dégradation des relations humaines
dégradation des relations humaines
http://narvic.fr/2009/11/pas-de-sdf-dev ... ns-parole/
Ce sont juste des photos (d’Arnaud Elfort et Guillaume Schaller), rassemblées dans un album sur Flickr (licence CC), sans parole, sans texte ou presque, avec seulement une petite présentation en guise d’introduction, mais sans aucune légende :
« Les excroissances urbaines anti-SDF se multiplient à Paris (ou ailleurs), et repoussent les démunis vers des zones encore plus inhospitalières.
Cette violence ordonnée, indifférente aux souffrances d’autrui est une réponse silencieuse et paradoxale à l’ultime précarité, en n’améliorant que la qualité de vie des parisiens dérangés par la misère de France.
En réalité, ces initiatives (collectives, privées, publiques), ne participent qu’à la dégradation des relations humaines, et au triomphe égoïste de l’individualisme. »
Ce sont juste des photos (d’Arnaud Elfort et Guillaume Schaller), rassemblées dans un album sur Flickr (licence CC), sans parole, sans texte ou presque, avec seulement une petite présentation en guise d’introduction, mais sans aucune légende :
« Les excroissances urbaines anti-SDF se multiplient à Paris (ou ailleurs), et repoussent les démunis vers des zones encore plus inhospitalières.
Cette violence ordonnée, indifférente aux souffrances d’autrui est une réponse silencieuse et paradoxale à l’ultime précarité, en n’améliorant que la qualité de vie des parisiens dérangés par la misère de France.
En réalité, ces initiatives (collectives, privées, publiques), ne participent qu’à la dégradation des relations humaines, et au triomphe égoïste de l’individualisme. »
Re: dégradation des relations humaines..
Impressionnant toute cette débauche d'obstacles anti-sdf.
Le mobilier urbain est étudié pour constituer de tels obstacles: bancs dans les arrêts de bus, banc perchoirs dans le métro où on ne peut pas s'allonger.
Dans les forêts d'Ile-de-France se constituent des camps de fortune composés de gens, sans domicile, chassés des centres villes.
Le mobilier urbain est étudié pour constituer de tels obstacles: bancs dans les arrêts de bus, banc perchoirs dans le métro où on ne peut pas s'allonger.
Dans les forêts d'Ile-de-France se constituent des camps de fortune composés de gens, sans domicile, chassés des centres villes.
dégradation des relations humaines..
Empêcher les SDF de s'asseoir : la ville ne manque pas d'idées
http://www.rue89.com/photo-rue/2009/11/ ... age=10%2C9
http://www.rue89.com/photo-rue/2009/11/ ... age=10%2C9
Re: dégradation des relations humaines..
Premièr objectif : rendre invisibles ceux qui gênent au lieu de résoudre le problème qui gêne.
L'inactivité, le repos, la pause, s'assoir, se coucher, dormir, ce sont des péchés dans l'agitation actuelle du vide. On n'a le droit de le faire qu'en cachette. J'entends le "circulez !" ordonné d'une mine de pierre par le flic à quelqu'un qui s'arrête un moment pour regarder ce que fait la police. On ne veut pas de témoins. Le chômeur "inactif" doit être sanctionné, puni, pour éviter la perte d'électeurs, et pour éviter que l'inactivité stimule une activité mentale non souhaitée de la part du pouvoir. Au travail, combien de gens se sentent obligés de faire semblant d'être hyper occupé, par peur de figurer sur la prochaine liste de personnes à licencier ?
C'est pour ces raisons que j'ai particulièrement apprécié l'article "...soyons de mauvais chômeurs". Je l'ai trouvé encourageant, même nous donnant un peu de dignité dans la démobilisation généralisée. Les idées exprimées dans l'article transforment les apparentes faiblesses en forces. J'aime bien cet inversement surprenant des rôles, des forces, des positions. Cela me fait penser à certaines techniques de combats où le physiquement faible transforme la force surdimensionnée de l'adversaire contre celui-ci : sa force lui revient dans la gueule.
