Mallo a écrit :C'est pour tous les RMIstes et autres sous estimés de la précarité que je tremble le plus ...
Je partage tes craintes. J'ai des scénarios pénibles qui défilent dans ma tête.
À tous les précaires: Vous avez ou vous aviez un projet professionnel, une affinité pour un type de travail selon votre personnalité ou votre formation ? Jettez-le ou la aux orties. Dans peu de temps l'ANPE/UNEDIC et le Medef vont avoir la maîtrise sur votre vie. On ne vous demandera plus votre avis. On cherche une serveuse à 30 km de chez vous, ce sera donc pour vous. À moins que vous n'ayez pas besoin de manger. Jeune homme, vous êtes passionné de graphisme ? En attendant vous allez manier la pelle sur des chantier. Et pour vous il n'y a rien, donc vous allez recevoir sous peu votre affectation au travail obligatoire, tenez-vous prêt.
Vous êtes financièrement ric-rac, vous avez déjà épuisé le dépassement autorisé de votre compte (ce qui vous coûte 15% d'intérêts), et vous tombez malade. Mais ce n'est pas le moment d'aller chez le médecin ou de faire des examins, car vous devez payer les trois premières consultations de votre poche. (C'est la nouvelle responsabilisation comme on dit) Faut serrer les dents et attendre, vous ne pouvez pas faire autrement. Faut espérér que ce ne soit pas trop grave. Le travail sous ces conditions est très pénible.
Nous avons des tracas administratives avec nos papiers, notre séjour sur le territoir français est devenu illégal. Maintenant il faut faire un choix : Accompagner ma fille à l'école et risquer une expulsion rapide à tout moment - la laisser partir toute seule à l'école, la garder à la maison en espérant que le problème des papiers soit bientôt résolu ? C'est l'angoisse.
Il y a beaucoup de travail dans ma boîte en ce moment, mais le patron n'a pas envie d'embaucher. C'est trop cher, dit-il. Il me demande de faire des heures supplémentaires. Cela ne me convient pas du tout, je dois aller chercher mon enfant à la maternelle puis m'en occuper. Mais si je refuse les heures sup', je risque d'être licencié, puis il y a des gens sans enfants qui n'ont pas ces contraintes et qui attendent. J'élève seule mon enfant, je ne gagne que le SMIC, je n'ai pas l'argent pour me payer quelqu'un qui va chercher mon enfant à l'école, et je n'en ai pas envie. Alors qu'est-ce que je fais ?
Je suis au chômage depuis longtemps, et le contrôle mensuel que je touvais déjà pénible est devenu un contrôle toutes les deux semaines. L'ambiance pendant ces entretiens est très tendue. J'ai l'impression de n'écrire des lettres de motivations que pour éviter la radiation, ça n'a aucun sens. Si je n'écris pas une lettre par jours, m'a-t-il dit, il me couperait les vivres. Il n'y a pas 5 ou 7 offres par semaine qui me concernent, mais ce n'est pas son problème, m'a-t-il dit. En Angleterre, les gens ne restent pas au chômage plus que trois mois, me dit-il (en répétant le mantra de Sarkozy). "Je vous donne encore un mois maximum, et si vous n'avez rien trouvé je vous mets dans une formation de télémarketing". J'ai horreur de l'esprit commercial. On me formera à vendre des truc complètement inutiles à des gens qui n'ont pas la force psychologique pour résister à mon argumentaire appris par coeur. Je ne peux imaginer de travail plus inutile, dépourvu de sens et plus immoral que celui-là. Mais ce sera ça ou la rue.