Toutes et tous en grève le 29/01, et après ?

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Modérateurs : superuser, Yves

carl

Message par carl »

Je ne veux pas jouer les "oiseaux de mauvaises augures", mais la grève du 29 janvier à peu de chance d'être reconductible. Pour la simple raison, que l'ensemble des syndicats ont déposé un préavis de grève de 24h.

Donc, le lendemain, tous le monde, malheureusement, reprend le boulot. Sinon,ils risquent d'être licencier.
Sauf si le mouvement est d'une telle ampleur, que les syndicats (à contre coeur) doivent à appeler à continuer le mouvement.


Dans le cas contraire ?
C'est simple, les syndicats vont se réunir le 2 février et comme les vacances scolaire d"hiver vont commencé le 6 février et s'étaler sur 6 semaines (toutes les zones ne sont pas en vacances en même temps), ils vont fixer un rendez-vous pour la mi-mars !


De quoi refroidir les ardeurs des plus motivés !

Il n'ya pas grand chose à attendre des leaders syndicaux.
superuser
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Message par superuser »

2009 ne fait que commencer. On n'a pas encore touché le fond.
carl

Message par carl »

Le texte ci-dessus confirme mon propos :

«Le succès de la grève dépend de la mobilisation du privé»
219 réactions


Guy Groux est directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et membre du comité national du CNRS. Spécialiste des mouvements sociaux, notamment des grèves (1), il répond aux questions de liberation.fr sur les enjeux de la journée de mobilisation de demain.

A la veille de cette journée sociale annoncée comme historique, comment sentez-vous les choses?

C'est vrai que l'on risque d'assister à un mouvement important. Et ceci pour deux raisons. Tout d'abord, il y a une unité syndicale totale, ce qui ne s'est pas produit depuis la mobilisation contre le CPE en 2006. Et puis le capital sympathie dans l'opinion est très élevé. On n'a pas connu ça depuis 1995. Il est même plus important qu'à l'époque: 69% des Français sont cette fois favorables à la grève de demain, contre 65% en 1995, selon un sondage CSA. Cela veut dire que le mouvement va être très suivi et soutenu par l'opinion publique.

Cela signifie-t-il que ce mouvement va durer?

A priori, non. Pour deux raisons. Il s'agit d'une grève carrée: la CGT a dit que la grève n'était que pour demain, et cette journée de protestation fait l'unanimité chez les syndicats. D'où l'unité des centrales demain. Par ailleurs, cette grève porte sur des thèmes généraux: l'emploi et le pouvoir d'achat. Alors que les grèves qui ont duré portaient sur des revendications précises. En 1995, il s'agissait de la réforme du régime des cheminots, de la RATP et de la Sécurité sociale; en 2003, de la réforme sur les retraites; et en 2006, du mouvement anti-CPE.

Et là, vous voulez dire que les thèmes de la contestation sont très généraux?

Oui, les trois mouvements sociaux avaient un thème précis directement négociable en tant que tel avec le gouvernement. Mais là, on ne négocie pas l'emploi dans le public comme dans le privé, dans les grandes entreprises comme dans les PME; de même pour les salaires...

Nous sommes donc dans la symbolique?

C'est effectivement un mouvement qui relève du besoin de mesurer la mobilisation des salariés. D'une part, la crise économique soudaine et massive est apparue en septembre; et pour diverses raisons, les syndicats n'ont pas mobilisé de façon massive comme ils le feront demain.

Pourquoi le font-ils maintenant?

Pour les syndicats, les mesures gouvernementales prises se sont surtout adressées soit aux banques soit aux secteurs économique et industriel en difficulté. Le monde du travail n'a pas véritablement bénéficié à égalité des mesures de soutien du gouvernement. Dans ce contexte, la journée de demain n'a pas simplement pour fonction de mesurer la mobilisation des salariés, mais aussi de donner la parole au monde du travail dans un contexte de crise qui est appelé à durer. Voire à s'aggraver.

Quelles suites peut-on imaginer au mouvement?

Difficile de le dire dès à présent. En revanche, on ne parle que de l'ampleur de la mobilisation mais pas des contenus de la mobilisation. Il sera intéressant de voir si les syndicats mobilisent non seulement dans les secteurs habituels (public et nationalisé), mais aussi dans le secteur privé, qui est très directement concerné aujourd'hui par la crise économique et par les menaces très graves de montée du chômage. En effet, lors des mouvements précédents, la crise économique n'existait pas sous sa forme actuelle. Aujourd'hui, la question de la mobilisation du secteur privé est absolument incontournable.