L'inactivité, le repos, la pause, s'assoir, se coucher, dormir, ce sont des péchés dans l'agitation actuelle du vide. On n'a le droit de le faire qu'en cachette. J'entends le "circulez !" ordonné d'une mine de pierre par le flic à quelqu'un qui s'arrête un moment pour regarder ce que fait la police. On ne veut pas de témoins. Le chômeur "inactif" doit être sanctionné, puni, pour éviter la perte d'électeurs, et pour éviter que l'inactivité stimule une activité mentale non souhaitée de la part du pouvoir. Au travail, combien de gens se sentent obligés de faire semblant d'être hyper occupé, par peur de figurer sur la prochaine liste de personnes à licencier ?
C'est pour ces raisons que j'ai particulièrement apprécié l'article "...soyons de mauvais chômeurs". Je l'ai trouvé encourageant, même nous donnant un peu de dignité dans la démobilisation généralisée. Les idées exprimées dans l'article transforment les apparentes faiblesses en forces. J'aime bien cet inversement surprenant des rôles, des forces, des positions. Cela me fait penser à certaines techniques de combats où le physiquement faible transforme la force surdimensionnée de l'adversaire contre celui-ci : sa force lui revient dans la gueule.
SDF, l'urgence sans fin
Un texte sur l'accès à un hébergement momentané et l'accès aux droits : http://www.lien-social.com/spip.php?art ... d_groupe=3
Sur la page, d'autres textes.
Sur la page, d'autres textes.
Re: dégradation des relations humaines
Dimanche, en plus d’être transformés en salon Ikéa, les quais de la station Concorde sont devenus une scène de théâtre. Un groupe de danseurs a réalisé un «attentat chorégraphique» à l’endroit même où Ikéa a mis en place de nouveaux modèles de canapés pour en faire la promotion auprès des usagers franciliens.
Objectif : dénoncer cette opération marketing alors que depuis des années, la RATP «remplace ses bancs par des sièges individuels ou les barrer d'accoudoirs» pour empêcher que les SDF s’y installent.
Le groupe dénonce une «apologie du confort à l'endroit même où se réfugiaient ceux qui en sont privés».
Au final, cela donne un joyeux bazar, sous les yeux médusés des passagers du métro, qui se demandent ce qui se passe...
http://www.20minutes.fr/article/392310/ ... -metro.php
Objectif : dénoncer cette opération marketing alors que depuis des années, la RATP «remplace ses bancs par des sièges individuels ou les barrer d'accoudoirs» pour empêcher que les SDF s’y installent.
Le groupe dénonce une «apologie du confort à l'endroit même où se réfugiaient ceux qui en sont privés».
Au final, cela donne un joyeux bazar, sous les yeux médusés des passagers du métro, qui se demandent ce qui se passe...
http://www.20minutes.fr/article/392310/ ... -metro.php
Re: dégradation des relations humaines
Franchement, pas terrible.
A part attirer l'attention sur les canapés Ikea, je ne vois pas bien le message. La seule chose parlante, ce sont les types couchés par terre, à côté des canapés.
J'ai bien mieux aimé le genre de manif "sauvons les riches" ou la "manif anti écolos", ou l'intervention dans les magasins au moment des soldes. C'était plus mordant, et plus marrant. La dérision permet de mettre en évidence les injustices et la connerie.
A part attirer l'attention sur les canapés Ikea, je ne vois pas bien le message. La seule chose parlante, ce sont les types couchés par terre, à côté des canapés.
J'ai bien mieux aimé le genre de manif "sauvons les riches" ou la "manif anti écolos", ou l'intervention dans les magasins au moment des soldes. C'était plus mordant, et plus marrant. La dérision permet de mettre en évidence les injustices et la connerie.
Re: dégradation des relations humaines
Le problème avec les SDF c'est surtout qu'y a pas grand monde qui se dévoue pour les loger: faites les annonces en précisant aux proprios que vous touchez le rsa, on va vous envoyer vous faire foutre de tous les côtés.
Alors pour compenser on gueule pour qu'ils aient des stations de métro plus confortables.
Alors pour compenser on gueule pour qu'ils aient des stations de métro plus confortables.
La Halde s’attaque au racisme anti-pauvres
Un groupe de travail de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) étudie la possibilité de poursuivre pour discrimination ceux qui s’en prennent aux personnes socialement défavorisées
La mère de Manon habite en région lilloise. Elle fait partie des Français vivant sous le seuil de pauvreté. Impossible pour cette mère de famille d’accompagner les enfants en sortie scolaire. « Ce n’est pas la peine, nous sommes déjà assez nombreux», lui répond-on à chaque fois. Quant à sa fille, elle est devenue la tête de Turc de sa classe de CM1. Lors d’une récente invasion de poux, tant les parents d’élèves que les camarades de classe ont tout de suite désigné les responsables: Manon et son manque d’hygiène.
