elusive_reclusive a écrit :diety a écrit :
Je suis d'accord avec toi, Paulina, faire ces demandes, c'est vraiment pas une partie de plaisir !

Totalement d'accord aussi!
Entre les épais dossiers comme celui de la CMU-C, les recours aux impôts, les renouvellements d'ASS (ou de RSA), les diverses demandes d'aides pour faire face à telle tuile imprévue, les recours lorsqu'elles sont refusées malgré nos maigres ressources; et en plus passer son temps à surveiller que les administrations fassent bien leur boulot dans les temps sans que ça coince quelque part... Quand on n'est pas en plus contraint de se battre pour faire valoir nos droits et conserver notre aumône de survie! C'est un boulot à plein temps! Et mine de rien, il nous faut une sacrée résistance au stress pour tenir sans péter les plombs. Tout ça sans être rémunéré, en plus, moi je dis qu'on mérite tous une médaille!

Quand je suis tombée au chomage, dans les années 98, non seulement, c'etait le debut de la CMU (mise en place sous Jospin) mais la plupart des administrations ne connaissaient pas la plus petite parcelle des lois et avantages mises en place à ce jour. J'ai passé pratiquement deux à trois années à me battre avec des fonctionnaires (y'en avait encore en ce temps là, avant le grand déménagement des années 2005 à 2010)endormis, au coeur de la brousse . Non seulement, en plus de leur apprendre à lire les textes qu'on leur portait dans leurs administrations non administrées, il fallait de surcroit écrire à Paris, pour centraliser la demande, faire valoir ses droits au niveau national, avant que de redescendre au niveau local! Bien, evidemment, cela ne plaisait pas à tous ces messieurs dames , bien formatés. De plus, c'etait les débuts du RMI, (je dis bien RMI et non RSA) et chacun, à un niveau local, l'appliquait selon sa sauce et selon son désir.
Et, bien sur, il y avait un marché à prendre! Chaque éxécutant de l'échelon local qui se pointait à une comission d'insertion, percevait une prime de présence...Mème si il en avait rien à faire de la personne en face et de ses difficultées.J'ai braillé pendant des semaines devant un département sourd et aveugle. mon problème , étant celui de la pauvreté( 400 € à l'époque avec un enfant en bas age) je n'avais pas de vehicule, dans un endroit sans transport. pour les services sociaux du coin, et leur réprésentation mentale de l'époque, ainsi que de leur formation, pas habituée du tout à la problématique du chomage avec des personnes qualifiées professionnellement, c'est sur, j'étais atteinte d'une maladie incurable.....Donc, pour rajouter aux innombralbles démarches déjà liée à la survie quotidienne , s'est ajoutée une conseillère en économie sociale et familiale pour m'aider à gérer un budget absent (remarquez avec 400 € par mois, je ne l'ai pas revue, elle n'avait rien à gérer) un éducateur pour mon fils (parce que j'avais demandé à ce qu'ils participent à des activités, ne pouvant modestement le lui offrir) une avocate , payée avec l'aide juridictionnelle (d'où encore des démarches supplémentaires, parce bien évidemment , c'est à nous de monter le dossier) et bien sur, tous les compléments fournies par l'ex ANPE , des fois que tu t'ennuierais: appui social individualisé ( sauf que le seul problème était d'etre isolée dans le trou du cul des chiottes du centre de la france, sans vehicule), cercle de recherches d'emploi, accompagnement vers l'emploi, technicienne d'insertion chargée du suivi de mes recherches qui retransmettait vers Pole-emploi....Sans compter les innombrables chargé d'accueil des differentes administrations, un jour on a calculé avec mon avocate, qu'à moi toute seule, et grace à mon chomage, j'avais reussi à faire travailler plus d'une cinquantaine de personnes...
Bien sur, j'ai eu droit aussi à la demande d'expertise psychiatrique, de la part des services sociaux , parce qu'etre pauvre, au chomage et dans la précarité, avec un enfant, c'est une maladie très grave...
Avec l'argent cumulé par tous ces intervenants, j'aurai pu grassement me la payer la voiture qui m'aurait permis de partir chercher du boulot ailleurs...
Une voiture et un appart , des revenus suffisants m'aurait certainement permis d'accéder à l'emploi.
A ce niveau là, les pays du nord ont compris le truc depuis longtemps..
Maintenant, je regardes tout cela à distance, avec ironie, parce qu'il a fallu 20 ans à la france, et certainement le manque de moyens économiques et administratifs, pour comprendre que l'evaluation d'un demandeur d'emploi est avant tout économique...On pourra mettre tous les psychiatres, toutes les conseillères en économie sociale, tous les travailleurs sociaux, tous les éducateurs, tous les avocats, .....quand il y n'y apas d'emplois rémunérés normalement, pas de revenus décents pour vivre, il ne sert à rien d'émettre de grandes théories...d'accompagnement.J'ai résisté et survécu, seule.
L'autre jour, dans le train, encore en retard d'une heure sur la ligne desertique de trou du cul du monde, et dès lors, que je m'énérvais auprès du controleeur, se ramène une donzelle d'une vingtaine d'années:" bonjour, je suis psychologue" et mon fils de répondre: " Encore un métier inutile" (bien sur, la psy truc machin chose allait pas faire que le train allait etre a l'heure et que j'aurais mon bus de correspondance)!
Pour le chomage de ce pays, il en est de meme, les trains ne sont pas à l'heure et les bus sont dejà passés.