Retraites des chômeurs : d’une précarité à l’autre
Arguant de l’allongement de la durée de vie et de la nécessité de sauver le financement des retraites par répartition, le Premier Ministre a présenté le 27 août un projet de réforme dont le poids reposera une fois de plus sur les salariés et, doublement, sur les chômeurs.
La future réforme prévoit l’allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein : c’est la double peine pour les chômeurs et précaires. Leurs revenus, insuffisants et marqués par la précarité du travail seront encore dégradés à la retraite.
Le nombre de retraités sexagénaires occupant un emploi a doublé depuis 2006. 50% d’entre eux déclarent travailler car leur retraite « ne suffit pas pour vivre.» Qu’en sera-t-il des chômeurs qui ne cotisent pas leurs trimestres ? Voire, s’ils sont allocataires du RSA, qui les perdent purement et simplement ?
Allonger la durée de cotisation, c’est nier que l’espérance de vie en bonne santé se dégrade en France, notamment pour les femmes, les personnes les moins qualifiées et les précaires. Cette tendance n’est pas prête de s’inverser, alors que l’on poussera toujours plus de personnes dans la précarité, et que les plus âgés seront forcés de trouver une activité rémunérée – si activité il y a – pour améliorer le quotidien, et sous réserve d’avoir le droit de cumuler des revenus du travail avec une pension de retraite, ce dont sont exclus aujourd’hui les allocataires de l’ASPA.
Allonger la durée de cotisation, c’est favoriser le chômage des seniors, qui, n’ayant pas cotisé assez, devront survivre grâce aux minima sociaux et aux petits boulots. C’est remplacer le déficit des retraites par le déficit de l’UNEDIC et des caisses de solidarité.
Nous dénonçons cette réforme qui créera toujours plus de précarité. Nous exigeons que nos propositions soient prises en compte, seules à même de garantir une retraite décente pour tous :
•Le retour du calcul des pensions sur les 10 meilleures années et non plus sur les 25 comme actuellement. Ainsi serait mieux pris en compte le caractère discontinu des carrières, ce qui garantirait plus d’égalité des citoyens devant la retraite ;
•Le financement des retraites assis sur la valeur ajoutée des entreprises mise alors à contribution, et non sur la seule masse salariale;
•Le prolongement de l'indemnisation des chômeurs âgés de plus de 58 ans jusqu'à l'obtention d'une retraite à taux plein, avec le rétablissement de l’Allocation Equivalent Retraite (AER) et de la Dispense de Recherche d’Emploi (DRE) ;
•L’augmentation de l’ASPA ;
•L’individualisation et l’égalité des droits pour tous les retraités.
Nous manifesterons donc le 10 septembre avec tous ceux qui veulent une autre réforme des retraites, qui soit à la hauteur des défis qui se posent à notre société.
Indispensable, en effet, pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore le brillant Bernard Friot. Donc, écoutez sans attendre l'émission de Mermet que vous trouverez également ici : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2823
Pour autant, Friot et ses acolytes semblent bien esseulés face à l'apathie générale (y compris - surtout - du côté des syndicats). Comme si, finalement, tout le monde s'en foutait…
Et je crains fort que tout le monde (ou presque) s'en foute. Le discours dominant semble avoir gagné la partie sur ce thème… comme sur la plupart des autres.
Et je crains fort que tout le monde (ou presque) s'en foute. Le discours dominant semble avoir gagné la partie sur ce thème… comme sur la plupart des autres.
Aucun discours n'a gagné la partie. La grande majorité des Français est tellement écrasée de problèmes qu'elle n'est plus réceptive à aucun discours, qu'elle ne peut (veut ?) plus réfléchir à quoi que ce soit. C'est chacun pour soi avant le naufrage.
La partie n'est pas gagnée avec une idéologie, mais par un abrutissement de grande ampleur.
D'autant que… la majorité des Français bosse encore, gagne convenablement sa vie, consomme toujours avec vaillance… Faudrait pas l'oublier.
La majorité des Français n'est pas accablée de problèmes. Les choses ne vont pas si mal pour celles et ceux qui ne vont pas si mal que ça. Ils restent nombreux…
Pas tant que ça Yves... La majorité des salaires sont des petits salaires, et avec un petit salaire, la majorité des salariés n'arrive plus à joindre les deux bouts... Ils consomment, certes, mais pas plus que ce que leur permettent leurs revenus, c'est à dire bien peu.
C'est vrai que lorsqu'on va dans un hypermarché, on a toujours l'impression que les autres se gavent; c'est malheureusement aussi l'impression des autres... J'ai lu (ici ?) que malgré toutes les augmentations d'impôts, auxquelles s'ajoutent quelques impôts nouveaux, les recettes fiscales baissaient, entre autres parce que les rentrées de TVA sont directement liées aux volumes consommés.
Ce que je trouve plus surprenant, c'est que cette crise n'est pas en train de nous réapprendre l'échange et la solidarité.
C'est un autre sujet… la solidarité. Disons que les gens apprennent sans doute à vivre avec moins (comme moi !), à se serrer la ceinture pour certains.
Mais il reste en France beaucoup de catégories professionnelles qui se portent (très) bien, je te rassure. Pas seulement chez les dirigeants, les cadres, les professions libérales, les artisans, les commerçants, les hauts fonctionnaires, les agriculteurs… (ce qui fait déjà du monde).
Il y a aussi pas mal de salariés (fonctionnaires, employés et même ouvriers) qui ne galèrent pas… trop.
Le chômage et la précarité touchent - officiellement - 6 millions d'actifs, auxquels on peut ajouter 3 millions de smicards (à la louche). Ça nous donne 9 millions d'actifs.
Cependant, parmi les chômeurs par exemple, il y en a qui touchent des indemnités assez "confortables"… Tous les chômeurs ne sont pas au minima sociaux. Et tous les smicards ne sont pas dans la misère, même si les fins de mois peuvent être difficiles.
La France compte, à ma connaissance, une population active de l'ordre de 29 millions de personnes.
Les 9 millions dont je parle plus haut représentent donc - grosso modo - un tiers de cette population.
Restent donc 66% qui ne connaissent pas de difficultés insurmontables.
C'est aussi ça la réalité : les deux tiers des actifs vivent encore correctement, voire aisément.
La France n'est pas (encore) le Mali ou le Burkina Faso ! C'est la sixième économie mondiale alors qu'elle se situe au 20e rang des pays les plus peuplés.
Je connaissais un peu les thèses de B. Friot (parce que bon, je dois admettre que je ne comprends pas tout) et apprécie depuis longtemps les "conférences gesticulées" de Lepage et ses acolytes. Merci donc à Yves de les avoir mis en lien plus haut.
Je souhaite toutefois signaler que cette lecture des retraites et salaires font l'objet d'un débat contradictoire (de très grande qualité) dont je suis en train de prendre connaissance (ça mérite plusieurs lectures pour que je sois sûre d'avoir compris). Je n'ai donc pour l'instant pas d'avis ferme sur cette polémique ; mais je pense que cela valait le coup de vous en parler.