De l'Etat social vers le système de contrôle - Allemagne
Publié : 09 oct. 2007
En me baladant sur divers sites internet de la presse allemande, je tombe sur un article du journal de renom "Die Zeit" du 4 octobre, avec le titre "De l'État social vers le système de contrôle". L'introduction est la suivante: Des médecins sont amenés à signaler des malades qui portent la responsabilité de leur maladie. (Voilà encore une idée pour les Hortefeux, Sarkozystes & Co.)
L'auteur de l'article, Juli Zeh, fait un effort surhumain de contenir sa colère tout en commentant, interprétant et analysant le contenu d'un projet de loi du Ministère de la Santé en Allemagne, qui veut obliger les médecins à renoncer au secret professionnel auquel ils sont soumis, pour signaler (dénoncer) certains patients à leur caisse de maladie. Il s'agit de patients qui se seraient rendu coupable d'avoir occasionné leur maladie ou leur blessure. Comme exemples sont cités des tatouages, piercings, des opérations de chirurgie esthétique. La justification de cette idée absurde se présente comme un cas d'école d'une logique politique du faux en faisant une entorse aux prémisses. Une opération du nez serait un acte chirurgical, qui médicalement ne serait pas nécessaire mais relèverait du libre choix du patient. En conséquence, le patient devrait assumer les éventuelles complications.
La ministre Ulla Schmidt affirme qu'il ne s'agirait en aucun cas d'une violation de la sphère privée, encore moins d'une rupture du secret professionnel (ben voyons), mais simplement d'un instrument de maîtrise des dépenses de la sécurité sociale.
Qu'est-ce qu'il y a de plus intime que le corps de l'individu, et c'est ce corps intime qui deviendra "une chose" de l'État. Ce n'est plus la caisse d'assurance-maladie qui doit assistance aux citoyens, ce sont les citoyens qui doivent la santé à leur caisse d'assurance-maladie - le nouveau devoir fictif du citoyen d'un État tout puissant qui avec cette idée rappelle fatalement le roman "le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley. La maladie équivaut potentiellement la "faute", pour séparer les "bons" des "mauvais" citoyens. Comme par hasard, on constate la simultanéité avec les franchises médicales en France, seulement en degré d'immoralité, comme souvent, l'Allemagne a quelques longueurs d'avances sur la France. (Hartz 4, les jobs à 1 euro en dehors de tout cadre légal du droit du travail, pour n'en citer que deux exemples)
D'autres exemples de "mauvais malades" suivent: Des patients qui auraient nui à leur santé en commettant des actes illégaux devraient également être signalés. Donc qui tombe d'un arbre en volant une pomme et se blesse ne pourra plus compter sur le secret professionnel de son médecin.
Ce projet de loi soulève de nouveaux problèmes : le fumeur qui tombe malade d'un cancer, le malade alcoolique, l'amateur de chocolat avec un surpoids, des pratiquants d'actes sexuels non protégés, le sportif skieur, tout amateur sportif, un conducteur de voiture responsable d'un accident - tous coupables, tous "dénoncables" n'ayant plus le droit au secret médical?
Cela deviendrait un État qui contrôlerait ses citoyens jusqu'au dernier recoin de leur intimité. Pourtant l'idée de base de la démocratie est la liberté de l'individu dans son champ intime, où il prend les décisions pour sa vie. On ne parlerait pas d'une maîtrise des coûts, mais de la dignité de l'être humain.
Avec le ministre de l'intérieur, Wolfgang Schäuble, ce fanatique de la surveillance au nom de la protection du terrorisme (projet de virus d'ordinateur fabriqué et utilisé par les services d'État pour fouiller le contenu des disques dur des citoyens, grande affaire actuellement très controversée en Allemagne), avec la pauvreté de millions d'enfants, dans ce pays riche assez de gens souffrent déjà. Et maintenant cela, mais ça ne s'arrête donc jamais?
Source: Die Zeit
L'auteur de l'article, Juli Zeh, fait un effort surhumain de contenir sa colère tout en commentant, interprétant et analysant le contenu d'un projet de loi du Ministère de la Santé en Allemagne, qui veut obliger les médecins à renoncer au secret professionnel auquel ils sont soumis, pour signaler (dénoncer) certains patients à leur caisse de maladie. Il s'agit de patients qui se seraient rendu coupable d'avoir occasionné leur maladie ou leur blessure. Comme exemples sont cités des tatouages, piercings, des opérations de chirurgie esthétique. La justification de cette idée absurde se présente comme un cas d'école d'une logique politique du faux en faisant une entorse aux prémisses. Une opération du nez serait un acte chirurgical, qui médicalement ne serait pas nécessaire mais relèverait du libre choix du patient. En conséquence, le patient devrait assumer les éventuelles complications.
La ministre Ulla Schmidt affirme qu'il ne s'agirait en aucun cas d'une violation de la sphère privée, encore moins d'une rupture du secret professionnel (ben voyons), mais simplement d'un instrument de maîtrise des dépenses de la sécurité sociale.
Qu'est-ce qu'il y a de plus intime que le corps de l'individu, et c'est ce corps intime qui deviendra "une chose" de l'État. Ce n'est plus la caisse d'assurance-maladie qui doit assistance aux citoyens, ce sont les citoyens qui doivent la santé à leur caisse d'assurance-maladie - le nouveau devoir fictif du citoyen d'un État tout puissant qui avec cette idée rappelle fatalement le roman "le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley. La maladie équivaut potentiellement la "faute", pour séparer les "bons" des "mauvais" citoyens. Comme par hasard, on constate la simultanéité avec les franchises médicales en France, seulement en degré d'immoralité, comme souvent, l'Allemagne a quelques longueurs d'avances sur la France. (Hartz 4, les jobs à 1 euro en dehors de tout cadre légal du droit du travail, pour n'en citer que deux exemples)
D'autres exemples de "mauvais malades" suivent: Des patients qui auraient nui à leur santé en commettant des actes illégaux devraient également être signalés. Donc qui tombe d'un arbre en volant une pomme et se blesse ne pourra plus compter sur le secret professionnel de son médecin.
Ce projet de loi soulève de nouveaux problèmes : le fumeur qui tombe malade d'un cancer, le malade alcoolique, l'amateur de chocolat avec un surpoids, des pratiquants d'actes sexuels non protégés, le sportif skieur, tout amateur sportif, un conducteur de voiture responsable d'un accident - tous coupables, tous "dénoncables" n'ayant plus le droit au secret médical?
Cela deviendrait un État qui contrôlerait ses citoyens jusqu'au dernier recoin de leur intimité. Pourtant l'idée de base de la démocratie est la liberté de l'individu dans son champ intime, où il prend les décisions pour sa vie. On ne parlerait pas d'une maîtrise des coûts, mais de la dignité de l'être humain.
Avec le ministre de l'intérieur, Wolfgang Schäuble, ce fanatique de la surveillance au nom de la protection du terrorisme (projet de virus d'ordinateur fabriqué et utilisé par les services d'État pour fouiller le contenu des disques dur des citoyens, grande affaire actuellement très controversée en Allemagne), avec la pauvreté de millions d'enfants, dans ce pays riche assez de gens souffrent déjà. Et maintenant cela, mais ça ne s'arrête donc jamais?
Source: Die Zeit