La réforme du contrat de travail, nouvelle ligne de fracture
Publié : 27 janv. 2007
Source : http://www.lesechos.fr/info/france/4529501.htmLa réforme du contrat de travail, nouvelle ligne de fracture entre la gauche et la droite
[ 26/01/07 ]
Prenant ses distances à l'égard du contrat unique, Laurence Parisot a plaidé, hier, pour la mise en place d'un contrat de mission.
La réforme des contrats de travail devient, à son tour, l'une des controverses clefs de la campagne électorale. Après le PS et l'UMP, qui ont mis à profit les dernières quarante-huit heures pour préciser leurs projets, c'était au tour de Laurence Parisot de dévoiler, hier, les revendications des patrons.
La présidente du Medef a repris à son compte l'idée du contrat de mission, un dispositif à mi-chemin entre le CDI et le CDD dont la durée ne serait pas connue à l'avance, mais liée à l'exécution d'un projet. Il faut « concevoir des contrats de travail conformes à l'économie actuelle, qui aujourd'hui exige que les entreprises travaillent projet par projet », estime-t-elle dans son Livre blanc. L'idée n'est pas vraiment nouvelle. Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, le contrat de chantier est déjà utilisé pour la construction de grands ouvrages, tels que le viaduc de Millau.
Depuis 2005, les contrats export permettent aussi de mener des projets en dehors du territoire français, pour une durée non déterminée. Le contrat de mission, tous secteurs confondus, avait été envisagé en 2003 par François Fillon, alors ministre des Affaires sociales, qui avait chargé Michel de Virville, DRH de Renault, d'en préciser les contours. Mais son rapport était resté lettre morte.
« Séparabilité »
C'est également lui qui avait défendu la possibilité de mettre fin à un contrat par « rupture négociée », accompagnée d'un régime social et fiscal « adapté ». Un concept que Laurence Parisot a développé hier, en évoquant la « séparabilité par consentement mutuel » pour « dédramatiser les modalités du licenciement ». Elle s'est également prononcée pour la suppression des seuils jusqu'à 250 salariés, ce qui impliquerait l'extension du CNE et la suppression des institutions représentatives du personnel en deçà de ce seuil.
En décalage
Enfin, elle suggère de scinder l'indemnisation chômage en deux, avec une première partie financée par l'Etat pour tous les demandeurs d'emploi, et une partie complémentaire financée par l'Unedic, pour ceux ayant travaillé en entreprise. Certaines de ces revendications figurent déjà dans les programmes du PS ou de l'UMP. La réforme proposée pour l'assurance-chômage, par exemple, est totalement conforme au projet socialiste, alors que la suppression des seuils est inscrite, à titre expérimental, dans le programme UMP. Hormis ces exemples, les revendications du Medef s'inscrivent en décalage par rapport aux projets des principaux candidats. Mardi, Nicolas Sarkozy a ainsi réitéré son souhait de mettre en oeuvre le contrat de travail unique. « Inspiré du CNE », celui-ci ne s'appliquerait qu'aux nouvelles embauches. Nicolas Sarkozy a toutefois, semble-t-il, édulcoré son projet : plus question de supprimer les missions d'intérim mais seulement les CDD.
Quant à Ségolène Royal, qui ne comptait pas dévoiler ses propositions avant le 11 février, elle a esquissé, hier, plusieurs pistes de réforme. Pour que le CDI redevienne la référence sur le marché du travail, les entreprises qui en concluront « bénéficieront d'un bonus sur les cotisations sociales », a-t-elle promis. Cette proposition, que Ségolène Royal a puisé dans le programme PS, est importée d'Espagne, où les cotisations chômage sont modulées selon la nature des contrats (CDI, CDD, mission d'intérim).
LUCIE ROBEQUAIN