C’est sur plusieurs cas semblables qu’un groupe de travail de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) s’est penché cette semaine pour étudier la possibilité d’instituer une nouvelle incrimination pénale. ATD Quart Monde, auditionnée devant le comité d’experts, s’est chargée de collecter des exemples concrets de stigmatisation pour raison de pauvreté. Pour Célia ClémentDemange, chargée de défendre le dossier étayé par l’organisation, ils sont légion. « Il peut s’agir de médecins refusant d’accepter des patients qui bénéficient de la couverture maladie universelle (CMU) ou encore de bailleurs écartant les dossiers des locataires qui touchent les APL alors que l’aide couvre la totalité du loyer» , souligne la militante, pour qui se développe un véritable racisme anti-pauvres.
Pour l’heure, le droit français ne prend pas en compte les pratiques discriminatoires en raison de la situation sociale. Le code pénal reconnaît 17 critères de discrimination : l’origine, le sexe, la situation de famille, la grossesse, l’apparence physique, le patronyme, l’état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, les mœurs, l’orientation sexuelle, l’âge, les opinions politiques, les activités syndicales et enfin l’appartenance à une ethnie, une nation ou une religion. « La difficulté est de trouver des contours précis à ce type d’injustice, précise Célia Clément-Demange. Une personne pauvre, malheureusement, cumule les risques de discriminations sur d’autres critères que son origine sociale. C’est parfois très difficile à démêler. Ce qui est sûr, c’est que le fait d’être pauvre représente un obstacle supplémentaire. »
Pour le moment, la Halde continue à mobiliser les juristes de son comité consultatif. Elle doit rendre prochainement un rapport sur la question. Mais définir la nouvelle incrimination sur la base d’un critère « social » pourrait s’avérer difficile à appliquer. L’institution envisage donc de s’appuyer sur l’adresse de la personne pour faire valoir l’effectivité de sa mise à l’écart du groupe social. L’accès à l’emploi est souvent entravé en raison du quartier de résidence ou de la ville d’origine du demandeur.
Dans un rapport remis en juillet dernier à Éric Besson, ministre de l’immigration, le cabinet Deloitte a proposé que la loi punisse cette stigmatisation. L’entreprise d’audit, après une série de tests, avait notamment montré que les candidats à des postes de comptables, même s’ils portent des noms à consonance française, sont très largement écartés des entretiens d’embauche s’ils vivent dans des zones urbaines sensibles. Un préjudice qui reste toutefois difficile à démontrer.
En attendant, d’autres pays, comme le Canada ou la Belgique, ont déjà prévu des sanctions contre les pratiques discriminatoires à l’encontre des pauvres, comme des riches d’ailleurs. ATD Quart Monde réclame que la France leur emboîte le pas en ratifiant le protocole européen qui permet d’invoquer l’article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), lequel reconnaît le critère de discrimination sociale.
Le code pénal reconnaît 17 critères de discrimination.
http://www.la-croix.com/
La mère de Manon habite en région lilloise. Elle fait partie des Français vivant sous le seuil de pauvreté. Impossible pour cette mère de famille d’accompagner les enfants en sortie scolaire. « Ce n’est pas la peine, nous sommes déjà assez nombreux», lui répond-on à chaque fois. Quant à sa fille, elle est devenue la tête de Turc de sa classe de CM1. Lors d’une récente invasion de poux, tant les parents d’élèves que les camarades de classe ont tout de suite désigné les responsables: Manon et son manque d’hygiène.
C’est sur plusieurs cas semblables qu’un groupe de travail de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) s’est penché cette semaine pour étudier la possibilité d’instituer une nouvelle incrimination pénale. ATD Quart Monde, auditionnée devant le comité d’experts, s’est chargée de collecter des exemples concrets de stigmatisation pour raison de pauvreté. Pour Célia ClémentDemange, chargée de défendre le dossier étayé par l’organisation, ils sont légion. « Il peut s’agir de médecins refusant d’accepter des patients qui bénéficient de la couverture maladie universelle (CMU) ou encore de bailleurs écartant les dossiers des locataires qui touchent les APL alors que l’aide couvre la totalité du loyer» , souligne la militante, pour qui se développe un véritable racisme anti-pauvres.
