L'Emploi et le Chômage en Débats

@Betman : je n'ai pas envie de gonfler les pectoraux et de dire "moi je vaux mieux que lui parce que je sais faire ça en 10 minutes, quand lui il lui en faut 25". Je n'en peux plus de cette loi de la concurrence, de la compétitivité outrancière qui fait de chaque candidat est un ennemi potentiel. J'ai plus envie de me battre, de jouer des coudes. Je trouve cette concurrence qu'on instaure entre candidats à l'emploi, puis entre salariés dans l'entreprise, exécrable, dégueulasse ! En fait c'est tout ce qui fait l'entreprise aujourd'hui qui me débecte ! Je rejoins Sarabeth. Je crois qu'on se comprend avec Sarabeth. On a peut-être le même parcours, le même vécu. J'ai pas envie de bouffer mon voisin pour réussir. J'ai pas envie de dire "moi je... moi je fais ça mieux que les autres. moi je suis mieux que machine. moi je suis meilleure..." Je suis fatiguée de tout ça. Je suis écoeurée par tout ça. Je voudrais juste vivre, vivre paisiblement.

Je voudrais juste vivre, vivre paisiblement.

On dira peut-être que nous sommes naïfs/naïves, mais je signe ce vœu.

Ce serait le marché du travail ou le potentiel employeur qui dicterait un profil, une personnalité optimale ce que serabeth a décrypté avec ironie (supporter la maltraitance, prendre bien les insultes sans broncher...) et si on n'est pas comme ça ou si on ne joue pas la comédie on serait bon pour la poubelle. Allez-vous faire cuire un œuf !

J'aime travailler seul, le travail en groupe souvent me fait ch**r, cela n'exclue pas que je puisse être sympathique par ailleurs. J'ai besoin du calme, du silence pour réfléchir et je fais du bon travail si on me fout la paix. Bon il se trouve que mon profil n'est pas (n'est plus ?) recherché. Je ne suis pas résistant au stress et j'ai horreur des conflits. Ce ne sera pas à l'âge de la préretraite que je vais faire des efforts pour changer ma personnalité juste pour un boulot qui me permet de payer quelques factures. Je suis un piètre acteur et jouer un personnage qui est à l'opposé de ma personnalité me demanderait un effort tel que je m'écroulerais dans peu de temps. Il y a vingt à trente ans, il y avait de la place pour des personnalités comme la mienne.

Ce jargon pseudo-positivant toutes les "méthodes" et coups du recrutement est du même type que le langage des sectes comme la scientologie ou certaines branches du new age, témoins de jéhova et autres. Ce sont des langages formatés qui véhiculent une idéologie et écartent avec véhémence toute pensée et tout comportement qui voudrait faire un pas de côté.

Pareil pour le jargon de l'insertion. Je n'arrive plus à prendre au sérieux les formules stéréotypées et creuses, ce jargon pseudo-social et politiquement correct me gonfle. Il est manipulatoire et faux, peut-être pas complètement, mais je ne le supporte plus; je fais une allergie.

On pourrait, comme sérabeth l'a commencé, faire des dictionnaires insertion-français/français-insertion et recrutement-français/français-recrutement pour faire sortir les bêtises et les vices qui y sont cachées. Je suis sûr que ces dictionnaires se vendraient comme des pains au chocolats.

MERCI Diety !! MERCI pour ces mots qui me réconfortent ! Je crois que j'aurais pu écrire mot pour mot ce que vous venez d'écrire.

Moi aussi je n'aime pas le travail en équipe. Comme vous j'ai besoin de calme, de silence (ou alors d'un fond de musique classique) pour bien travailler. Or la nouvelle mode dans les entreprises, quand ce n'est pas l'open space, c'est de se retrouver à 3 dans un bureau. Et dans le lot y'a toujours une hystérique qui crie dans son combiné téléphonique, tape les portes, les tiroirs, bref fait chier la terre entière ! Ce qui ne fait pas non plus de moi la misanthrope que les employeurs imaginent souvent. Je suis solitaire certes, mais toujours dispo pour aider un(e) collègue (pour peu que le collège en question soit sympa et poli), toujours dispo aussi pour animer des pauses déjeuner (que certes je ne partage qu'avec les gens avec qui j'ai de vraies affinités). Ben oui, je me rends pas au boulot pour me faire des amis. Ca aussi c'est la nouvelle mode. Il faudrait tous qu'on devienne des grands potes, qu'on passent nos week end ensemble et qu'on se raconte nos vies intimes ! Le premier truc qu'on me demande quand j'arrive dans une boîte c'est "bon, on se tutoie, hein". Ben non on se tutoie pas ! J'ai pas envie moi ! Encore moi quand c'est mon responsable hiérarchique qui me le demande. Ca crée une fausse complicité le tutoiement. Ca donne l'impression à l'autre qu'il peut, plus que jamais, vous demander tout et n'importe quoi, vous traiter comme une serpillière.

