Journées nationales de prévention du suicide

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Modérateurs : superuser, Yves

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serenity

Journées nationales de prévention du suicide

Message par serenity »

Encore entendu aux infos régionales ce midi que sur les 650.000 nouveaux sans emploi de l'année 2011 (consécutifs à la crise), 10.000 ont fait une tentative de suicide... 750 l'ont réussi. Effrayant !

Pourquoi autant de suicides ? Certains spécialistes avancent l'hypothèse plus que plausible que certaines des personnes tombées du jour au lendemain dans l'enfer du chômage n'avaient pour leur grande majorité jamais prévues dans leur parcours personnel une perte brutale de leur emploi et n'ont pas réussies à vivre avec cette réalité.

Les images montraient une femme, la quarantaine, n'ayant apparemment jamais été confrontée au chômage auparavant qui allait chez un psy au bout de trois mois de perte d'emploi !!!

"Je ne sais plus quoi faire, je n'arrive plus à retrouver un emploi !" disait-elle.

Evidemment ces chiffres ne sont que très peu médiatisés à l'heure de la précarisation à outrance des parcours professionnels, ils feraient vraiment mauvais effet avant mai 2012 !
superuser
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Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par superuser »

La hausse des suicides liés à la crise, une réalité ignorée

http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
maguy

Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par maguy »

En effet, effrayant :cry:

Zut je n'arrive plus à retrouver cet article sur l'explosion des suicides en Grèce. :?
tristesir

Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par tristesir »

10.000 ont fait une tentative de suicide... 750 l'ont réussi.
Cela fait 9250 personnes qui n'ont pas le culte de la performance 8)

Blagues à part, les 750 qui en sont morts sont des victimes invisibles de la guerre économique qu'on nous impose, il n'y aura pas de monument élevé pour commémorer leur sacrifice.
babyfootgirl

Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par babyfootgirl »

mon père en a fait les frais il y a 15 ans .. :( c'était qq de bien et de marrant mais des cons l'ont TUE ! 20 ans dans la même sté ..
superuser
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Ne pas perdre sa vie à la gagner

Message par superuser »

Un postier s'est tué à Rennes la semaine dernière. Les suicides au travail interrogent notre culture professionnelle mais aussi notre relation à nous-même. Tragédie intime et phénomène social, l'évènement ne doit pas rester sous silence.

Mercredi dernier à Rennes, un jeune cadre supérieur de La Poste s’est donné la mort, laissant un courrier dans lequel il dénonce les pressions de l’entreprise. Tandis que la direction régionale de l’entreprise qualifie son geste d’«incompréhensible», le jeune homme, écrivait dans sa lettre (publiée par Libération le 5 mars) que le travail qu’il effectuait chaque jour «ne semblait pas apprécié» : «Je suis remis en cause en permanence. Depuis que je suis passé cadre, j’ai cherché en vain à réussir, me former, écouter. Rien ne semble y faire. Cela a engendré un manque de confiance terrible avec une anxiété permanente. Je préfère ne pas vivre dans un tel contexte opprimant. J’ai tout pour être heureux, une femme aimante, une fille adorable. Mais toute cette anxiété professionnelle a pris le pas sur ma vie privée».

Hélas, la vague de suicides chez France Télécom et au Technocentre de Renault l’a également prouvé : ce ne sont pas les salariés les plus «fragiles» ou les plus «déprimés» qui tombent au champ d'honneur mais les plus braves, les plus investis dans leur poste et qui, par suite d'une disqualification de leur contribution, d'une disgrâce, vont se sacrifier sur l'autel de la performance. Le salarié souffre du manque de reconnaissance de son travail, voire d'un certain déshonneur. «Se suicider peut, alors, être une manière tragique de réaffirmer sa dignité de sujet», explique Catherine Blondel, psychanalyste et coach, auteur de "Quand le travail fait symptôme". D'autant que la culture du résultat amène les plus investis à s'isoler dès lors qu'ils rencontrent des difficultés. Pas question de s'ouvrir à des collègues, devenus des «concurrents», au sein de services où le meilleur doit gagner.

Le suicide, un message adressé au corps social

La mort de Jérémy Buan, 28 ans, entré dans l’entreprise comme simple facteur en 2005, devenu cadre supérieur en 2009 à la suite d’un concours interne, est un drame d’autant plus cruel que le jeune homme n’avait pas ménagé sa peine pour grimper les échelons de la hiérarchie. Que dit alors son geste ? Le suicide est toujours une conduite adressée, de l'ordre du message, dont la traduction, si elle est impossible, doit cependant être en partie entendue. Au risque sinon de dégrader plus encore le tissu social et de générer un effet de contagion. C'est une culture globale qui est remise en cause par le geste fatal de ces salariés malheureux sur leur lieu de travail puisqu'on sait, depuis Émile Durkheim, que le suicide, tragédie intime, est aussi un phénomène social. Dans ce genre de situation, le pire est de laisser le silence s'installer.