Pour l’heure, le droit français ne prend pas en compte les pratiques discriminatoires en raison de la situation sociale. Le code pénal reconnaît 17 critères de discrimination : l’origine, le sexe, la situation de famille, la grossesse, l’apparence physique, le patronyme, l’état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, les mœurs, l’orientation sexuelle, l’âge, les opinions politiques, les activités syndicales et enfin l’appartenance à une ethnie, une nation ou une religion. « La difficulté est de trouver des contours précis à ce type d’injustice, précise Célia Clément-Demange. Une personne pauvre, malheureusement, cumule les risques de discriminations sur d’autres critères que son origine sociale. C’est parfois très difficile à démêler. Ce qui est sûr, c’est que le fait d’être pauvre représente un obstacle supplémentaire. »
Pour le moment, la Halde continue à mobiliser les juristes de son comité consultatif. Elle doit rendre prochainement un rapport sur la question. Mais définir la nouvelle incrimination sur la base d’un critère « social » pourrait s’avérer difficile à appliquer. L’institution envisage donc de s’appuyer sur l’adresse de la personne pour faire valoir l’effectivité de sa mise à l’écart du groupe social. L’accès à l’emploi est souvent entravé en raison du quartier de résidence ou de la ville d’origine du demandeur.
Dans un rapport remis en juillet dernier à Éric Besson, ministre de l’immigration, le cabinet Deloitte a proposé que la loi punisse cette stigmatisation. L’entreprise d’audit, après une série de tests, avait notamment montré que les candidats à des postes de comptables, même s’ils portent des noms à consonance française, sont très largement écartés des entretiens d’embauche s’ils vivent dans des zones urbaines sensibles. Un préjudice qui reste toutefois difficile à démontrer.
En attendant, d’autres pays, comme le Canada ou la Belgique, ont déjà prévu des sanctions contre les pratiques discriminatoires à l’encontre des pauvres, comme des riches d’ailleurs. ATD Quart Monde réclame que la France leur emboîte le pas en ratifiant le protocole européen qui permet d’invoquer l’article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), lequel reconnaît le critère de discrimination sociale.
Le code pénal reconnaît 17 critères de discrimination.
http://www.la-croix.com/
dégradation des relations humaines
Société désenchantée
La société française connaît actuellement une phase de désenchantement. Les sondages d’opinion traduisent un rejet des politiques actuelles et un scepticisme sur des alternatives possibles.
L’augmentation du chômage et de la précarité a été gérée jusqu’ici comme si tout cela n’était que passager et qu’on allait revenir à une situation jugée a posteriori « glorieuse » 1. D’où la multiplicité des mesures, des dispositifs qui traduisent moins des politiques cohérentes qu’une panne de sens chez les décideurs. Et l’on continue à invoquer rituellement une croissance qui serait la solution magique à tous nos maux. Elle nous éviterait l’indispensable travail de remise en cause des outils intellectuels avec lesquels nous lisons les réalités socio-économiques et l’invention de nouvelles formes de solidarité avec le nombre croissant de personnes en voie d’exclusion sociétale.
Les analyses d’opinion montrent que non seulement nombre de Français vivent la crise en téléspectateurs désabusés, mais que les jeunes ressentent de plus en plus une difficulté à se projeter dans le monde de demain. Selon le baromètre annuel IPSOS pour le Secours Populaire publié le 20 septembre dernier, un jeune sur deux se dit angoissé par son avenir. Plus d'un sur trois affirme être en colère quand il pense à son avenir. La moitié d'entre eux doute que les études garantissent une insertion plus facile dans le monde du travail. Mais ce qui inquiète aussi les jeunes c'est la pauvreté. Un tiers des Français dit avoir déjà vécu une situation de pauvreté, poussant ainsi le président du Secours populaire, Julien Lauprêtre, à évoquer un "raz-de-marée de la misère".