C'est-à-dire?

S'il n'y a pas de mobilisation véritable du privé, le mouvement de demain, aussi important soit-il, constituera en réalité une sorte de demi-succès pour les syndicats. Parce que dans le contexte actuel, on ne peut plus parler, comme en 1995, de grève par procuration. C'est-à-dire que ceux qui pouvaient plus facilement faire grève dans le public pouvaient être les porteurs d'une contestation et d'un mécontentement social plus larges que celui de la seule fonction publique. Mais s'il peut y avoir des grèves par procuration, avec cette crise, il n'y a en revanche pas de chômage par procuration. C'est pourquoi il est impératif que les salariés du privé se mobilisent.

Et si le privé ne se mobilise pas de façon massive?

Les mouvements sociaux et de grève continueront. Mais de façon éclatée. Notamment dans certaines entreprises du privé où les menaces sur l'emploi sont importantes. On aura donc affaire à des conflits localisés, mais qui risquent d'être durs et très déterminés. Car là, les salariés seront dos au mur.

La marge de maoeuvre du gouvernement semble donc limitée face à ce mouvement ?

Pour l'instant, le gouvernement se trouve dans une position attentiste. Et pour cause: il ne peut pas donner de solution aux revendications des manifestants car elles sont à ce jour beaucoup trop générales. Sauf à nationaliser toutes les entreprises et à garantir l'emploi pour tous les salariés. Ce qui paraît hautement improbable. Non?

(1) Dernier ouvrage paru: La Grève, Guy Groux avec Jean-Marie Pernot, Presses de Sciences Po, 2008.
Source : Libération.fr
carl

Message par carl »

En Guadéloupe, la grève continue de plus belle.

Ah ! Si en métropole on pouvait suivre leur exemple ! :P
carl

Message par carl »

Comme je l'avais dit dans un précédent message, les syndicats veulent "tué" le mouvement social naissant.

Car , pourquoi attendre le "message de Sarkozy", alors que François Fillon, à dit clairement aujourd'hui, que le gouvernement ne changerait pas de cap ???
J'espére que les Français vont enfin comprendre que les leaders syndicaux se moquent d'eux !


Les syndicats attendent le message de Sarkozy pour la suite de l'action


Les syndicats ont décidé lundi de temporiser après le succès de la journée d'action du 29 janvier, laissant toutefois planer la menace de nouvelles initiatives si le président Nicolas Sarkozy continue d'ignorer leurs revendications lors de sa prestation télévisée jeudi. Lire la suite l'article


Les huit confédérations (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires et Unsa), soutenues par l'opinion selon les sondages, sont parvenues à maintenir leur unité lors d'une réunion de deux heures et demie au siège de l'Unsa à Bagnolet, près de Paris en convenant de se revoir le 9 février.

Leurs revendications, couchées dans une plate-forme, portent sur la défense de l'emploi, du pouvoir d'achat et des services publics, qui implique selon eux un deuxième plan de relance.

Le rendez-vous de Bagnolet se tenait quatre jours après la journée de jeudi qui a égalé en nombre de manifestants (1 à 2,5 millions) la lutte anti-CPE de 2006 ou le mouvement social de 1995.

Cette affluence n'a pas ébranlé le gouvernement. Quelques heures avant la réunion intersyndicale, le Premier ministre François Fillon avait exclu "un tournant" dans la politique anti-crise. "Rien ne serait pire qu'un changement de cap", a-t-il dit, tout en laissant "place au dialogue et (à) la concertation".

Relevant dans un communiqué commun que "la puissance du mouvement (du 29 janvier) conduit le président de la République à s'exprimer jeudi", les Huit entendent maintenir la pression. De cette interview à la télévision et à la radio, "les organisations syndicales attendent des réponses aux revendications par l'annonce de mesures concrètes et immédiates et par l'ouverture de discussions avec elles", souligne le communiqué.

"Elles se réuniront le 9 février pour en apprécier la portée et en tirer les conséquences", ajoute le texte, laissant ainsi entrevoir de nouvelles actions si aucune ouverture véritable ne leur était faite.

Avant leurs retrouvailles, plusieurs syndicats - CFDT, FO, Unsa, CFE-CGC, CFTC - avaient déjà jugé peu réaliste de multiplier les appels à la grève et à manifester.