Nombre d'entreprises ont perdu le rapport avec le réel

Faut-il alors s'en remettre, tout simplement, aux «sciences du management de l'homme», comme on l’a suggéré à France Télécom. «Ces "sciences" auxquelles il est fait référence n'ont de science que le nom et partagent avec la psychologie comportementale utilisée dans les fameuses échelles de stress un paradigme : l'homme est une machine programmable et maîtrisable, pour peu qu'on ait les bons outils. Ce paradigme est bête et mortel», lâche Catherine Blondel. Elle aimerait que les dirigeants qui ont de lourdes équipes à gérer réfléchissent à ce qui chez Emmanuel Kant donne sa limite à l'impératif catégorique : «Ne jamais traiter autrui comme un moyen mais toujours comme une fin». «Il n'y a rien d'autre que cela pour stopper la vague de suicides. Les salariés ne sont ni des pions ni des choses. À partir du moment où une entreprise considère ceux qui y travaillent comme, au choix, des "variables d'ajustement", des "actifs" ou même des "risques psychosociaux", le ver est dans le fruit. Quand la performance s'érige comme loi, le pire devient possible», en conclut la normalienne.

Et de prédire que, au rythme où vont les choses, «on se suicidera bientôt de plus en plus dans les hôpitaux et les écoles où s'affirme chaque jour davantage la seule loi de la performance et le déni des sujets». Christophe Dejours, psychanalyste, ne dit pas autre chose dans son ouvrage "Suicide et travail : que faire ?" (PUF) : «Les nouvelles méthodes de gestion, l'évaluation individualisée des performances, la qualité totale ont en une vingtaine d'années déstructuré le monde social du travail, les ressorts principaux de la coopération et des solidarités. […] Nombre d'entreprises ont perdu le rapport avec le réel.» Résultat : anonymat, manque de dialogue, rythme effréné des restructurations, stress, concurrence entre les salariés, mise au placard, licenciement ou harcèlement moral, manque de perspective, impuissance, peur de perdre son emploi, la liste est longue des éléments susceptibles de mener à l'isolement puis au drame.

Prendre du recul

Si la France est, derrière l'Ukraine et les États-Unis, le troisième pays au monde dans lequel les dépressions liées au travail sont les plus nombreuses, ne cédons pas à la fatalité. Le constat, pénible au demeurant, de la mobilisation sans faille d'un grand nombre de leaders à mener ces nouvelles orientations managériales et le consentement des travailleurs à les appliquer ne doivent pas non plus nous faire baisser les bras. Une chance nous est donnée de pouvoir prendre du recul. Ce que les hommes ont mis en place de néfaste, les mêmes avec d'autres peuvent aussi le faire évoluer dans le bon sens. «Il faut cesser de penser l'organisation pour des êtres humains idéaux qui n'existent pas. Il faut se réinterroger sur ce qu'est le travail collectif, la coopération, réorganiser le vivre ensemble», préconise Christophe Dejours. Après un suicide, face aussi à un collègue en dépression, ce n'est donc pas à la théorie qu'il faut avoir recours pour repenser le travail, mais au vécu de l'expérience sous sa forme actuelle pour définir quels doivent être les changements. Et surtout, peut-être le plus difficile, briser la loi du silence qui malheureusement s'installe dès qu'il y a souffrance au travail. Pour reconstruire, il faut inévitablement repasser par la parole. Car, conclut joliment le psychanalyste, «parler à quelqu'un qui écoute est et sera toujours le plus puissant moyen de catalyser la pensée».

S'interroger sur ce que nous voulons faire de notre vie

Mais faire en sorte que le travail redevienne un moyen de gagner de sa vie et non de la perdre invite aussi à s’interroger sur notre marge de manœuvre en tant qu’individu. «Il s’agit de s’interroger sur nos valeurs, sur nos priorités, et de tenter de retrouver notre équilibre à tous les niveaux. S’interroger sur ce qu’individuellement nous choisissons de faire de notre vie», écrit Anne-Catherine Sabas dans son ouvrage "Triompher de la souffrance au travail" qui vient de sortir aux Editions Buissière.

Sans doute Jeremy Buan avait mis trop d’espoir dans sa carrière à La Poste, et s’était crée de fait trop d’attentes… déçues ? Sans doute n’a-t-il pas su et pu entendre les signaux avant-coureur adressés par son état intérieur ? Sans doute trahi et bafoué dans son investissement, s’est-il senti abîmé au plus profond de ses valeurs ? En proie à son désespoir, ne pouvant renoncer à perdre ses illusions, ne trouvant plus la force de se battre, lui qui l’avait mis au service du dépassement de soi, il y a laissé sa peau. La tragédie de Jeremy, c’est celle de tous les individus qui renoncent à eux-mêmes plutôt que de renoncer à ce qu’ils ont investi d’eux-mêmes dans l’extérieur, de refuser d’agir au-delà de ses forces. C’est du manque d’écoute de soi qu’est mort aussi Jeremy Buan. «Nous souffrons souvent de ne pas être entendu par les autres, alors que nous sommes les premiers à ne pas nous entendre (…) la santé, c’est avant tout la gestion de ses limites. C’est ce qu’on nomme la prévention», poursuit Anne-Catherine Sabas. Et la psychothérapeute de conclure : «Connaître ses forces, ses limites, et les respecter. Vous y gagnerez en équilibre, mais aussi en confiance en vous, en force et en charisme». Comme le disait Vercors, «l’humanité n’est pas un état à subir. C’est une dignité à conquérir».

