Un ministre se paye un vol en jet privé à 116.500 euros

[naejjm]

27 Mars 2010 Par
Fabrice Arfi

Pour aider à la reconstruction d'Haïti après le terrible séisme qui a ravagé l'île début janvier, la République française est prête à tout. Y compris à envoyer son ministre de la coopération et de la francophonie en jet privé – et au prix fort – pour qu'il participe à la Conférence internationale des villes et régions du monde pour Haïti. Destinée à préparer la grande conférence des donateurs prévue la semaine prochaine aux Nations unies, celle-ci s'est tenue le 23 mars dernier sous le soleil de Fort-de-France, en Martinique.

Le secrétaire d'Etat Alain Joyandet, un amoureux des jets privés comme Mediapart l'a déjà raconté, n'a pas lésiné sur les moyens pour honorer la capitale antillaise de sa présence.

Alors que le gouvernement dispose d'une flotte d'avions et que la compagnie Air France assure plusieurs vols quotidiens vers la Martinique, le secrétaire d'Etat a préféré faire le déplacement en jet privé. Plusieurs compagnies installées au Bourget, comme Dassault Aviation ou Aéroservices, ont alors été démarchées par le ministère des affaires étrangères, dont dépend M. Joyandet, pour assurer le voyage.


Une des compagnies françaises approchées avait notamment proposé un aller-retour en Falcon 900 EX au ministre pour 107.000 euros. Mais il a décliné l'offre, se tournant vers un jet de la gamme au-dessus, un Falcon 7X, le même modèle que celui de Nicolas Sarkozy, loué à la compagnie portugaise Masterjet (n° de vol LMJ 322).

Montant total de la facture : 116.500 euros.

Parti de l'aéroport du Bourget le 22 mars à 18h56, Alain Joyandet a quitté Fort-de-France dans la nuit du lendemain pour revenir à Paris le 24 au petit matin et ainsi participer au premier conseil des ministres post-remaniement, comme le suggère son agenda officiel.

Contacté par Mediapart, le cabinet du secrétaire d'Etat à la coopération explique, pour justifier son choix, que «le dernier avion de ligne partait à 19 heures de France le 22 mars» et que «M. Joyandet avait un rendez-vous à 18h, à Paris, qu'il ne pouvait absolument pas annuler ce jour-là».

Pour le vol retour, précise-t-on dans l'entourage du secrétaire d'Etat, «le premier avion de ligne aurait fait rater le conseil des ministres à M. Joyandet, chose qu'il ne pouvait pas se permettre vu l'importance de ce conseil, le premier après les élections régionales». Quant à une préférence du ministre pour un Falcon 7X, pourtant plus cher que celui proposé par une des compagnies démarchées, le ministère réplique: «Il faut vérifier mais il était au même prix que l'autre, mais avec une escale. M. Joyandet est droit dans ses bottes.»

Ce n'est pas la première fois qu'Alain Joyandet, ancien journaliste et président du club de foot de Vesoul, fait montre de son attachement – partagé au gouvernement, il faut le dire – pour les vols en jet privé.

Déjà, pour un déplacement à Port-au-Prince le 14 janvier, juste après le séisme, le ministère des affaires étrangères avait déboursé dans les 160.000 euros pour un Falcon 900 de 14 places de la compagnie hollandaise Solid'Air. Outre M. Joyandet, trois conseillers, un officier de sécurité et quatre journalistes étaient du voyage.

Interrogé pour comprendre la raison de ce choix, le cabinet de M. Joyandet nous avait alors répondu: «La DGAC (Direction générale de l'aviation civile, ndlr) était en grève ce jour-là et nous avons fait affaire avec Jet Solutions (une compagnie d'affrètement). C'est tout ce que l'on peut vous dire.» Pas beaucoup, en somme.