Ces constats inquiétants ne devraient cependant pas nous faire oublier que notre crise se passe dans un des pays les plus riches du monde et dont la richesse a continué, certes plus faiblement, d’augmenter. Loin de nous décourager, ils doivent nous conduire à prendre nos responsabilités pour remettre en cause nos prétendues « évidences » et développer nos capacités d’imagination et de création
Aussi, dans cette période, est-il est capital d’entendre ceux qui ont pris le risque d’inventer, à la base, de nouveaux espaces de solidarité et de créativité. Parmi ces acteurs qui ont affronté cette crise sur le terrain, Annie DREUILLE, créatrice de la « Maison des chômeurs » de Toulouse, vient de publier le récit d’une aventure de plus de 20 ans au service des chômeurs et des précaires. 2 Cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre. Il nous décrit d’abord le cheminement d’une personne que des convictions chrétiennes fortes ont conduite à quitter une situation établie pour se risquer à inventer un espace laïc pour accueillir ceux que le chômage éloignait peu à peu de toute vie sociale et citoyenne. Créée pour faire face à une urgence dans la foulée du mouvement Partage initié par Maurice Pagat, cette maison des chômeurs s’est voulue un lieu de convivialité et citoyenneté sociale sachant proposer en même temps des services concrets aux demandeurs d’emplois, l’invitation à militer dans les mouvements de chômeurs, un lieu d’analyse et de réflexion sur les nouveaux modes de vie où intervenait régulièrement des chercheurs en sciences sociales et des responsables publics et privés des politiques sociales.
André GORZ fut un des intellectuels très présent dans cette aventure. Pour lui, la Maison Partage de Toulouse illustrait ce type de lieux indispensables pour permettre à nos sociétés de faire de la crise une chance d’évolution de nos modes de vie. « Il s’agissait de rassembler dans un même lieu café, journaux, conseils juridiques, conseils Assedic, conseils logement, réflexion citoyenne, organisation de colloques, de débats, d’activités culturelles et sportives. Je dirais que la maison Partage, qui se voulait une « Académie du temps libéré » 3, était un espace éducatif au sens originaire, où rien d’autre n’était proposé et demandé à chacun que d'essayer, par les échanges et avec l’aide des autres, de trouver un chemin vers lui-même» 4.
À l’heure où tant de nos concitoyens se sentent menacés d’exclusion, nul doute que la création de tels espaces ne soit une priorité.
Bernard Ginisty
1 - L’expression de « trente glorieuse » a été créée par le démographe Jean Fourastié dans un ouvrage publié en 1979 où il montrait comment, de 1946 à 1975, une croissance continue a bouleverse profondément la société française : Les Trente Glorieuses ou la révolution invisible de 1946 à 1975, Éditions Fayard 1979
2 - Annie DREUILLE : La maison des chômeurs. Une expérience solidaire. Éditions Nouvelles Editions Loubatières 2010, 190 pages, 17 euros.
3 - Cette réflexion sur une autre façon d’habiter le temps a été au cœur des initiatives de la Maison des Chômeurs. Deux ouvrages collectifs en rendent compte : Le temps libéré, tout travail non travail, histoire de fous (1995) et L’Académie du temps libéré, pour une réconciliation avec la vie sociale et politique (1997) Éditions Maison Partage et Cépadues.
4 - André GORZ : Tous entrepreneurs ? in Les aventuriers de l’économie solidaire. Entre reconnaissance et résistance : la quête des chômeurs-créateurs Éditions l’Harmattan 2002 Ouvrage collectif dirigé par Annie DREUILLE, page 209.
http://www.garriguesetsentiers.org/arti ... 73567.html
La société française connaît actuellement une phase de désenchantement. Les sondages d’opinion traduisent un rejet des politiques actuelles et un scepticisme sur des alternatives possibles.
L’augmentation du chômage et de la précarité a été gérée jusqu’ici comme si tout cela n’était que passager et qu’on allait revenir à une situation jugée a posteriori « glorieuse » 1. D’où la multiplicité des mesures, des dispositifs qui traduisent moins des politiques cohérentes qu’une panne de sens chez les décideurs. Et l’on continue à invoquer rituellement une croissance qui serait la solution magique à tous nos maux. Elle nous éviterait l’indispensable travail de remise en cause des outils intellectuels avec lesquels nous lisons les réalités socio-économiques et l’invention de nouvelles formes de solidarité avec le nombre croissant de personnes en voie d’exclusion sociétale.
