Un compte d'épargne pour les nourrissons ? Le gouvernement réfléchit à un livret d'épargne pour les nouveau-nés, doté de 150 euros et bloqué jusqu'à leur majorité, pour inciter les parents à l'épargne. Le projet, emprunté aux Britanniques, est à l'étude dans les cabinets ministériels.
L'idée vient des Britanniques. En vue de la conférence de la Famille, le 3 juillet, les cabinets ministériels planchent sur le projet d'ouvrir aux nouveau-nés un livret d'épargne. Le projet est révélé par Le Figaro de ce mardi.
L'Etat verserait à la naissance de l'enfant 150 euros. Une mesure pour inciter les parents à abonder cette épargne initiale. Cette dernière serait bloquée jusqu'à la majorité de l'enfant, pour lui permettre alors de démarrer dans la vie.
Populaire mais cher
L'Etat, voire la Caisse d'allocation familiale, abonderait ce pécule de démarrage. Ce qui coûterait aux finances publiques quelque 120 millions d'euros par an, et la moitié si ce capital n'était versé qu'aux familles bénéficiant de l'allocation de rentrée scolaire. Et le Figaro a fait le calcul : si les parents n'abondent pas sur ce compte, les 150 euros deviendront 270 euros aux 18 ans de l'enfant. Un "gadget" pour certains, alors que les dépenses publiques vont si mal.
En Grande-Bretagne, cette mesure, le "Childtrust", a été mise en œuvre en janvier dernier. Populaire, elle est aussi controversée. Les conservateurs mettent en avant le coût pour la collectivité pour critiquer cette initiative : 350 euros, voire 700 dans des conditions de revenus, sont proposés aux nourrissons sur un compte géré par les parents, qui ont le choix entre trois types de placements plus ou moins risqués.
SOURCE
Et voici le commentaire de notre ami Guillaume de Baskerville, qui m'a adressé cet article :
GdB a écrit :Certains seront surpris, d'autres moins. Cette mesure, qui pourrait passer pour un canular (pour ceux dont l'esprit est le plus "rigide, rétrograde et archaïque" bien sûr selon la vulgate libérale), n'est que la reprise d'un vieux rêve de certains milieux et qui avait effectivement déjà été mise en son temps dans le programme électoral de... Blair !
J'ai d'ailleurs un collector chez moi : un article des Echos datant d'environ 5 ans intitulé (sans rire) : "Pour une politique du bébé capitaliste". L'idée est justement très proche de celle reprise par le gouvernement : dès sa naissance, le bébé est doté par l'Etat d'une sorte de PEA avec des actions achetées sur fonds publics ! Bloqué jusqu'à sa majorité, le mythe est que la bourse, ayant monté au ciel entre temps, le pactole servirait au "jeune" à payer ses études par exemple. Qui bien sûr entre-temps seront devenues ultra-onéreuses dans cette belle société libérale parfaite, de nombreuses écoles privées côtées en bourse étant venu supplanter des universités publiques en déconfiture totale par baisse régulière des budgets et des effectifs !
Le but est simple et à vocation totalitaire (et oui je pèse l'usage de ce mot) : faire en sorte que le capitalisme, les actions, la bourse, la finance deviennent, et ce dès la naissance, un cadre de pensée naturel et donc indépassable ! Comment critiquer ce qui fait partie de nous depuis "toujours" ? En outre, il s'agit ni plus ni moins d'employer de l'argent public pour alimenter la bourse et donc accroître le prix des actions (des multinationales s'entend, pas de l'artisan du coin) ! Cela s'appelle un hold-up pur et simple sur la collectivité...
L'argument présenté est extraordinaire : faire la pédagogie de l'épargne ! Alors qu'il me semble chaque jour qui passe que l'on se rapproche d'une société américaine (qui reste le modèle souvent non avoué) fondée sur le crédit, l'endettement (et même le surendettement) et la consommation effrénée : partez aujourd'hui, payez demain !!!!
Bref, du blabla pour rendre acceptable dans l'esprit du bon peuple l'improbable : "après tout, c'est une idée sociale non ?" "Et puis c'est bien pour mon enfant, de nos jours ma bonne dame, quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend - sur TF1, France 2, etc… -, on se dit que ça pourra peut-être l'aider pour partir du bon pied dans la vie..." (bla bla bla bla bla !!!).
Quand quelqu'un me dit "tu vas pas changer le monde", je réponds depuis longtemps : "Mais le problème, c'est que le monde change sous ton nez - sous l'impulsion de certains groupes bien sûr - sans qu'on te demande ton avis..."
Cette "petite" mesure-là en est une qui fait changer notre monde de la manière la plus radicale : en plaçant l'enfant dès sa naissance dans un carcan de pensée dont il n'aura même pas conscience...
Comme la "détection précoce de la délinquance" (n'importe quoi !) à partir de l'âge de 3 ans par exemple. Et bien d'autres.
Guillaume de Baskerville
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