Intérieur du Falcon 7X de M. Joyandet© DR

http://www.mediapart.fr/

[tristesir]

Ils n'auront qu'à supprimer des postes de fonctionnaires en plus pour rattraper ce gaspillage d'argent public

[romain23]

Ils n'auront qu'à supprimer des postes de fonctionnaires en plus pour rattraper ce gaspillage d'argent public

et surtout radier des chomeurs, ces faignéants qui gaspillent l'argent public, en restant devant la télé toute la journée , avec leur 420 € par mois!
Je n'ai jamais pu obtenir d'aide pour une voiture qui me permettrait d'acceder à l"emploi, j'aurai du demander un falcon.

[faribole]

rrrraaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

y'a des baffes qui se perdent (voire des balles en fait, mais pt'être qu'il faut préciser que c'est une exagération, une sorte de litote, une façon de parler, sinon je vais / on va avoir des problèmes avec not' bon prince)

quelle honte

"M. Joyandet avait un rendez-vous à 18h, à Paris, qu'il ne pouvait absolument pas annuler ce jour-là»."
alors je donnerais cher pour savoir avec qui, ce rv...

ce genre d'infos devrait être en une de n'importe quel canard qui se respecterait un peu.

[Ongles_noirs]

Bah, c'est pas une nouveauté, voir ici...
Et à chaque fois ça ne rate pas, le "bon peuple" s'émeut, de concert avec la presse, le temps d'un ou deux articles. Articles que ce même "bon peuple" aura miraculeusement oublié lorsque ces mêmes "zélus" lui demanderons de leur renouveler leur confiance...
Faut arrêter un peu là, nous savons tous que le système est "vérolé", comme nous savons tout aussi bien qu'il ne tient que grâce aux votards. Faut juste en tirer les bonnes conclusions...

[Invité]

Hier soir je suis tombée sur Capital, à la télé. On y voyait assez clairement comment on élève dès le biberon les futurs ministres, patrons de multinationales, patrons de banques, traders...
A aucun moment de leur vie, depuis leur naissance, ces gens-là ne sont confrontés avec la vie réelle. On le sait bien sûr, mais c'est quand même un choc chaque fois quand on le réalise. Pourquoi met-on ces gens-là à la tête du pays ?
Et même si on n'avait que des vrais gens au sommet de l'Etat, rien ne pourrait déboulonner cette caste à la tête de toutes les grosses boîtes.

[LILAS91]

Il a entièrement raison. Tous ceux qui sont à la tête du pays, sont là, grâce à NOUS !

Nous votons pour que notre société se voit toujours à sa tête, la même nature de BOBO ! C'est pour cela que l'on ne changera jamais de direction, ni de façon de traiter les problèmes de sociétés.

Ces braves BOBOS n'ont qu'une façon de voir les problèmes :

- si tu en es là (pauvre, à côté des meilleurs postes), c'est parce que tu le VEUX. Tu ne fais rien pour t'en sortir. Tu fais comme ton père....

Eux, président du pays, président d'une grande organisation commerciale, et ceci et cela, cela ne peut que couler de source. Même si au pied du mûr, c'est plutôt négatif....

C'est tout simplement grâce à nous.

Pourtant cet argent aurait fait du bien aux hôpitaux qui sont déjà dans la dêche !

[maguy]

A aucun moment de leur vie, depuis leur naissance, ces gens-là ne sont confrontés avec la vie réelle.

J'ai eu il y a quelques jours une discussion très dure avec un pote allemand qui affirmait que les Hartzis (version plus dure que le RSA français) n'étaient que les étrangers qui refusaient de suivre une formation.

Evidemment, les gens comme moi ou les autres Actuchomeurs, cela dérange sa vie de bourgeois, nés avec une entreprise tombée dans le premier pampers et qui ont commencé leur vie "professionnelle" à 30 ans après leurs études. Difficile de croire, comme je lui affirmais que nous sommes des millions comme moi (et encore je n'ai pas de diplôme après bac) à se retrouver sur le carreau...

