L'Emploi et le Chômage en Débats

Je trouve que cette émission est un vrai virement du regard envers le chômeur. Il est vrai que le film finit sur la perspective que même le chômeur non culpabilisé qui prend du bon temps ou un temps de réflexion finira peut-être (probablement ?) par "retrouver le bon chemin du travail". Cette fin m'a fait rire, mais je la trouve (malheureusement) "normale" dans le sens qu'il est trop demander au téléspectateur d'accepter un refus complet du travail, c'est aller trop loin pour le moment.

Néanmoins le reportage a apporté beaucoup : une fin possible du sentiment de devoir se sentir coupable d'être au chômage. Dans le même temps et implicitement il met en question le regard de madame et monsieur lamda qui regarde le chômeur d'un mauvais œil. On peut être au chômage et ne pas se sentir coupable, on peut même apprécier le temps qu'on a, on peut ne pas vouloir travailler à tout prix pour des raisons qui se défendent sans pour autant être un affreux anarchiste, un ultra-gauchiste ou d'autres clichés du genre, et ça c'est beaucoup, vu d'où on vient. C'est énorme.

C'est une chaîne qui combien de fois avec d'autres chaînes n'a pas hésité de propager l'image la plus négative du chômeur fraudeur, fainéant etc après l'élection victorieuse du petit chef (et avant et après), alors le discours de ce film va dans le sens opposé. Très bien !

Sophie a du cran. Merci.

(réédité - fôte d'orthographe : œil et pas oeuil )

Appréciations partagées Diety !!!

Et pour revenir une dernière fois sur ce reportage (pour ce qui me concerne), nos Ami-E-s remarqueront - quand même - qu'Actuchomage est toujours sur le coup (qu'il soit bon ou moins bon).

L'année dernière, plusieurs d'entre nous (notamment Sophie et Patricia) intervenaient dans une série de reportages sur les "Maladies du Chômage" diffusés dans le Magazine de la Santé de France5.

Talou, elle, intervenait dans le cadre d'une journée spéciale France Info sur le statut d'auto-entrepreneur (pour dénoncer les excès et dérives du système).

TristeSir et Sophie étaient récemment invités par l'émission Modes d'Emploi sur FPP (une radio de la FM sur Paris).

En 2009, notre opération "Chômage Année Noire" avait été bien relayée par Libération, par l'AFP… Et la photo de nos parapluies noirs a même fait la Une du site des Échos (quotidien économique).

Sans compter les nombreuses reprises de nos articles sur Marianne2, Rue89, Rezo.net, Dazibaoueb… et j'en passe.

Ou des coups d'éclat plus retentissants encore, comme notre guérilla contre le 3949 surtaxé, bien couverte par Europe1.

Nous poursuivons notre action militante dans les grands médias et sur les sites alternatifs.

Il s'agit d'un travail de longue haleine qui s'opère par petites touches.

Et nombreux sont les Journalistes à patrouiller sur nos forums pour prendre le pouls de "la base", qui essaient, par la suite, de sortir nos infos (pas toujours avec succès). Mais eux aussi se heurtent aux "réticences" et "consignes" de leur hiérarchie.

Enfin, pour finir (comme je l'écrivais ailleurs), la chaîne Actuchomage sur Dailymotion a reçu la visite de près de 18.000 spectateurs en un an.

Nous y diffusons nos propres réalisations militantes (réalisées par Pili) qui sont de plus en plus vues et, semble-t-il, appréciées.

Nous pouvons être fiers - collectivement - de ce travail… 100% bénévole.

Tout ça avec un budget annuel (celui de notre association) de 6.000 €, soit 500 € par mois.

Et en prime : Entre octobre 2009 et octobre 2010, l'audience du site Actuchomage a doublé.

Rien que sur les 27 premiers jours de novembre 2010, près de 70 nouvelles personnes se sont inscrites comme "Membres utilisateurs" du site.

Ce qui correspond à un rythme annuel de 800 à 900 nouveaux inscrits.

Tout ça pour une petite asso qui ne dispose même pas de local, même pas de permanent.

C'est aussi la raison pour laquelle je félicite celles et ceux d'entre nous qui interviennent à visages découverts dans les médias, qui affichent leurs engagements… 

Et c'est la raison pour laquelle, j'estime que le reportage dont nous parlons dans ce fil de discussions est plutôt positif.

@plus

Yves

http://envoye-special.france2.fr/index- ... rique=1826

Ah, je viens enfin de regarder ce reportage en entier, sans avoir au bout de 2 minutes les images saccadées ou la parole hachée !

Sophie, égale à elle-même, souriante, cohérente, décidée.

