Il me semble que ce forum n'est pas l'endroit pour appeler des confidences intimes... Le risque est double : ouvrir à l'insu des personnes une plaie qui peut provoquer des dégâts, alimenter un "voyeurisme malsain" en jouant les "apprentis psychologues".
J'ai un autre avis sur le sujet. Dire/écrire que l'on a (eu) des idées suicidaires, en plus dans un contexte problématique de travail, cela a tout à fait sa place dans un forum militant dans ses réflexions sur le travail dans notre société.
Livrer des pensées "intimes" est aussi une question culturelle; j'ai eu l'occasion de réfléchir un peu sur le sujet par mon expérience de la culture française et allemande.
Mon expérience est que quand j'osais parler de mes problèmes un peu "intimes" (peu importe leur nature) à des amis ou des connaissances en France, j'avais l'impression de faire fuir tout le monde. En Allemagne j'ai moins observé cette réaction (surtout entres amis). Je pense que cette expérience n'est pas unique car on la retrouve partiellement dans des préjugés qui sont toujours faux dans la généralité : une certaine "superficialité" des Français et "des Allemands qui problématiquent tout".
Je n'ai toujours pas compris ce phénomène dans sa globalité car il est évidemment plus complexe que sa version simpliste sur un niveau d'idée reçue.
En tout cas je trouve que ce forum est bien un endroit où une personne peut livrer sa souffrance, surtout si elle a un lien avec le travail. Justement, un amplificateur de la souffrance est que l'on ne peut en parler nulle part. Pour chaque souffrance son spécialiste, et à la maison et dans la vie sociale "tout va toujours bien" ? (Ça va ? Oui ça va.) Cela m'a toujours impressionné à quel degré de souffrance on peut encore répondre que ça va quand ça ne va pas.
Je ne voudrais pas que mes propos soient compris comme un appel au grand déballage. Le suicide et la mort, à mon avis, ne sont néanmoins pas si intime que ça. La mort est la condition humaine, comme la vie. Et je suis sûr que presque tous ici ont, un jour ou un autre, pensé à cette possibilité ultime à un moment de la vie. Je pense que d'y penser fait même partie de notre existence, y penser parfois nous soulage. Y penser ou le faire sont deux choses radicalement différentes (encore une banalité). C'est quand des pensées suicidaires deviennent récurrentes, obsédantes, qu'il y a une urgence.
Dire (ou écrire) que l'on a pensé dans une situation x ou y comme Sophie vient de le faire est à mes yeux normal, sans vouloir banaliser! Ce n'est ni un déballage ni un appel, mais je comprends que cela puisse déconcerter ou faire peur car cela fait partie des tabous (culturels, sociaux ?). Personnellement je trouve cela normal.
En fait je vois une pensée suicidaire comme un "instrument de mesure de l'état de l'âme" qui indique qu'il y a un problème. Je n'existerais peut-être plus si je n'avais pas la possibilité d'y penser de temps en temps.
Maintenant, avant que vous vous précipitiez sur votre téléphone pour me sauver la vie, je vous dis que ÇA VA !