Dimanche, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque avait présenté ainsi le dilemme des syndicats: soit "on fixe une date" pour une nouvelle initiative, quitte à la réexaminer en fonction des réponses de M. Sarkozy, soit "on attend ce que dira le président de la République et on fixe une date après". C'est la deuxième option qui a été choisie.

Les syndicats, y compris les plus en pointe comme la CGT et Solidaires, avaient insisté sur l'impératif de "l'unité" pour la suite du 29 janvier.

"Il faut que le gouvernement et le patronat comprennent que la balle est dans leur camp", a averti Maryse Dumas (CGT) à l'issue de la réunion, "faute de quoi les organisations décideront de nouvelles initiatives".

De même, pour Marcel Grignard, il ne faudrait pas "sous-estimer la nécessité de poursuivre la mobilisation".

Gérard Aschieri (FSU) a mis en garde contre "des manoeuvres dilatoires" du gouvernement. "Que l'on ne nous balade pas!", a-t-il lancé
tristesir

Message par tristesir »

Attendons de voir, sans illusions, ce qui va advenir après le Sarkoshow qui , je le pressens, va être pitoyable. Cela m'étonnerait que les syndicats arrivent à empêcher la marmite de continuer à bouillonner seulement parce qu'ils l'ont décidé.

En décembre , il y a eu sans doute plus de chômeurs en plus que d'emplois qui seront impactés, positivement normalement, par les 1000 chantiers annoncés aujourd'hui par le gouvernement pour combattre leur <<crise>>.
renaud21

1 chômeur en plus, c'est 1 gréviste en moins ?

Message par renaud21 »

Puisqu'il y aura davantage de chômeurs (sans pour autant que le taux officiel du chômage augmente, grâce à davantage de magouilles de la part du gouvernement), cela fera des salariés en moins. Sachant que les grévistes sont en immense majorité des salariés, il y aura donc théoriquement - de grévistes.
Certains disent que le mécontentement social augmente. Moi j'en doute. la grève du 29 a été pas trop mal suivie car elle était annoncée à l'avance, qu'il y avait l'unité syndicale, et que le 29 janvier était une bonne date. Mais à mon avis, le "mécontentement social" ne va pas se manifester + (il y aura davantage de personnes en situation de précarité, mais moins de révoltes car les précaires ne se révoltent pas).
gérard
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Message par gérard »

renaud21 a écrit :Sachant que les grévistes sont en immense majorité des salariés...
Ah bon ? Qu'est-ce qui permet de l'affirmer ?
... les précaires ne se révoltent pas
Ca non plus, ça n'a rien de sûr !
tristesir

Message par tristesir »

Mais à mon avis, le "mécontentement social" ne va pas se manifester + (il y aura davantage de personnes en situation de précarité, mais moins de révoltes car les précaires ne se révoltent pas).
La hausse vertigineuse du chômage touche particulièrement les jeunes qui étaient déjà des laisser pour compte.

Les soulèvements populaires ne se décrètent pas, mais je serais assez étonné que les choses continuent de suivre leur petit bonhomme de chemin sans que rien ne se passe.
La réplique à leur <<crise>> ne fait que commencer, on ne voit de loin que les vagues monstrueuses qui vont déferler.

Tu crois que la société va pouvoir ignorer pendant encore très longtemps +50 000 chômeurs minimum de plus par mois?

Les gens qui vont écouter ce soir Mr Sarkozy, et qui ont peut être voté pour lui mais qui sentent que leur situation devient très précaire, déjà viré, en passe de l'être, eux ou leur conjoint, vont ils se contenter que le président de la France leur fasse la leçon comme s'ils étaient tous des demeurés qui n'ont rien compris?
Les gens voient bien que pour sauver le pouvoir d'achat des financiers et des actionnaires l'Etat a trouvé de l'argent que les français vont rembourser au final, c'est à dire qu'on essaie de nous faire payer leur <<crise>>.
Les gens commencent à comprendre ce que signifie:
"mutualiser les pertes, privatiser les profits"

La Guadeloupe, la Martinique, peut être la métropole avant le printemps.
tristesir

Message par tristesir »

Ce que je pense est qu'un incident, une nouvelle va faire l'effet d'une allumette qu'on craque et cela va être l'explosion.

Même si on est un ardent croyant dans le capitalisme, à supposer que les affaires se rétablissent à la fin de l'année 2009 (ce qui n'est qu'une pure hypothèse optimiste) combien de temps faudra t il pour revenir à la situation d'avant l'été 2008?
En outre, les signes de reprises ne se traduiraient pas immédiatement par un dégonflement du nombre de chômeurs.