N'empêche que le commentateur présente un peu les choses avec des lunettes roses, de quoi alimenter certains commentaires presque haineux sur "ceux qui vivent sur nos cotisations" alors qu'en ASS ou au RSA, ce ne sont plus les cotisations qui nous paient. Il y a une confusion entretenue entre les différents statuts. Si on touche du chômage, c'est aussi qu'on a cotisé suffisamment longtemps.

J'oserais presque le parallèle entre la victime d'un viol qui se sent honteuse et coupable de cet état de fait et le chômeur qui n'a pas demandé à être viré.

Il est vrai que le film finit sur la perspective que même le chômeur non culpabilisé qui prend du bon temps ou un temps de réflexion finira peut-être (probablement ?) par "retrouver le bon chemin du travail".

En effet Diety, ce côté "happy end" pour certains m'a un peu gênée, finalement quelques glandeurs professionnels finissent dans le rang...

En effet Diety, ce côté "happy end" pour certains m'a un peu gênée, finalement quelques glandeurs professionnels finissent dans le rang...

En même temps ils ne pouvaient pas présenter la chose autrement, ils sont trop "dans le rang" eux-mêmes ainsi que leurs directeurs de rédaction. Pour eux c'est encore inimaginable de remettre en question "le principe travail". En même temps ce n'est pas logique dans le sens que pour eux c'est très bien imaginable que le chômage frappe, donc avec un minimum de réflexion ils pourraient se mettre à l'évidence qu'il n'y a pas de travail pour tout le monde, comme Sophie l'a très bien dit dans le reportage. J'ai beaucoup aimé sa remarque "on va pas nous euthanasier quand-même, non?" (éclat de rire - et c'est presque ça, c'est pour beaucoup de privés d'emploi au moins une mort sociale.). Puisqu'il n'y a pas de travail pour tout le monde, pourquoi courir d'après quelque chose qui n'existe pas ? Mais c'est tellement ancré dans le conditionnement social que d'aller plus loin dans le reportage sur France2 ce n'est pas possible pour les journalistes "dans le rang". Je ne peux pas vraiment leur en vouloir, au moins dans ce reportage. Je leur en veux quand ils reproduisent bêtement le dénigrement des chômeurs.

Quand j'imagine qu'il a fallu 1800 lettres de motivation à Sophie pour sérieusement changer de cap, quand moi-même j'ai lutté pendant des années pour me défaire de ma mauvaise conscience qui était parfois là même si intellectuellement je l'avais déjà refusé. Donc comment des gens qui sont dans la vie de travail, qui définissent leur existence sociale par le travail peuvent-ils concevoir que le travail puisse être refusé, remis en question, accusé d'être un mal dans notre société ? Ce n'est pas possible de passe d'un monde à l'autre dans un temps très court, enfin je crois. Je pense que beaucoup d'entre nous auraient des choses importantes à dire sur leur évolution au fil du temps du chômage.

alors là, c'est rigolo (et révélateur quant à l' "édulcorage" de l'émission) :

j'avais pas capté que c'était notre Sophie !!!
mea maxima culpa !

en fait, les cinq 1eres minutes, je dis à mon mec "oh, c'est Sophie d'Actu"

et puis comme Actu n'était pas cité, j'ai fini par me dire "Non, je dois me gourer, purée elle lui ressemble vachement cette nana"
pourtant il me semblait bien que Sophie avait cette tête-là
(j'avais regardé une vidéo ici il y a peu, en plus, vachement physionomiste la fille )

en tous cas, ton propos (donc !) était vachement déculpabilisant, très réaliste (ben oui, la fin du mois commence souvent le 10), j'ai bcp apprécié que tu parles lecture, ça va ouvrir des portes à des gens qui ressassent la galère et la tournent dans tous les sens, sans y trouver de sens justement...

Heureusement que tu étais dans le sujet, parce que les filles autour... un peu trop Marion Bergeron pour être honnêtes !
Il faut des gens comme toi pour affirmer que OUI c'est vivable, puisque l'activité n'a rien à voir avec l'emploi en 2010, mais que OUI c'est dur quand on n'a pas Tata-Papi-Mémé plein aux as.