Comme vous Diety, je ne suis pas résistante au stress. Ca me déstabilise complètement le stress, Ca m'enlève tout mes moyens. Ca me lamine. Comme vous j'ai horreur des conflits. Je les fuis comme la peste.

Je ne suis pas en pré-retraite (malheureusement ai-je envie de dire). J'ai 40 ans, mais parfois j'ai l'impression d'en avoir 60 ! Je crois que mon profil n'est plus trop recherché non plus. Je ne suis plus à la page. C'est à dire que maintenant tout va tellement vite, que ça fait à peine un mois qu'on maîtrise un nouveau logiciel, un outil informatique, une procédure... que déjà on vous en pond un(e) nouveau (nouvelle) ! Ca c'est pareil ! J'en peux plus des innovations (qui le plus souvent ne servent à rien, compliquent le boulot plus qu'elles ne le simplifient...). Ca va trop vite pour moi. C'est pas humain de nous demander de nous remettre en question tous les 3 mois. Un être humain ca a besoin d'un minimum de stabilité, de constance pour être serein. En tous cas moi j'ai besoin de cela pour me sentir bien, et j'ai besoin de me sentir bien pour bien travailler. C'est ça que notre époque, et les entreprises ont oublié, c'est que l'être humain n'est pas une machine.

Alors oui les recruteurs recherchent des candidats idéaux comme vous dites, résistants au stress, hyper super méga dynamiques, super méga disponibles (le jour, la nuit, le week end), hyper super mega sociables, mais aussi hyper super mega dociles, des toutous qui acceptent tout et n'importe quoi, soit parce qu' en vérité ils ont les dents tellement longues, veulent tellement arriver au sommet, qu'ils sont prêts à subir toutes les humiliations (du moins en début de carrière) pour y parvenir, soit parce qu'ils ont appris par coeur les réponses du bouquin "comment réussir votre entretien" et sont d'excellents comédiens. Alors les boîtes n'embauchent plus que des petits jeunes. Je l'ai bien vu lors de mon dernier contrat. J'ai été embauchée, je me demande encore comment et pourquoi (enfin si je sais, un concours de circonstances en ma faveur : ils avaient déjà passé je ne sais combien de candidats qui n'étaient pas restés... maintenant je sais pourquoi !) et à ma suite ils ont embauchées 2 petites jeunes fraîchement sorties de l'école !

Bref ! Il y a 15 ans il y a avait encore de la place pour une candidate comme moi... maintenant... j'ai 40 ans et je crois que je suis déjà bonne pour la maison de retraite !

@Mélanie je ne pense pas que Betman ait voulu dire qu'il se pousse en disant "je fais mieux que l'autre candidat" ; il a simplement fait remarquer 3 choses :
1/ il n'y a aucune raison de passer ses soirées à apprendre des logiciels avant même de savoir si on en aura besoin dans son prochain poste, pour passer pour un type "qui en veut".
2/ la recruteuse ne sait sans doute même pas de quoi elle parle si elle avale qu'il faut passer des soirées entières à apprivoiser un logiciel, alors qu'en fait 20 minutes suffisent.
3/ étant donné que les logiciels et les procédures changent tout le temps, il est normal de se former au cours d'un contrat de travail sur le temps de l'entreprise et aux frais de l'entreprise, et non pas chez soi à ses frais, ou sur un site gratuit en bouffant de la pub.

Bien sûr tout cela est complètement déconnecté de l'entreprise "moderne", celle qui dévore ses salariés (pardon, ses "collaborateurs") corps et âme.

@Sarabeth : Ah... oui. Je ne l'avais pas compris comme ça. Moi l'informatique j'y connais rien. Pire, ça me gonfle l'informatique !

