La vache et le Président
Publié : 03 mars 2006
Un article de l'AFP que j'ai trouvé particulièrement désopilant !
Pour les présidentiables, point de salut sans flatter la croupe des vaches
Point de perspective élyséenne sans flatter la croupe des vaches : à un an de la présidentielle, telle est plus que jamais la règle chez les responsables politiques qui se sont succédés au Salon de l'Agriculture.
Nicolas Sarkozy, Jack Lang, Ségolène Royal, François Bayrou, Dominique de Villepin, Laurent Fabius ou Jean-Marie Le Pen, jusqu'à Dieudonné, qui s'affirme candidat à l'élection présidentielle de 2007 : tous les présidentiables, ou presque, ont parcouru les allées de "la première ferme de France". Tous ont voulu faire bonne figure dans cet exercice traditionnel, rappel des comices agricoles d'antan, qui, du verre de vin de pays à la tranche d'andouillette, apporte son message d'amour de la France rurale.
Il permet aussi de valider chaque année le mythe du paysan qui sommeille en chaque Français, qu'il soit député, ministre ou chef de parti. Jack Lang l'a dit, le Salon, il le fait depuis 20 ans, "par passion des produits de la terre". Et cette année, il a programmé pas moins de trois visites à la Porte de Versailles.
"Ça me plaît, je reçois plein de cadeaux, je dois déguster tout un tas de trucs, un tas de gens m'embrassent, d'autres me serrent la main, on parle, c'est sympa", a lancé Nicolas Sarkozy.
"L'agriculture, c'est au coeur de nos valeurs... Soyons aux côtés de nos agriculteurs pour défendre nos produits", s'enthousiasmait quelques jours plus tôt Dominique de Villepin, essayant le béret gascon, tapotant une vache, portant sur ses épaules une chevrette noire, et bien sûr croquant à belles dents dans une cuisse de poulet.
Défense du terroir et de ses hommes - il y a en France "5 millions de voix agricoles et rurales", a dit Jean-Marie Le Pen, venu avec sa femme Jany et sa fille Marine -, le Salon est aussi l'occasion de débattre, droite contre gauche, des problèmes de l'heure. On a ainsi assisté à une discussion à distance entre Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Hollande. "Mettez vous en colère... dites bien au gouvernement que les agriculteurs attendent les aides !", a lancé Mme Royal au président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, à propos des subventions promises aux éleveurs touchés par la grippe aviaire... "C'est très facile d'arriver, de faire des reproches aux gens qui sont en difficulté et qui essaient de trouver des solutions pour s'en sortir. Moi, je suis plutôt du côté des bâtisseurs que des démolisseurs", répliquait le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Quand on est au gouvernement, "on est là pour pour prendre des décisions", pas seulement "pour flatter, pour caresser ou pour brosser dans le sens du poil", embrayait François Hollande, dans le même registre que sa compagne.
Premier VIP du salon, ami de longue date du monde paysan, Jacques Chirac a quant à lui fait coup double, quatre heures durant, en consommant avec entrain fromages, produits régionaux et autres aiguillettes de poulet de Bresse : il a tenté d'exorciser "la panique" de la grippe aviaire, et démontré qu'il était en forme, six mois après un accident vasculaire cérébral.