Une "intrusion" chez Ségolène Royal provoque une passe d'armes avec Sarkozy
A huit mois de la présidentielle, une "intrusion" au domicile de Ségolène Royal a provoqué une passe d'armes entre la favorite socialiste des sondages et son rival potentiel de l'UMP, Nicolas Sarkozy.
La "visite" de l'appartement de la probable candidate à l'investiture socialiste et de son compagnon François Hollande, premier secrétaire du PS, a été révélée vendredi par Le Figaro. Dans un court encadré intitulé "Le domicile de Hollande et Royal cambriolé", le quotidien écrit que "des bijoux notamment pourraient avoir été dérobés" dans cet appartement de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) qui, "de source policière", n'était "pas gardé". "Le cabinet du ministre de l'Intérieur suit de près ce dossier considéré comme
sensible eu égard à la personnalité des victimes", conclut l'article.
En début de matinée, Mme Royal téléphone à l'AFP pour préciser qu'"il ne s'agit pas d'un cambriolage, mais d'une intrusion et de la fouille intégrale de (son) domicile, où rien n'a été volé". "Tout a été retourné, les placards ont été vidés", raconte-t-elle, précisant avoir constaté cette "intrusion" jeudi soir, à son retour de vacances. La favorite PS des sondages précise n'avoir "pas porté plainte" pour vol, mais "fait un signalement au commissariat en demandant que l'incident reste confidentiel".
"Je trouve scandaleux que cette information ait été diffusée par le cabinet du ministre de l'Intérieur", proteste Mme Royal, parlant de "fausse information" qui pourrait "porter atteinte à la sécurité de sa famille". Elle ajoute qu'elle ne se sent "pas intimidée par ce qui s'est passé" et dit avoir "fait vérifier la sécurisation de ses lignes téléphoniques".
Dans l'heure suivant la diffusion de la dépêche AFP, la place Beauvau publie un communiqué lapidaire : "le ministère de l'Intérieur tient à préciser, après les déclarations de ce matin de Mme Ségolène Royal, qu'AUCUNE (ndlr: en gras et souligné) information à caractère confidentiel concernant une éventuelle intrusion de son domicile n'a été divulguée par ses services ou le cabinet du ministre d'Etat".
Un proche de M. Sarkozy, le sénateur Roger Karoutchi, enfonce le clou, affirmant dans un communiqué que Mme Royal "perd son sang froid" et "fait sous-entendre une manipulation qui relève de la pure fantaisie". Autre sarkozyste, le député Yves Jégo estime sur France Inter qu'"on est dans le rocambole".
Dans l'après-midi, Mme Royal indique à l'AFP qu'elle "prend acte" du démenti du ministère de l'Intérieur, et espère que l'enquête ouverte par la police judiciaire (PJ) des Hauts-de-Seine débouchera. Elle souligne cependant qu'en faisant un commentaire pour Le Figaro, le cabinet du ministre de l'Intérieur "a crédibilisé l'information" qu'elle souhaitait garder confidentielle afin de protéger ses enfants, notamment sa plus jeune fille Flora qui n'était pas au courant.
La présidente de Poitou-Charentes affirme qu'elle ne soupçonne "quand même pas" le ministère de l'Intérieur d'avoir organisé une éventuelle tentative d'intimidation. "Il est normal de s'interroger sur les motivations de ce qui s'est passé", souligne-t-elle.
Selon une source proche de l'enquête, la PJ ne disposait vendredi d'aucune piste pour retrouver le ou les intrus.
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