Le scandale gronde autour du géant Amazon, numéro un de la vente en ligne en Allemagne. A la suite de la diffusion, mercredi 13 février, d'un reportage accablant sur les conditions de travail des intérimaires chez le cybermarchand, syndicats, politiques et clients dénoncent le "système Amazon", de plus en plus décrit comme un "esclavage moderne".
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Les journalistes la suivent dans le bus bondé, affrété pour transporter les saisonniers jusqu'au centre logistique de Bad Hersfeld (Hesse), en Allemagne. Ils montrent la longue attente sous la neige pour prendre les navettes trop rares ; la promiscuité des conditions d'hébergement, dans des bungalows de vacances laissés libres pendant la saison creuse ; son renvoi trois jours avant Noël, sans motivation, après quinze jours de travail d'affilée ; le salaire versé moindre que promis dans l'offre d'emploi.
Mais le plus pénible, raconte la travailleuse, est la présence permanente d'un service de sécurité recruté par l'agence d'intérim. Les agents de sécurité surveillent les saisonniers sur leur lieu d'hébergement, fouillent leurs chambres, inspectent leurs effets personnels. Intimidés, les travailleurs, originaires pour la plupart d'Europe de l'Est ou du Sud, n'osent se plaindre.
Détail accablant, ces agents portent des sweat-shirts à capuche de la marque Thor Steinar, appréciée des néonazis. Les journalistes révèlent qu'ils sont employés par une société de surveillance nommée HESS (pour Hensel European Security Service), qui entretiendrait des liens étroits avec les milieux d'extrême droite.