tristesir a écrit :Je voudrais bien savoir à quel moment Bové a berné qui que ce soit?
Lorsqu'on estime que la fin justifie les moyens, et qu'il est légitime de médiatiser sa personne pour le bien de la cause, c'est le début de la fin. De là à en arriver, quelques années plus tard, à estimer que la lutte se situe sur le terrain électoral, ce qui conduit tout naturellement à se porter candidat, il n'y a juste qu'un pas de plus de franchi.
Quant à ceux qui estiment eux que pour défendre des idées, il faut une figure médiatique, je réponds juste ceci : si les idées sont justes, elles n'ont pas besoin d'un héraut, elles font leur chemin d'elles-mêmes. Elle n'ont pas besoin non plus de s'aventurer sur le terrain politique. Ce sont ces idées qui "changent le monde", pas les programmes politiques.
Ce qui en clair veut dire qu'il n'y a pas d'autre politique : il n'y a que de la politique politicienne. Soit on en accepte les règles, et on vote, Bové ou pas, au nom du principe "mon candidat lave plus blanc". Soit on les rejette et selon l'importance que l'on accorde ou pas au suffrage universel : on vote blanc ou on s'abstient.
Mais lorsque qu'on parle d'"autre politique", je dis que l'on trompe son monde.
Et lorsqu'on lance des slogans comme "un autre monde est en marche" ou "un autre avenir est possible", je dis qu'on raconte n'importe quoi, et que l'on berce d'illusions, une fois de plus, les "gens".
A quoi appelent les "anti-libéraux", sinon à un vote utile, qui leur permette d'afficher au premier tour, un score suffisant pour bâtir dessus le parti politique qui aménera, dans un avenir meilleur, ce nouveau monde. Alors, bien sûr, l'autre vote utile est l'ennemi à abattre. On est en, encore une fois, pleine politique politicienne, "souk populaire" façon post-soixante-huitarde ou pas.
Ce que me confirme vos réactions, on vous parle "barrage à Sarkozy" et vous me répondez avec des "Ségolène, elle est méchante", des "vous êtes manipulés, vous n'avez rien compris au grand espoir qui vient". Je retrouve les sublimes dialogues que j'ai très brièvement eu il ya très longtemps avec, par exemple, des militants communistes, quand j'étais à peine adolescent. Bref une nouvelle secte - euh pardon, un mouvement citoyen - est en train de naître.
Je ne me pose pas la question de savoir si c'est du courage ou pas, pas plus que je ne juge des motivations des uns et des autres, je garde mon autonomie de pensée, ce qui implique aussi qu'il m'importe assez peu de convaincre. J'ai juste voulu montrer que :
1) la belle unanimité autour du mouvement "anti-libéral" et de la candidature de José Bové n'était pas partagée par tous ceux qui n'aiment pourtant pas les libéraux de tout poil (ultra, néo, sociaux ou tout court)
2) on pouvait avoir une analyse radicale de la situation et quand il le faut, prendre des options pragmatiques.
Mais rien de tel, pour s'opposer à un point de vue qui dérange que de le zapper.
J'espérais, en m'aventurant à nouveau à m'exprimer sur ces forums autre chose que la foire d'empoigne qui partout ailleurs accompagne les débats autour des ces élections - dont l'enjeu n'est pas mince, je suis plutôt déçu.
Il n'y a pas d'autre monde possible. Celui qui prétend m'en vendre un avec un tour de passe passe électoral est un bonimenteur.
Mais il y a une situation, qu'a décrite à sa manière St-Dumortier, qui appelle des réponses. Et je crains fort qu'avec l'élection - que je crois depuis longtemps déjà, bien avant que ne soit publié le moindre sondage, hautement probable - tout comme je crois que s'il passe, on en prend pour dix ans - de Sarkozy, la France se retrouve dans le peloton de queue de ceux qui tenteront de prendre le taureau par les cornes. Et que la tâche soit alors beaucoup plus difficile pour ceux qui tenteront d'apporter des réponses. C'est tout.
Quant à ce qui mène le monde, tristesir, la réponse se trouve peut-être dans les quelques mots qui indisposent tant M. Sarkozy. Et, n'en déplaise à ce dernier, mais fort heureusement pour nous, il y a toujours eu, il y a et il y aura toujours, des Socrate.