Ce qui fait que la situation actuelle ne peut pas s'arranger rapidement.
Et c'est ce pourrissement qui va être vécu très durement par une bonne partie de la population et qui est un détonateur potentiel à la colère et la frustration des victimes de leur <<crise>>.
renaud21

Message par renaud21 »

tristesir a écrit :La Guadeloupe, la Martinique, peut être la métropole avant le printemps.
Taux de chômage de la Martinique : 21,2 % (source : http://www.insee.fr/fr/insee_regions/ma ... ese_ma.htm)
Taux de chômage de la Guadeloupe : 22,7 % (source : http://www.insee.fr/Fr/insee_regions/gu ... ese_ga.htm)
Taux de chômage de la France métropolitaine : - de 8 %
informatik

Message par informatik »

cette crise est vraiment le miroir du système capitaliste.
le niveau de richesses est exactement le meme avant et après la crise.
il n'a jamais changé.
et pourtant, la pauvreté, le chômage, la précarité vont atteindre des sommets.
plus que jamais, c'est le problème de la répartition des richesses qui est posé, c'est l'injustice profonde de cet ultra libéralisme qui est en train de déstructurer la société, de casser tous les repères.

il est clair que nous en avons assez de cette économie de profit, de ces actionnaires parasites, de ces banquiers et leurs foutus produits financiers, de ces "entreprises " sous traitante d'esclaves précaires et jetables !

ps: au passage, j'ai regretté de ne pas être allé à cette manif. plutôt étonné de la forte mobilisation mais finalement prévisible bien que tardive.
tristesir

Message par tristesir »

Taux de chômage de la France métropolitaine : - de 8 %
Le taux de chômage n'est pas une indication définitive du revenu des gens.
L'Espagne va peut être atteindre un taux de 25% de chômage (au moins 19%), bien malin qui peut prédire quel sera le taux de chômage en France fin 2009, fin 2010.
renaud21

Message par renaud21 »

tristesir a écrit :bien malin qui peut prédire quel sera le taux de chômage en France fin 2009, fin 2010.
Allons, tu crois vraiment que le gouvernement va laisser les chiffres officiels grimper naturellement ? je parie qu'il va le bloquer juste en dessous des 10 %. Puis les faire redescendre en fin de mandat, pour arriver de nouveau à 7-8 %. Dépasser les 10 % c'est faire gagner le ps en 2012. Horreur, me diriez-vous, tout mais pas ces sociaux traitres ! gardons ce bon et drôle sarko :D
carl

Message par carl »

Bernard Thibault pour une nouvelle journée de mobilisation après le 18 février

Les organisations syndicales devraient "discuter des modalités d'une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle", assure le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, dans le Journal du Dimanche, à la veille d'une réunion des huit confédérations syndicales qui doit se tenir lundi.

Ces dernières doivent décider des suites à donner aux manifestations du 29 janvier et aux pistes émises jeudi soir par le chef de l'Etat qui les a invitées à une rencontre le 18 février.

"Tous les syndicats sont déçus, nous allons donc discuter des modalités d'une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle. Elle se dessine après le 18 février, date du rendez-vous avec le Chef de l'Etat car rien n'indique que nous en sortirons avec des réponses", affirme le secrétaire général de la CGT. Il reproche à Nicolas Sarkozy son refus de changer de cap : "il veut poursuivre ses réformes mais la crise les invalide, les choses ont changé (...) par exemple, supprimer un poste de fonctionnaire pour deux départs en retraite est totalement inopportun".

Revenant sur l'intervention télévisée de jeudi soir, Bernard Thibault déplore que Nicolas Sarkozy n'ait pas apporté de réponse sur "la question du pouvoir d'achat". "Le sujet porte sur les salaires, dit-il, pour l'instant, il n'y a pas de réponse, je n'ai rien contre discuter de la fiscalité, mais c'est un sujet global et qui prend du temps, or les mesures pour le pouvoir d'achat s'imposent tout de suite". Sur le partage des profits évoqué par Nicolas Sarkozy, "cette promesse a été déjà formulée, sans effet", souligne le secrétaire général de la CGT, "ce sujet n'est pas inintéressant, mais il concerne seulement les entreprises qui ont des actionnaires".

Voila, les syndicats enterrent le mouvement social.
Pour ceux qui doutent encore de l'évolution réformiste (comme la CFDT) de la CGT, la preuve est faite !
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