J'ai visionné le début de cette exploration urbaine. J'ai vite stoppé… Des taudis occupés par des personnes à l'abandon, il y en a plein. Pas seulement des personnes âgées ou des malades mentaux. Aussi des gens qui paraissent relativement sains et intégrés, qui vivent dans des dépotoirs. Un de mes cousins flic m'a fait un jour parvenir la photo de l'appartement d'un type qu'il venait perquisitionner. C'était hallucinant alors que le gars avait une vie relativement normale. C'était fou ! Le mec entassait tout depuis 30 ans. Les poubelles, les bouteilles, les journaux, le courrier… tous les trucs qu'il ramassait dans la rue…
Mais revenons au sujet. La fin de vie n'était pas très brillante non plus au fin fond de nos campagnes dans les années 1950/1960. Quantité de personnes âgées vivaient encore comme au XIXe siècle, sans eau courante, sans moyen de locomotion, dans des fermes et hameaux très inconfortables et isolés…
Le GROS PROBLÈME CONTEMPORAIN est la solitude. Avant, la majorité des gens vieillissaient en couple. Ils s'épaulaient. Aujourd'hui, de plus en plus vieillissent seuls ou seules,
dès la cinquantaine. Et quand on est seul,
on est hyper vulnérable à la moindre chute, au moindre malaise…
Et j'en ai fait l'expérience il y a deux/trois ans. J'étais seul quand j'ai fait mon infarctus. Et ça c'est super flippant ! Ce n'est pas de mourrir qui me faisait peur, c'était de mourrir seul et qu'on retrouve mon corps plusieurs semaines (mois ?) après mon décès. C'était ma grande crainte…
[Je précise que je n'étais pas célibataire à l'époque. Ma compagne était retournée sur son île natale à La Réunion pour plusieurs mois].
C'est la raison pour laquelle, autant que possible,
il ne faut pas rester seul ou seule. Je sais que c'est compliqué pour beaucoup, particulièrement chez les précaires, mais à deux les épreuves de la vie sont plus faciles à surmonter. C'est certain.
J'en ai parlé ailleurs. Je m'excuse de me répéter. Mes parents tous deux âgés de 94 ans restent autonomes malgré un père dialysé qui vit sans vessie et quasiment sans rein. Lui, seul, il serait mort depuis un moment. Il le confesse. En fait, ni mon père ni ma mère ne veut décéder avant l'autre. Ça conserve !
