Le « captcha » ou l’art de faire travailler sans rémunérer

Vous pouvez poster ici vos articles de presse, communiqués, bons plans, etc... et réagir à ceux des autres.

Modérateurs : superuser, Yves

cestpasvrai

Le « captcha » ou l’art de faire travailler sans rémunérer

Message par cestpasvrai »

Le « captcha » ou l’art de faire travailler sans rémunérer :
http://rue89.nouvelobs.com/2014/02/17/c ... rer-250002

Ce que j'en ai compris :
Les captchas proposés sont constitués de 2 groupes de signes :
- 1 groupe qui sert à la validation (l'opérateur est un humain et pas un bot).
- 1 groupe qui n'est pas vérifié pour la validation. C'est là où on travaille pour eux, pour déchiffrer par exemple une partie de livre en cours de numérisation, une adresse Google Maps.
Cet exemple minuscule du captcha illustre à mon sens deux caractéristiques du travail à l’ère numérique :

- l’informatisation n’abolit pas l’exploitation d’un sous-prolétariat dévolu à l’exécution de tâches répétitives et sous-payées. Ça n’est pas parce qu’elles s’effectuent derrière un écran, et loin de chez nous, que ces tâches ne sont pas aliénantes ;
- sur Internet, on passe son temps à travailler sans même le savoir : dès qu’on déchiffre un captcha, dès qu’on écrit quelque chose sur Facebook, qu’on fait une recherche sur Google, on produit des données qui seront valorisées par ces entreprises, on fournit donc un travail qui échappe à tout statut et à toute législation.
Il est intéressant de voir que dans Re-Captcha, il y a une moitié que le site ne « connaît pas », et une moitié déformée que le site « connaît ».
Il est facile de ne pas contribuer à ce travail de masse gratuit en ajoutant volontairement des erreurs (l0l au lieu de 101, catcln au lieu de catch...).
Google nous fait aussi et notamment décoder des photos de numéros de rue. Il est facile d’ajouter un chiffre pour décaler dans une rue tous les numéros dans un emplacement inconnu de Google Maps.
En dehors de cette pratique dénuée de sens (sauf pour des opposants à Google), chercher une façon de protester est un état d’esprit à avoir en tête. Au cas où...
TomOL

Re: Le « captcha » ou l’art de faire travailler sans rémunérer

Message par TomOL »

Je me permet de prendre le problème dans un autre sens, sans pour autant critiquer ceux et celles qui s'opposent à ce genre de système.

Est-ce normal d'utiliser gratuitement un service qui a demandé des investissements?

Puis surtout ce petit "travail" n'est-il pas moindre par rapport aux bénéfices qu'on en tire, par exemple de googlemaps?

On a tendance a croire que tout est gratuit, libre sur la toile alors que non.
cestpasvrai

Re: Le « captcha » ou l’art de faire travailler sans rémunérer

Message par cestpasvrai »

@TomOL,

AMA, le premier problème est de ne pas avertir les usagers.
Il serait intéressant de connaître la liste de tâches que nous effectuons et de traces numériques que nous laissons à notre insu et qui sont monétisées par Google.
Cela permettrait de savoir dans quelle mesure la balance entre services offerts et contributions/bénéfices penche en faveur de cette entreprise.

Ensuite se pose la question de la propriété du produit de ce travail. Par exemple pour la numérisation de livres.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Google
Google Books est un des projets annexes les plus critiqués de Google. Il consiste à numériser systématiquement le plus grand nombre possible de livres. Les critiques s'inquiètent de l'impact que la position dominante de Google peut avoir sur la numérisation des livres en général, et du traitement des droits d'auteur par Google (soit que la distribution internationale des versions numérisées violerait les droits dans certains pays, soit que la position de force de Google leur permettrait d'obtenir des concessions de droits jugées abusives).
Enfin, la stratégie financière de cette entreprise pour qui on travaille sans le savoir :
Stratégie fiscale

Afin d'éviter de payer les impôts auxquels sont soumises la plupart des entreprises américaines et européennes, Google utilise la technique dite d'« optimisation fiscale », une forme d'évasion fiscale moderne, via des paradis fiscaux. Les licences Europe, Moyen-Orient et Afrique de la marque sont exploitées par une société domiciliée aux Bermudes. Et « pour échapper au Trésor américain qui impose à hauteur de 35 % les bénéfices des entreprises rapatriés de l'étranger, la multinationale les laisse dormir aux Bahamas ».

Selon Bloomberg, Google aurait réalisé une économie de 3,1 milliards de taxes sur les bénéfices en 2007 et 2009. En 2009, Google serait parvenu à abaisser son taux d'imposition à 2,4 % sur ses activités hors États-Unis, grâce à sa filiale irlandaise par laquelle transitent 88 % de ses activités internationales. Le taux d'imposition sur les bénéfices des sociétés, en Irlande, est, en effet, de 12,5 % contre 25 % en moyenne dans les autres pays où Google réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires. Mais Google a également cherché à réduire le montant des bénéfices imposables de sa filiale irlandaise en lui imposant de reverser des redevances à une filiale néerlandaise, condition sine qua non afin que l'Irlande accorde l'exonération fiscale à Google Ireland Holdings, société jumelle de Google Ireland Limited, la filiale opérationnelle. Google Ireland Holdings transfère ses redevances à la filiale néerlandaise qui les transfère ensuite aux Bermudes. Cette stratégie a permis à l'entreprise de cumuler plus de 39 milliards de dollars en cash.

Le véhicule juridique utilisée par Google aux Bermudes, Google Bermuda Unlimited a été adopté en 2006 et lui permet d’échapper à la fiscalité des pays où sont réalisées les ventes, mais également à l’obligation de publier ses comptes.

Le 18 décembre 2013, une étude menée par VRDCI montre que les revenus de Google en France seraient supérieurs à ses déclarations. Entre novembre 2012 et novembre 2013, Google aurait réalisé 1,43 milliard d'euros en France, un chiffre loin des 193 millions d'euros déclarés par l'entreprise en France (lors de l'exercice fiscal 2012).

Au terme d'une enquête commencée en 2011, le fisc français en février 2014 aurait décidé d'infliger un redressement fiscal de près d'un milliard d'euros à Google pour s'être soustrait à l'impôt.
Une autre info concernant Google :
Les indignés de San Francisco face à l'empire Google
http://www.lejdd.fr/Economie/Entreprise ... gle-652105
"Google profite de la ville sans lui rendre ce qu'elle lui a donné. C'est de la provocation !"
Répondre