Bernard PERRET a écrit :Des blocs entiers de la population veulent bien du changement économique, mais refusent d'en subir les conséquences : ce sont essentiellement les employés des grandes entreprises et ceux du secteur public. Ils bénéficient d'emplois garantis, d'avancement à l'ancienneté, et retardent autant que possible toute évolution qui leur serait défavorable. Et ils ont du pouvoir ! Voyez le nombre de députés et de ministres issus de la fonction publique. Du coup, la flexibilité en France se développe de manière hypocrite : elle pèse essentiellement sur les travailleurs les moins qualifiés et les petites entreprises. Les 35 heures ont renforcé le phénomène : dans les administrations et les grandes entreprises, les salariés ont obtenu des jours de congé supplémentaires. Dans les petites entreprises, ni salaires élevés, ni avantages sociaux, ni formations...
En France, [...] les syndicats sont minoritaires et divisés.
Le profil des responsables syndicaux, issus des métiers les plus qualifiés et surtout de la fonction publique, les pousse à défendre les points de vue des classes moyennes, des détenteurs d'un emploi stable. Quand ils protestent contre la flexibilité, c'est ce monde bien garanti qu'ils défendent. Les employés à temps partiel, les ouvriers devenus précaires (...et les chômeurs ! ndlr) ? Personne ne les représente. Le plus grand service à rendre à la société française serait donc de lui faire comprendre comment elle est "fabriquée", si j'ose dire : avec ce corporatisme qui la fonde et organise la protection des plus protégés, et d'eux seuls. Comme un cercle vicieux.
A lire dans notre revue de presse :
De l'urgence de construire un nouveau modèle social
Comme on le voit, les hauts responsables syndicaux sont comme les hommes politiques :
pas du tout représentatifs de la population active française.
En France, seulement 8% des salariés sont syndiqués (ce qui fait environ
1,2 millions de personnes, soit la moitié de la population des demandeurs d'emploi). Et ces syndiqués sont essentiellement des salariés de grandes entreprises et du secteur public => bref, les moins fragiles !!!
L'aberration devient totale quand on songe que les précaires, les chômeurs et les salariés du privé échappent à tout soutien, toute protection syndicale, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin.
Dans l'organisation des syndicats, il n'existe même pas de branches spéciales pour ces populations. Et quand elles existent (je pense à la CGT-Chômeurs) elles sont regardées de haut par la confédération principale.
L'esprit corporatiste persiste dans les situations d'urgence, quand il s'agit d'organiser sa manif-spectacle sans "empiéter" sur les autres : je reviens sur l'exemple du CPE => alors qu'il s'agissait de s'unir massivement dès le mardi 31 janvier, jour-clé du début de l'examen en première lecture du projet de CPE par l'Assemblée nationale, certaines organisations ont négocié "l'étalement des actions" pour ne pas "interférer" avec la journée de mobilisation organisée par la CGT le 31 janvier ni avec la journée de grève et de manifestations des fédérations de fonctionnaires prévue le 2 février... La journée anti-CPE a donc été reléguée au mardi 7 février, bien que figurant en plein coeur de la période des vacances scolaires !
Bonjour l'efficacité !!! Bonjour la réactivité et le choix des priorités !
C'est comme si une boîte qui doit agir immédiatement pour récupérer un marché décisif loupait volontairement le coche. Nos syndicats fonctionnement à l'inverse d'une bonne entreprise : communication molle, stratégie nulle, aucune perspective de développement, organisation sclérosée. Ils sont ringards, ils scient sur la branche et vont à leur propre perte : le souci, c'est que leur responsabilité est IMMENSE dans la dégration des acquis sociaux farouchement conquis par nos aïeux. A croire qu'ils le font exprès => jamais ils n'ont été aussi inefficaces que depuis que la droite dure a repris le pouvoir en 2002 ! (Et je ne parle même pas de la responsabilité de la gauche, qui affiche la même apathie et la même désorganisation…)
Ce qui est dommage, c'est qu'au sein de ces syndicats il y a des militants de terrain qui sont vraiment valables et font leur boulot. Mais ils sont vite étouffés par la pyramide.
C'est dramatique pour toute la classe populaire et salariale.