Futurs chômeurs : voilà ce qui vous pend au nez
Publié : 30 nov. 2005
Une partie de bras de fer se joue actuellement au siège du Medef où se déroulent les négociations sur l’assurance-chômage entre les partenaires sociaux de l’UNEDIC (organisations patronales et syndicales). Ce qui va être entériné dans les prochains jours, d'ici la fin de l’année, aura de très lourdes conséquences sur l’indemnisation des futurs chômeurs.
Autant dire que ces négociations concernent toutes celles et tous ceux qui, en France, peuvent perdre leur emploi en 2006/2007.
Imaginez-vous qu’en 2000, les comptes de l'Unedic présentaient un excédent de 1,3 milliards d'euros ! Imaginez-vous qu’il y a encore 3 ans, un chômeur pris en charge dans le cadre du PARE (Plan d’aide au retour à l’emploi) - filière "B" - bénéficiait de 30 mois d’allocation chômage, pour un montant moyen de 57% de son salaire brut. Pour faire face au déficit des comptes de l’UNEDIC, la convention signée en 2002 (actuellement appliquée) ramena cette durée d’indemnisation à 23 mois sans en modifier le montant. Pour les années 2006 et suivantes, le Medef envisage des mesures drastiques pour résorber le déficit abyssal de l’UNEDIC qui se monte maintenant à 14 milliards d’euros.
Selon des sources concordantes, l’organisation patronale prévoirait une réduction des durées d’indemnisation du chômage. Celle de la filière "B" pourrait passer de 23 mois à 15 mois, voire même à 12 ! Le Medef prône aussi un retour à la dégressivité. Lorsqu’elle était en usage (avant que le PARE ne stabilise le montant des ressources sur la totalité de la durée d’indemnisation), la dégressivité se traduisait par une chute progressive des allocations qui, tous les 4 mois, étaient amputées de 17%.
Quelle que soit la mesure finalement retenue, ce qui pend au nez des futurs chômeurs peut être résumé en une phrase : «ils seront indemnisés moins longtemps et basculeront plus rapidement dans les minima sociaux (ASS ou RMI), sous réserve qu’ils y aient droit».
Prenons un exemple simple pour étayer ces hypothèses (réalistes, malheureusement).
• Réduction de la durée d’indemnisation
Mars 2006, madame X est licenciée. Dans son cas, la nouvelle convention d’assurance-chômage prévoit 15 mois d’indemnisation (contre 23 actuellement et 30 il y a trois ans). Rémunérée 2.000 euros brut lorsqu’elle était en activité, elle touche des Assédic 1.140 euros (57% de son salaire brut). Si d’ici juin 2007, madame X ne retrouve pas de travail, elle bascule à l'Allocation spécifique de solidarité (si elle a travaillé 5 ans sur les dix dernières années) ou au RMI, sous réserve que son foyer fiscal ne dépasse pas un certain seuil de ressources. Dans le cas contraire madame X ne touchera plus rien.
• Retour à la dégressivité
Madame X touche pendant ses 4 premiers mois de chômage son allocation à taux plein. Sur les 4 mois suivants, son indemnisation est amputée de 17%. Quatre mois plus tard, rebelote… Quinze mois après avoir été licenciée, madame X risque fort de se retrouver à l’ASS (14 euros par jour, 420 euros par mois) ou au RMI, sous réserve qu’elle y ait droit.
La convention actuellement négociée par les partenaires sociaux de l’UNEDIC se traduira par la casse de l'actuel régime d’assurance-chômage. Selon nos dernières informations (datant du 1er décembre), le marchandage a débuté entre patronat et syndicats pour savoir quelles seront les durées d'indemnisation des différentes filières (la "B" pourrait être réduite de 5 à 8 mois. Dans le meilleur des cas, les chômeurs relevant de cette filière seront alors couverts pendant un an et demi contre 23 mois actuellement et 30 au début des années 2000).
Les salariés ne semblent guère concernés par cette question pourtant cruciale qui se soldera par un accroissement de la précarité financière et de la pauvreté. Seuls les chômeurs actuels se mobilisent – faiblement d’ailleurs – pour ceux de demain, alors qu’a priori ils ne seront pas touchés par cette modification des conditions d’indemnisation. Dans ce contexte de résignation, les mesures envisagées risquent d’être adoptées (comme elles le furent en 2002 avec l’aval de la CFDT).
La dernière réunion des partenaires sociaux de l’UNEDIC s'est tenue le 1er décembre au siège du Medef (tout un symbole). Pour tenter de contrecarrer les plans de l’organisation patronale, les associations de chômeurs appellent à une manifestation samedi 3 décembre à Paris (rassemblement à Château rouge, direction place de Clichy). Il est hélas peu probable de voir les salariés se joindre en masse à ce défilé. Pourtant, tous ces chômeurs potentiels auraient intérêt à se mobiliser en nombre au vu de ce que l’avenir leur réserve.
