On ne le dit pas assez, mais quels sont les pays qui résistent le mieux à la crise ? La réponse est simple : les puissances industrielles.
Depuis vingt ans, la plupart des économistes français nous ont vendu une économie sans industrie. «Post industrielle», nous disaient ces savants où «les tâches industrielles tendent à se réduire au strict minimum». Ils ont été écoutés par des politiques effrayés par la classe ouvrière. C’est l’avenir, nous écrivaient ces cranes d’œuf. Encore une fois ils se sont trompés, pour le malheur de la classe ouvrière et de notre pays.
Avec la crise, la Chine renforce son pouvoir
Du jamais vu. Hier le Vice Président de la première puissance du monde est allé rassurer les autorités de Pékin sur la bonne gestion de l’administration américaine. Pour ceux qui doutent encore, le monde attend que la Chine réévalue sa monnaie. Ce serait une des solutions pour sortir de la crise. Mais personne n’ose l’exiger, tant cette économie planifiée a su créer une situation de dépendance vis a vis des pays développés.
La crise et les efforts que l'on va demander aux populations des pays développés va accroitre encore le phénomène. La réduction des prestations sociales, la baisse du salaire des fonctionnaires vont inciter de plus en plus de citoyens des démocraties occidentales à se fournir en produits bon marché dans les enseignes de la grande distribution. Et ne comptons pas sur ces enseignes pour tenter de produire plus en France. Gavé à la doctrine libérale, Michel Edouard Leclerc (MEL pour les intimes) ne croit pas à «Origine France Garantie». Pour assurer la fortune de ses adhérents, l’héritier a un discours rodé : notre épicier défend le con-sommateur. Il n’y a pas d’alternative, répond-t-il sur tous les plateaux de télévision, la production nationale est trop chère… Sauf que ce n’est pas vrai…
L’Allemagne réaffirme son leadership sur l’Europe
Pour nos experts, il n'y avait pas d'alternative à cette désindustrialisation. Le coût du travail est trop cher chez nous. Or, en Allemagne, le salaire brut moyen est supérieur de 34% à celui de la France, et il suffit de voir notre président courir après la chancelière allemande pour comprendre que voilà une économie qui compte. Les Allemands ont moins délocalisé que les autres pays développés, ils ont su résister aux sirènes du tout financier. Outre Rhin on fabrique encore des chaussettes, des grille pain, et même des brosses à dents premier prix, et on trouve les moyens de les exporter. Là bas, 18% de la population active travaille dans l’industrie; ici en France, il n’en reste que 11%. Et si par devoir citoyen vous voulez montrer à vos enfants ce qu’est un bassin industriel, allez à Stuttgart. Dans la même ville on peut visiter une des usines Mercedes. Pour ceux qui préfèrent Porsche, je vous conseille la visite du musée de la marque. Vous pourrez aussi croiser des ouvriers qui partent travailler dans des usines Bosch et dans une myriade d’entreprises mécaniques. Allez voir, les usines sont bien entretenues et les ouvriers sont fiers de travailler.
Même la Suisse protège ses ouvriers
La Suisse se porte bien, merci pour elle. C’est une autre oubliée de la crise. Trop bien même, les autorités helvétiques sont obligées d’injecter des liquidités pour tenter de dévaluer leur monnaie et éviter les délocalisations. Car la Suisse est un pays industriel. Généralement, on imagine une montagne couverte de banques : il n’en est rien. Les banques n’occupent que 3% de la population active alors que l’industrie (le secteur 2 chez Guillaume Tell) en occupe 26%. Ce petit pays est un géant de l’alimentaire, de la chimie, de la pharmacie et de la mécanique de précision.
Dans ces deux derniers pays le chômage est plus faible qu'en France, les salariés mieux rémunérés. Pourquoi la France n’a-t-elle pas fait les mêmes choix ? La peur de la classe ouvrière ne doit pas être étrangère à cet état de fait.
Bertrand Rothé
Mardi 23 Août 2011
http://www.marianne2.fr/BertrandRothe/L ... s_a16.html