Ce n'est même plus un déni, c'est une complète ignorance, il confond "Hartzis" et "étrangers" qui n'ont pas voulu apprendre l'allemand... je reste confondue et effondrée de tant d'indifférence et surtout d'ignorance et de mépris de classe

[diety]

Oui c'est dur d'entendre dire un (ancien) ami ce type de paroles. Moi-même j'en ai fait l'expérience avec un copain de longue date ce qui a refroidi nos liens d'amitié, en tout cas de mon côté. Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire, insister et discuter ? J'ai l'impression que c'est vain, et c'est surtout éprouvant et les paroles qui mélangent tout et qui ne s'appuient sur rien font mal car soi-même on fait partie des gens stigmatisé par l'ancien ami.

J'ai fait le choix de l'éviter, cet ami. Ce n'est pas particulièrement courageux de ma part. Je n'ai pas fait beaucoup d'efforts pour discuter ou maintenir nos liens, moi-même étant susceptible sur ce terrain, surtout parce que ça vient d'un proche.
Mais je ne pense pas être capable de changer ses préjugés. En plus, encore en temps d'amitié intacte, je lui avais confié que j'avais du mal avec le monde du travail en général. Peut-être je suis pour lui l'exemple vivant que "les chômeurs ne veulent pas travailler". Lui et sa femme ramènent chacun deux salaires de 8000 et 6000 euros par mois (c'était il y a quelques années, aujourd'hui c'est peut-être plus), ils ont hérités de plusieurs appartements et une maison, et leur épargne dépasse mon imagination. Les exemples donnés par l'ancien ami sont du genre "Dans ma rue je connais au moins deux jeunes au chômage qui n'ont pas voulu faire ceci ou travailler cela". Au dernier contact téléphonique je lui avais dit que lui étant physicien il devrait savoir que "deux issues d'une expérience" n'ont aucune valeur scientifique dans une population qui compte ses membres en plusieurs millions. Il devrait le savoir en tant que scientifique. Rien n'y fait, il préfère sa croyance au monde réel. Je le laisse avec ses certitudes, je pense que nos mondes respectifs sont aujourd'hui trop éloignés, et je le regrette.

Juste pour te dire Maguy que je comprends ta déception. Peut-être mets de la distance entre vous pour te préserver.

[maguy]

Juste pour te dire Maguy que je comprends ta déception. Peut-être mets de la distance entre vous pour te préserver.

Oui, je mets la distance, d'autant plus facilement que je connaissais leurs différences "primaires" de pensées. Qu'attendre de quelqu'un qui ne s'est jamais présenté, qui n'a jamais postulé, qui ne connait ni les doutes, ni les humiliations, ni les questions ?

J'ai pris mes distances, même après presque 29 ans d'amitié, ce n'est pas grave si tout est clair dans ma tête. Je peux juste me demander ce qui était si bien avant. J'avoue que je suis fatiguée aujourd'hui, pas amère, juste fatiguée, même pas déçue. Je l'ai dit ailleurs : que pourrait m'apprendre un fauve d'un régime végétarien ? Et bien, rien

Finalement, cher Diety c'est dur d'être nous, nous n'avons définitivement pas le profil des Hartzis, nous dérangeons...

[tristesir]

Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire, insister et discuter ? J'ai l'impression que c'est vain, et c'est surtout éprouvant et les paroles qui mélangent tout et qui ne s'appuient sur rien font mal car soi-même on fait partie des gens stigmatisé par l'ancien ami.

Je pense que tous ces gens qui ont des explications simples à la misère dans le monde s'accrochent à elles par confort intellectuel.
Cela rassure la plupart des gens de croire que seuls les fainéants et les étrangers n'ont pas de travail. Le moindre doute dans ces certitudes les renverrait à leur situation: et si demain c'était moi qui me retrouvait à 400 euros de revenu par mois forcé d'aller faire la queue au resto du coeur ou autres institutions cache-misère?
Dérangeant, vite, accrochons nous à nos certitudes...

On a tous nos certitudes qui nous rassurent à défaut d'être en phase avec le réel.