Autant dire que ces négociations concernent toutes celles et tous ceux qui, en France, peuvent perdre leur emploi en 2006/2007.
Imaginez-vous qu’en 2000, les comptes de l'Unedic présentaient un excédent de 1,3 milliards d'euros ! Imaginez-vous qu’il y a encore 3 ans, un chômeur pris en charge dans le cadre du PARE (Plan d’aide au retour à l’emploi) - filière "B" - bénéficiait de 30 mois d’allocation chômage, pour un montant moyen de 57% de son salaire brut. Pour faire face au déficit des comptes de l’UNEDIC, la convention signée en 2002 (actuellement appliquée) ramena cette durée d’indemnisation à 23 mois sans en modifier le montant. Pour les années 2006 et suivantes, le Medef envisage des mesures drastiques pour résorber le déficit abyssal de l’UNEDIC qui se monte maintenant à 14 milliards d’euros.
Selon des sources concordantes, l’organisation patronale prévoirait une réduction des durées d’indemnisation du chômage. Celle de la filière "B" pourrait passer de 23 mois à 15 mois, voire même à 12 ! Le Medef prône aussi un retour à la dégressivité. Lorsqu’elle était en usage (avant que le PARE ne stabilise le montant des ressources sur la totalité de la durée d’indemnisation), la dégressivité se traduisait par une chute progressive des allocations qui, tous les 4 mois, étaient amputées de 17%.
Quelle que soit la mesure finalement retenue, ce qui pend au nez des futurs chômeurs peut être résumé en une phrase : «ils seront indemnisés moins longtemps et basculeront plus rapidement dans les minima sociaux (ASS ou RMI), sous réserve qu’ils y aient droit».
Prenons un exemple simple pour étayer ces hypothèses (réalistes, malheureusement).
• Réduction de la durée d’indemnisation
Mars 2006, madame X est licenciée. Dans son cas, la nouvelle convention d’assurance-chômage prévoit 15 mois d’indemnisation (contre 23 actuellement et 30 il y a trois ans). Rémunérée 2.000 euros brut lorsqu’elle était en activité, elle touche des Assédic 1.140 euros (57% de son salaire brut). Si d’ici juin 2007, madame X ne retrouve pas de travail, elle bascule à l'Allocation spécifique de solidarité (si elle a travaillé 5 ans sur les dix dernières années) ou au RMI, sous réserve que son foyer fiscal ne dépasse pas un certain seuil de ressources. Dans le cas contraire madame X ne touchera plus rien.
• Retour à la dégressivité
Madame X touche pendant ses 4 premiers mois de chômage son allocation à taux plein. Sur les 4 mois suivants, son indemnisation est amputée de 17%. Quatre mois plus tard, rebelote… Quinze mois après avoir été licenciée, madame X risque fort de se retrouver à l’ASS (14 euros par jour, 420 euros par mois) ou au RMI, sous réserve qu’elle y ait droit.
La convention actuellement négociée par les partenaires sociaux de l’UNEDIC se traduira par la casse de l'actuel régime d’assurance-chômage. Selon nos dernières informations (datant du 1er décembre), le marchandage a débuté entre patronat et syndicats pour savoir quelles seront les durées d'indemnisation des différentes filières (la "B" pourrait être réduite de 5 à 8 mois. Dans le meilleur des cas, les chômeurs relevant de cette filière seront alors couverts pendant un an et demi contre 23 mois actuellement et 30 au début des années 2000).
Les salariés ne semblent guère concernés par cette question pourtant cruciale qui se soldera par un accroissement de la précarité financière et de la pauvreté. Seuls les chômeurs actuels se mobilisent – faiblement d’ailleurs – pour ceux de demain, alors qu’a priori ils ne seront pas touchés par cette modification des conditions d’indemnisation. Dans ce contexte de résignation, les mesures envisagées risquent d’être adoptées (comme elles le furent en 2002 avec l’aval de la CFDT).
La dernière réunion des partenaires sociaux de l’UNEDIC s'est tenue le 1er décembre au siège du Medef (tout un symbole). Pour tenter de contrecarrer les plans de l’organisation patronale, les associations de chômeurs appellent à une manifestation samedi 3 décembre à Paris (rassemblement à Château rouge, direction place de Clichy). Il est hélas peu probable de voir les salariés se joindre en masse à ce défilé. Pourtant, tous ces chômeurs potentiels auraient intérêt à se mobiliser en nombre au vu de ce que l’avenir leur réserve.