La grande majorité des Français disposent de ressources qui les épargnent de la "pauvreté" et de la précarité. Savez-vous par exemple qu'il y a
39 millions de voitures individuelles en France ? Pour 67 millions d'habitants (enfants mineurs et vieillards compris). Ça fait pratiquement une voiture par Français en âge de conduire.
La France reste un pays riche et pour cause. Elle était encore la cinquième puissance économique fin des années 80. Elle dispose de beaux restes, dont un parc immobilier de… 37,2 millions de logements principaux, secondaires et vacants.
On notera la correspondance quasi parfaite entre le nombre de logements et de véhicules.
Je veux dire par-là qu'il y a beaucoup de Français
qui ont les moyens de vivre confortablement. Même les Français de la "middle class". J'en connais tout plein qui possèdent leur logement principal, un logement secondaire au vert ou pas trop loin de la mer, et deux voitures par ménage.
C'est même plutôt la norme.
Ce sont ces gens-là (souvent des familles avec deux ou trois enfants) qui font tourner l'économie. Certainement pas les RSAstes à 500 euros par mois.
D'ailleurs ce sont ces gens-là que tu trouves en masse dans les zones commerciales, à la périphérie des villes de province. Quoi qu'on en dise, le commerce de détail (la demande intérieure) se maintient. Je le constate… (Il est vrai qu'en Bretagne, on n'est pas loin du plein emploi. C'est une région qui se "porte bien".
D'ailleurs, c'est une zone encore relativement épargnée par les tensions qui pourrissent la France. Fermons la parenthèse).
Les histoires de pauvres n'intéressent que les "pauvres"
qui sont très minoritaires en France et très divisés (pour des raisons dont nous débattons ailleurs). Un nombre grandissant de ces "laborieux" n'a
aucune culture politique et sociale. Ils sont dans l'incapacité de s'organiser pour défendre leurs droits. Et le phénomène s'amplifie à mesure qu'on agrège des gens qui ne partagent plus grand-chose (ni leur origine, ni leur éducation, ni leur parcours de vie…). Ça, c'est le constat OBJECTIF que je fais après 20 ans d'engagements militants.
La proportion de précaires "instruits" se réduit année après année. Donc cette population (de chômeurs et galériens)
est de plus en plus vulnérable. C'est indéniable !
Le plan consistant à atomiser les classes populaires a parfaitement fonctionné. Elles sont maintenant dans l'incapacité de se faire respecter (même chez les travailleurs, chez les ouvriers et professions intermédiaires, chez les classes moyennes). Les intérêts, les statuts, les origines, les parcours… sont de plus en plus antinomiques (opposés). Et c'est encore pire chez les grands précaires dont beaucoup ne maîtrisent même plus la langue française parlée et écrite.
Et ça, ça change tout !
C'est la raison pour laquelle, ici, nous tentons - sans aucun succès - d'expliquer aux chômeurs et précaires les raisons de leurs difficultés. Mais c'est un discours qui ne passe pas, qui n''imprime pas.
Parce que la plupart est INCAPABLE DE LE COMPRENDRE. Tout simplement parce qu'ils n'ont pas la culture pour. Et pas les facultés intellectuelles aussi. N'ayons pas peur de le dire.
Les militants que j'ai fréquentés ces 20 dernières années, les Claire Villiers, Marc Moreau, François Desanti, Charles Hoareau… qui avaient une solide formation politique et syndicale, sont morts ou à la retraite.
La relève (dans les associations de chômeurs et précaires)
n'a pas été assurée.
C'est une page qui se tourne… C'est aussi ça le "Grand Remplacement" ou le "Grand Effacement". Les vieux militants (Français de souche, comme on peut le comprendre à l'évocation des noms ci-dessus) n'ont pas trouvé de successeurs dans les nouvelles générations.
Raison pour laquelle toute réforme défavorable aux chômeurs et précaires
sera adoptée sans la moindre résistance (à moins qu'elle ne touche sérieusement les intermittents du spectacle qui sont encore en capacité de se rebeller).
Mais le gouvernement a retenu la leçon. Il ménage les intermittents du spectacle, sachant que les autres (chômeurs, précaires et galériens…)
ne se mobilisent plus.