Je n'en peux plus de cette loi de la concurrence, de la compétitivité outrancière qui fait de chaque candidat est un ennemi potentiel. J'ai plus envie de me battre, de jouer des coudes. Je trouve cette concurrence qu'on instaure entre candidats à l'emploi, puis entre salariés dans l'entreprise, exécrable, dégueulasse ! En fait c'est tout ce qui fait l'entreprise aujourd'hui qui me débecte ! J'ai pas envie de bouffer mon voisin pour réussir. J'ai pas envie de dire "moi je... moi je fais ça mieux que les autres. moi je suis mieux que machine. moi je suis meilleure..." Je suis fatiguée de tout ça. Je suis écoeurée par tout ça. Je voudrais juste vivre, vivre paisiblement.

Je crois que nous sommes facilement 95% des êtres humains sur cette planète à penser ça... Combien se battent pour cet idéal ??? Avec quels moyens ???

Quotidiennement, il faut bien bouffer, plus quelques extras pour les plus chanceux, les pauvres des pays riches. N'oublions pas que nous (oui, toi et moi) sommes des riches pour plus des trois quarts de l'humanité. C'est comme ça qu'ils nous tiennent, en nous en donnant le moins possible, ou mieux en nous endettant, juste pour que LEUR conception de l'équilibre ne soit pas mise à mal. Au mieux, tu sais te démerder, et tu arrives avec un peu d'astuce et beaucoup de chance à t'éloigner un peu de ce merdier, juste de quoi te donner une douce illusion de liberté, (c'est mon cas, à cinquante trois ans, et l'illusion de liberté est plutôt fugace, j'ai comme tout le monde des factures qui tombent dans la boite à lettres) au pire tu es totalement impliqué dans ton environnement et tu subis.

Il n'y a à mon avis de solution durable que collectivement, et le collectif n'est pas pour demain matin, les marchands de clôture feraient faillite...

Ouais... Du coup j'hésite... corde ? gaz ? cocktail détonnant alcool-antidépresseurs ? Arf !!! Entre les 3 mon coeur balance !

[Mode cynique ON]
Faire un attentat en criant "VIVE LE CHOMAGE ET LA PAUVRETE"

Si nos politique et les gens mettaient autant d'ardeur à résoudre le problème du chômage qu'ils en ont mis à récupérer les événements récent, ça bougerais peut-être.
[Mode cynique OFF]

Merci pour le mode cynique. Dans l'état où je suis, je prends volontiers !

serabeth a écrit :@Mélanie je ne pense pas que Betman ait voulu dire qu'il se pousse en disant "je fais mieux que l'autre candidat"

Oui c'est bien ça: formulé autrement: à 37 ans je me casse le cul à valider un master 2 en faisant ça pendant 2 ans en rentrant du boulot et tout ce qu'on trouve à me dire c'est que je ne me remets pas en cause car je ne connais pas Barnabule product 3 point 25.

Quelle monde de vulgarité! mais je l'ai bien remise à sa place, ce qui est bien quand on a plus de 40 ans c'est qu'on peut le faire plus facilement.

Mais pour revenir au sujet: le pire dans tout ça c'est qu'on se moque des candidats en entretien et quand on arrive en entreprise y'a rien à faire: ça fait 15 ans que je bosse dans le même domaine et c'est toujours le mêmes cirque. Donc c'est bien d'en jeter en entretien mais encore faut-il que ça suive en entreprise.

Ce système fait plus de mal que de bien: comment garder un état psychique sain. On me dit "vous ne vous remettez pas en cause" et quand j'arrive dans l'entreprise: des tâches qui ne nécessitent pas de se remettre en cause, alors où est l'intérêt si ce n'est que les gens s'ennuient au boulot.

A+

Toute remise en cause digne de ce nom amène sans aucun doute possible à s'éloigner du monde professionnel, alors ils feraient mieux de la fermer où de parler d'autre chose, en entretien d'embauche...

betman2014 a écrit : Mais pour revenir au sujet: le pire dans tout ça c'est qu'on se moque des candidats en entretien et quand on arrive en entreprise y'a rien à faire: ça fait 15 ans que je bosse dans le même domaine et c'est toujours le mêmes cirque. Donc c'est bien d'en jeter en entretien mais encore faut-il que ça suive en entreprise.

