abattement de 300.000 euros, cession des parts à l'étranger, mise en trust...

3/ Les start-ups bénéficient d'un régime particulier

Les "pigeons" omettent aussi le plus souvent d'évoquer le statut des jeunes entreprises innovantes (JEI). Cette forme juridique, conçue en 2004 pour les start-ups et entreprises reposant sur des innovations, permet de bénéficier d'une série d'avantages fiscaux, à condition de pratiquer une part importante de recherche et développement : exonération sur les bénéfices durant 5 ans, exonération de taxe foncière, d'imposition forfaitaire annuelle...

En 2009, on comptait, selon l'Insee, 2.368 entreprises de ce type, parmi lesquelles 44% travaillaient dans l'informatique et les logiciels.

Parmi les avantages des JEI, l'un est conçu spécifiquement pour la revente d'entreprise : il permet une exonération totale d'imposition sur les plus-values de cession de part ou d'actions détenues par des personnes physiques, sous certaines conditions : avoir moins de 250 salariés, un chiffre d'affaires de moins de 50 millions d'euros, et ne pas être une entreprise individuelle.

4/ Les "capital-risqueurs" sont effectivement concernés

Reste un point du texte qui pose effectivement question, celui des "capital-risqueurs", ou "business angels". Courants dans les milieux des start-up et des entreprises Internet, ces personnes investissent dans de jeunes sociétés prometteuses, dans l'espoir qu'ils pourront revendre leur participation plus cher au bout d'un laps de temps court, et réaliser ainsi un profit.

Selon les chiffres de l'Insee, le capital-investissement a représenté 9,7 milliards en 2011, dont 597 millions de capital-risque (investi dans des sociétés jeunes au prix d'un risque de perte). Le tout a concerné 1.694 entreprises, dont 371 pour le capital-risque.

Lorsqu'ils sont constitués en société, et ne bénéficient donc pas des exonérations mentionnées pour les JEI ou en général, ces personnes risquent effectivement de voir leurs actifs fortement taxés. Ce "point aveugle" du projet de loi de finances est dénoncé y compris chez des entrepreneurs classés à gauche. Et nombre des premiers soutiens des "pigeons", voire de leurs fondateurs, font partie des "business angels" français ou d'entrepreneurs high-tech ayant connu le succès.

Au-delà de ces points factuels, le mouvement des "pigeons" qui se développe sur la Toile se fonde donc beaucoup sur des rumeurs, comme le déplore le PDG de FaberNovel, Stéphane Distinguin, interrogé par Libération. Pour autant, il semble aussi témoigner d'une forme de besoin de reconnaissance de la part des chefs d'entreprises, qui s'estiment mal compris et mal aimés par la nouvelle majorité.

http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
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