Les analyses d’opinion montrent que non seulement nombre de Français vivent la crise en téléspectateurs désabusés, mais que les jeunes ressentent de plus en plus une difficulté à se projeter dans le monde de demain. Selon le baromètre annuel IPSOS pour le Secours Populaire publié le 20 septembre dernier, un jeune sur deux se dit angoissé par son avenir. Plus d'un sur trois affirme être en colère quand il pense à son avenir. La moitié d'entre eux doute que les études garantissent une insertion plus facile dans le monde du travail. Mais ce qui inquiète aussi les jeunes c'est la pauvreté. Un tiers des Français dit avoir déjà vécu une situation de pauvreté, poussant ainsi le président du Secours populaire, Julien Lauprêtre, à évoquer un "raz-de-marée de la misère".
Ces constats inquiétants ne devraient cependant pas nous faire oublier que notre crise se passe dans un des pays les plus riches du monde et dont la richesse a continué, certes plus faiblement, d’augmenter. Loin de nous décourager, ils doivent nous conduire à prendre nos responsabilités pour remettre en cause nos prétendues « évidences » et développer nos capacités d’imagination et de création
Aussi, dans cette période, est-il est capital d’entendre ceux qui ont pris le risque d’inventer, à la base, de nouveaux espaces de solidarité et de créativité. Parmi ces acteurs qui ont affronté cette crise sur le terrain, Annie DREUILLE, créatrice de la « Maison des chômeurs » de Toulouse, vient de publier le récit d’une aventure de plus de 20 ans au service des chômeurs et des précaires. 2 Cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre. Il nous décrit d’abord le cheminement d’une personne que des convictions chrétiennes fortes ont conduite à quitter une situation établie pour se risquer à inventer un espace laïc pour accueillir ceux que le chômage éloignait peu à peu de toute vie sociale et citoyenne. Créée pour faire face à une urgence dans la foulée du mouvement Partage initié par Maurice Pagat, cette maison des chômeurs s’est voulue un lieu de convivialité et citoyenneté sociale sachant proposer en même temps des services concrets aux demandeurs d’emplois, l’invitation à militer dans les mouvements de chômeurs, un lieu d’analyse et de réflexion sur les nouveaux modes de vie où intervenait régulièrement des chercheurs en sciences sociales et des responsables publics et privés des politiques sociales.
André GORZ fut un des intellectuels très présent dans cette aventure. Pour lui, la Maison Partage de Toulouse illustrait ce type de lieux indispensables pour permettre à nos sociétés de faire de la crise une chance d’évolution de nos modes de vie. « Il s’agissait de rassembler dans un même lieu café, journaux, conseils juridiques, conseils Assedic, conseils logement, réflexion citoyenne, organisation de colloques, de débats, d’activités culturelles et sportives. Je dirais que la maison Partage, qui se voulait une « Académie du temps libéré » 3, était un espace éducatif au sens originaire, où rien d’autre n’était proposé et demandé à chacun que d'essayer, par les échanges et avec l’aide des autres, de trouver un chemin vers lui-même» 4.
À l’heure où tant de nos concitoyens se sentent menacés d’exclusion, nul doute que la création de tels espaces ne soit une priorité.
Bernard Ginisty
1 - L’expression de « trente glorieuse » a été créée par le démographe Jean Fourastié dans un ouvrage publié en 1979 où il montrait comment, de 1946 à 1975, une croissance continue a bouleverse profondément la société française : Les Trente Glorieuses ou la révolution invisible de 1946 à 1975, Éditions Fayard 1979
2 - Annie DREUILLE : La maison des chômeurs. Une expérience solidaire. Éditions Nouvelles Editions Loubatières 2010, 190 pages, 17 euros.
3 - Cette réflexion sur une autre façon d’habiter le temps a été au cœur des initiatives de la Maison des Chômeurs. Deux ouvrages collectifs en rendent compte : Le temps libéré, tout travail non travail, histoire de fous (1995) et L’Académie du temps libéré, pour une réconciliation avec la vie sociale et politique (1997) Éditions Maison Partage et Cépadues.
4 - André GORZ : Tous entrepreneurs ? in Les aventuriers de l’économie solidaire. Entre reconnaissance et résistance : la quête des chômeurs-créateurs Éditions l’Harmattan 2002 Ouvrage collectif dirigé par Annie DREUILLE, page 209.
http://www.garriguesetsentiers.org/arti ... 73567.html
Dégradation des relations humaines
Policiers casseurs ? Une vidéo fait débat sur le net
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3473
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3473