Les problèmes sont toujours les mêmes mais la plupart des gens ne les voient pas.

Ceux qui font les recrutements ne connaissent généralement pas le poste à pourvoir puisqu'ils ne l'ont pas occupé. Ils ne peuvent pas se rendre compte des véritables problèmes et des compétences nécessaire.
De ce fait, ils sont incompétent pour faire le recrutement en question et en restent aux banalités d'usage. Ils pensent plus à l'utilisation de tel ou tel logiciel plutôt qu'a l'état d'esprit et à la manière de penser du candidat qui ont bien plus d'importance.

D'ailleurs dans les entreprises sérieuse, on fait venir une personne qui a travaillé sur le même poste pour poser des questions pratique au candidat et la on découvre tout de suite les baratineurs et ceux qui ont de réelle compétences et connaissances. En quelques questions, on sait si la personne à un réel vécu dans le domaine, s'il a acquis ces compétences par un moyen "non professionnel" ou s'il a bidonné son CV.

Si une remise en cause doit être faite, c'est dans la manière de recruter qu'on une bonne partie des entreprises. Si on faisait un recueil des aberrations visible dans les entreprises Française, certains riraient jaune.

bebert a écrit :Toute remise en cause digne de ce nom amène sans aucun doute possible à s'éloigner du monde professionnel, alors ils feraient mieux de la fermer où de parler d'autre chose, en entretien d'embauche...

+1 !

C'est ce qui m'est arrivé. J'ai réussi ma remise en cause.

Bonjour à tous. Cet après midi j'ai un RDV pour un recrutement comme ouvrier serriste ( tailler les plants de tomates sous serres).J'y vais par obligation (dans le sens ou pôle emploi ne m'a pas donné le choix) Je ne suis pas faite pour ce travail à cause de problème de santé, seulement je ne peux plus faire autrement. J'angoisse de passer cet entretien, mais je pense que je vais être franche, ne pas jouer la comédie. après je me demande comment le recruteur va présenter la teneur de nôtre entretien à mon conseiller pôle emploi... Si je suis recrutée malgré tout, je sais que je ne vais pas tenir le coup mais je dois le faire...Y a t-il quelqu'un pour m'encourager, je suis un peu perdue Merci à tous

Bonjour, oui tu as complètement raison... y a t-il des raisons d'espèrer Je voudrais tant y croire! M...e,

bebert a écrit :

Je n'en peux plus de cette loi de la concurrence, de la compétitivité outrancière qui fait de chaque candidat est un ennemi potentiel. J'ai plus envie de me battre, de jouer des coudes. Je trouve cette concurrence qu'on instaure entre candidats à l'emploi, puis entre salariés dans l'entreprise, exécrable, dégueulasse ! En fait c'est tout ce qui fait l'entreprise aujourd'hui qui me débecte ! J'ai pas envie de bouffer mon voisin pour réussir. J'ai pas envie de dire "moi je... moi je fais ça mieux que les autres. moi je suis mieux que machine. moi je suis meilleure..." Je suis fatiguée de tout ça. Je suis écoeurée par tout ça. Je voudrais juste vivre, vivre paisiblement.

Je crois que nous sommes facilement 95% des êtres humains sur cette planète à penser ça... Combien se battent pour cet idéal ??? Avec quels moyens ???

Quotidiennement, il faut bien bouffer, plus quelques extras pour les plus chanceux, les pauvres des pays riches. N'oublions pas que nous (oui, toi et moi) sommes des riches pour plus des trois quarts de l'humanité. C'est comme ça qu'ils nous tiennent, en nous en donnant le moins possible, ou mieux en nous endettant, juste pour que LEUR conception de l'équilibre ne soit pas mise à mal. Au mieux, tu sais te démerder, et tu arrives avec un peu d'astuce et beaucoup de chance à t'éloigner un peu de ce merdier, juste de quoi te donner une douce illusion de liberté, (c'est mon cas, à cinquante trois ans, et l'illusion de liberté est plutôt fugace, j'ai comme tout le monde des factures qui tombent dans la boite à lettres) au pire tu es totalement impliqué dans ton environnement et tu subis.

Il n'y a à mon avis de solution durable que collectivement, et le collectif n'est pas pour demain matin, les marchands de clôture feraient faillite...