(en ce moment je suis entourée de gens au RSA, qui se réclament de la pauvreté, qui ont construit eux-mêmes (et ça c'est bien, certes) des palaces (je pèse mes mots), et ça me fout les boules. Terrain : papa. Matos : papi. Main d'oeuvre : bande de potes tous au rsa aussi. Formation : sur le terrain, depuis des années, entre rsa et intermittence... C'était mon sale propos réac du jour. Je l'assume ! Alors ça fait grand bien d'écouter des gens qui réfléchissent et ne vivent pas la galère comme l'ultime snobisme...
merci Sophie)

faribole a écrit :(en ce moment je suis entourée de gens au RSA, qui se réclament de la pauvreté, qui ont construit eux-mêmes (et ça c'est bien, certes) des palaces (je pèse mes mots), et ça me fout les boules. Terrain : papa. Matos : papi. Main d'oeuvre : bande de potes tous au rsa aussi. Formation : sur le terrain, depuis des années, entre rsa et intermittence...

bon le sujet, ne pas l'oublier c'est chomeureux .... il ne faut pas rentrer dans des considérations qui remettent encore sur le tapis la polémique du rsaste qui aurait un bien et donc qui serait le profiteur de la société....
Et on ne se réclame pas de la pauvreté: on y est ou pas...et si papa, mami, ont fait un beau cadeau il vaut mieux que celui-ci soit palpable et utile à fifils rsaste qui a le droit à la solidarité familiale même dans la merde! et plus encore à la solidarité entre potes et ainsi se doit de renvoyer lui-même la balle un jour et de cette façon peut combattre les clichés capitalistes et l'individualisme! pire l'état est bien content de se décharger sur la solidarité familiale!
On mélange tout et ça fout encore les rsastes au banc de la culpabilité!
Il faut au contraire donner aux gens les moyens de vivre décemment ce que si la solidarité familiale peut encore le faire, cela sera de plus en plus rare puisque tout pauvre verra ses biens utilisés pour vivre (voir droits et devoirs du rsaste par exemple, voir aussi pour rembourser l'ASPA et les aides sociales du proche qui était malade....la caste du pauvre en France est entrain de se développer)

"Et on ne se réclame pas de la pauvreté"
ben justement, dans le cas des gens dont je parle : SI.
il y a un choix de vie écologique, en marge, hors du travail-prison, que je conçois et que je jalouse.
mais n'ayant pas de papa chirurgien, je ne peux pas y songer.

alors quand les gens en question m'expliquent qu'ils sont pauvres, moi ça m'horripile. Des pauvres, j'en connais, j'en suis une, et ça n'est pas ces gens-là... Bon désolée d'avoir digressé, mais vraiment ça me tient à coeur.
évidemment que c'est pas la majorité ! mais dans mon coin rural ils pullulent et donnent justement une image fausse, et de la pauvreté (choisie, sympa, c'est pas la mer à boire) et de l'écologie (un truc de bobos uniquement)

en même temps, je me relis, et je ne trouve pas que je digresse tant que ça : ils se revendiquent comme chomeureux, ces gens.
alors qu'il s'agit de RENTIERS heureux, ce qui est différent au point de vue de la force morale nécessaire, des recherches alternatives, de la philosophie, du quotidien...

voilà pourquoi le propos de Sophie m'apparaissait très utile dans l'émission...

alors quand les gens en question m'expliquent qu'ils sont pauvres, moi ça m'horripile.

Moi aussi

Des Calimero qui chialent sur eux-mêmes, ça m'énerve un max, surtout quand on gratte un peu la réalité. Il suffit qu'on ose un peu dire "flûte la facture d'EDF" l'autre n'écoute même pas, s'en fiche et tout de suite arrive le "oui, mais môa, môa".

Tu as raison Faribole, en zone rurale ça craint. Je connais un couple de retraités qui ne partent jamais en vacances, non pas par manque de moyens financiers, mais physiques. Ils ont 1700€ de retraite pour le couple et n'ont même pas eu besoin d'acheter leur maison, héritage de leurs parents. Entre le potager, les poules, lapins, oeufs, plus la débrouille pour acheter un demi-cochon chez le voisin, on peut s'en tirer. Et ils sont nombreux dans ce cas. Je renonce à expliquer que mon loyer me bouffe 80% de mon ASS, hors de leur portée de compréhension.

L'argent ne fait pas le bonheur...mais il y contribue vachement.
Peut-être aussi que les reporters n'ont pas trouvé d'autres chômeurs, n'ayant réellement que leur minimum social, et heureux quand même.

(Je plaisante, je suis certaine qu'il y en a mais qu'ils se gardent bien de passer à la télé, parce qu'il faut beaucoup de courage et d'altruisme pour cela).

désolée, mais ces discours m'effraient...
"ils pullulent" etc...
on ne peut pas généraliser, je vois bien que tu ne le fais pas, mais d'autres, après t'avoir lue le feront, et ne demandent qu'à le faire par les temps qui courent.
et s'ils te disent qu'ils sont pauvres alors qu'ils sont rentiers, un toit sur la tête je ne vois pas l'intérêt de crier sur les toits leur pauvreté quand la pauvreté à tendance à faire fuir amis, et autres...vraiment je ne comprends pas, ça me dépasse

serabeth a écrit :L'argent ne fait pas le bonheur...mais il y contribue vachement.
Peut-être aussi que les reporters n'ont pas trouvé d'autres chômeurs, n'ayant réellement que leur minimum social, et heureux quand même.