http://www.latribune.fr/blogs/mieux-dan ... gner-.html
babyfootgirl

Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par babyfootgirl »

merci pour lcet 'article ! je comprends où veut en venir cet article mais cela est plus facile à dire qu'à faire ...
maguy

Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par maguy »

je comprends où veut en venir cet article mais cela est plus facile à dire qu'à faire ..
Bien sûr...

Un peu comme un conjoint cocu qui se demande en quoi il a péché, ce qu'il a fait de mal et commence à SE remettre en question.

Ce doit être invivable de se faire évaluer tous les jours à titre individuel quand le chefaillon n'a qu'à appuyer sur ce qui ne va pas. Le subordonné est toujours sur la défensive, en train de se justifier. On finit par arriver au boulot l'estomac noué ce qui est improductif en plus.

La haute direction ne comprend rien à la gestion de personnel. Elle ne la voit qu'à travers le prisme de tableaux de bord, de chiffres. L'humain est ignoré, méprisé, réduit à l'état de simples trucs, comme une machine est censée sortir tant de pièces à l'heure.

En plus du fait que ceux sur le terrain trouvent un plaisir trouble et parfois sadique à écraser ceux qui leur sont subordonnés, puisque eux-mêmes ne sont pas mieux traités par leur hiérarchie.

Quel gâchis, un homme si jeune :cry:
babyfootgirl

Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par babyfootgirl »

suis bien d'accord avec toi Maguy tu sais mon père était jeune aussi 43 ans ... :( c triste et malheureux de voir comment se comporte le monde ..
superuser
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la religion du travail

Message par superuser »

Le suicide de salariés est le résultat d'injonctions contradictoires : d'un côté on te dit qu'il faut que tu fasses tes preuves et que tu te donnes au maximum, on t'agite la "valeur travail", l’"épanouissement au travail" et la notion de "mérite" à tout bout de champs, on t'en demande toujours plus mais de l'autre, on te fait comprendre que personne n'est irremplaçable, on ignore tes efforts — zéro reconnaissance, zéro augmentation de salaire (le travail n'est plus une "valeur" mais un "coût") — et tu t'aperçois que ceux qui sont récompensés ou respectés ne le sont pas pour des raisons de "mérite"...

C'est pourquoi il faut, autant que possible, réinitialiser son logiciel et prendre ses distances avec toutes les simagrées qu'on nous a inculquées.
diety

Suicide des agriculteurs

Message par diety »

Surveillance de la mortalité par suicide des agriculteurs exploitants : premiers résultats
[...]
Le suicide : 3ème cause de décès chez les agriculteurs exploitants

La population étudiée est constituée des chefs d’exploitations agricoles et de leurs conjoints collaborateurs, en activité professionnelle pendant au moins une des trois années d’étude : 2007, 2008 ou 2009. En moyenne, cela représente environ 500 000 personnes chaque année dont 68 % d’hommes et 32 % de femmes. Durant les trois années étudiées, 2 769 décès ont été observés chez les hommes et 997 chez les femmes. Parmi ces décès, 417 suicides chez les hommes (respectivement 130, 146 et 141 en 2007, 2008 et 2009) et 68 chez les femmes (19, 27 et 22 en 2007, 2008 et 2009) ont été enregistrés. Sur l’ensemble de la période analysée, les suicides représentent la troisième cause de décès de cette population, après les décès par cancer et par maladies cardiovasculaires.
417+68 = 485 suicides entre 2007 et 2009, cela signifie que 13 à 14 agriculteurs se suicident chaque mois.

Source : Institut de veille sanitaire

Je suis tombé dessus par l'émission "Le téléphone sonne" de France Inter, émission que je n'ai pas (encore) écouté. Beaucoup de commentaires et de réactions critiques sur la page de l'émission.

Sujet certainement complexe entre industrialisation de l'agriculture (agriculture intensive), monoculture, (sur)endettement, Politique agricole commune (PAC), pressions des grossistes...
Invité

Re: Journées nationales de prévention du suicide

Message par Invité »

...écrasement des petits agriculteurs par les gros.
Les gros agriculteurs intensifs ne se suicident pas.
(Les gros patrons non plus, ce sont leurs employés qui finissent à l'HP quand on délocalise.)
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