(Je plaisante, je suis certaine qu'il y en a mais qu'ils se gardent bien de passer à la télé, parce qu'il faut beaucoup de courage et d'altruisme pour cela).

il y en a mais deviennent rares.... encore faut-il avoir fait des choix de vie qui sont de plus en plus impossibles, loyers peu chers et un petit coin de forêt où tu fais ton bois toi-même pour chauffer une baraque avec aucune isolation(enfin, des idées en vrac comme ça) des gens qui ne se considèrent pas pauvres et qui ne le revendiquent pas non plus par humilité et désir d'être considérés pour ce qu'ils sont et non pas pour leur statut social...

"je ne vois pas l'intérêt de crier sur les toits leur pauvreté "
dans leur cas, c'est simple, ils ont honte. Chez nos néoruraux, c'est courant !
J'en ai connu une très chouette, elle n'avait pas honte, elle assumait un héritage maousse... en le partageant avec tout son village.
c'est en grande partie grâce à elle qu'a été créée la crèche locale. Là, je dis chapeau.
mais pour une comme ça, il y en a bcp qui prétendent être dans la misère "je suis au rsa", te font la morale sur ton choix de vie ("moi j'y arrive, à manger bio, comment ça se fait que tu puisses pas?", et ont, en fait, des ressources insoupçonnées quand tu grattes un peu.
Je sais bien que Sarko&co rafolent des guerres entre pauvres et encore plus pauvres.
moi aussi ça me fait chier de tomber là-dedans. Sauf que, il ne faut pas non plus tomber dans l'angélisme.

La triche ça existe aussi, en le niant on ne fera pas avancer le débat sur la mort programmée de l'emploi, sur la nécessité d'un revenu d'existence... Ce qui m'agace le plus, c'est que ces jeunes gens, après 10 de rsa, quand ils décident de reprendre le boulot, ils refusent d'être déclarés.

C'est bien trop con, de penser à remplir les caisses qui leur ont versé le rsa, c'est juste bon pour les caissières. Alors il bossent au black par choix, gardent l'alloc, continuent de donner des leçons, etc... et ça m'énerve (au cas où ça se serait pas vu !)

C'est la pente naturelle le "la société n'a pas voulu de nous, qu'elle se rassure on ne veut pas d'elle" et on se permet de se conduire (à son petit niveau) comme le dernier des patrons margoulins: tous au black et on sombre dans le communautarisme (c'est eux contre nous)

je crois que c'est une minorité de tricheurs..avec le système rsa, ils n'iront pas loin tes tricheurs du bled, on ne peut percevoir un rsa qu'après déclaration de toutes les ressources! je n'ai pas envie de rentrer dans le jugement de certains que je ne connais pas: mais je sais une chose, c'est que le rsa est conçu avec des tas d'erreurs, d'injustices et de paradoxes. Comme tu le dis la guerre entre les pauvres est déclarée depuis longtemps! donc pour en finir, il s'agit de tenir un seul discours, qui va vers un seul objectif, sans aucune ambiguïté, au péril d'entretenir les discours qui puent contre les pauvres et c'est "ma philosophie".
De plus les plus friqués sont les premiers à vouloir faire bosser les gens au black...donc là encore, tous ces chômeurs longue durée qui ne trouvent plus que cela de correct, s'ils en trouvent, pour complément à des cdd précaires de 2h à 6 mois voir jackpot de 1 an mal payés, tu ne peux pas tous les incriminer parce qu'il y en a 1 par-ci qui triche et 50 riches qui radinisent....

Pour revenir au sujet de départ, à part Sophie qui s'assume, je n'ai vu que des gens qui ont meublé leur période d'inactivité professionnelle d'une façon un peu plus atypique que la moyenne, et ce choix les a ramenés à l'emploi... Ce qui me parait beaucoup moins démoralisant et beaucoup plus agréable que d'envoyer quelques kilos de CV par semaine dans l'espoir de recevoir quelques réponses négatives...
Ces personnes avaient un niveau d'études plutôt élevé. Le message était : on peut être chômeur et heureux à condition que ça ne dure pas et qu'on ait un bon tissu relationnel... C'est un premier pas, mais ô combien timide...

J'aurais préféré que cette émission m'apporte la preuve, qu'ici en France, on peut, par choix ou par nécessité, se trouver exclu de façon durable du système sans en souffrir, si c'est possible...

Mais tout est fait pour te faire rentrer dans le moule... La preuve : j'ai appris aujourd'hui que si l'on possédait plus de 5000 m2, même non exploités, on cotisait à la M.S.A.