Osram : la justice gèle 108 licenciements
La justice a ordonné vendredi le gel du licenciement de 108 salariés de l’entreprise Osram, congédiés pour avoir refusé une baisse de 12,5% de leur salaire, en attendant le résultat d’une médiation de trois mois.
Le conflit chez le fabricant d’ampoules Osram autour des baisses de salaires et du licenciement des personnes qui les avaient refusées va être confié pendant cette période à un médiateur, a décidé le tribunal de grande instance de Saverne (Bas-Rhin).
Rassemblés devant les grilles du tribunal, des dizaines de salariés ont accueilli la nouvelle par des cris de soulagement et réclamé la démission du président d’Osram France, André Le Bihan, copieusement hué à sa sortie de l’audience.
Osram doit fermer ses lignes de fabrication d’ampoules à incandescence interdites par la réglementation européenne. La filiale du groupe allemand Siemens avait été assignée en justice par le syndicat FO et le comité d’entreprise pour avoir proposé en début d’année aux salariés de son usine de Molsheim une baisse de salaire de 12,5% étalée sur trois ans "pour pérenniser l’emploi".
Convoqués pour des entretiens individuels, près de 500 salariés s’étaient résolus à signer une déclaration acceptant ces nouvelles conditions. Mais 108 avaient refusé et avaient fait, dans la foulée, l’objet d’un plan social pour causes économiques.
L’avocat des salariés, Me Ralph Blindauer, a dénoncé à la barre une "violation frontale du droit du Travail". Même en proposant de compenser la perte de salaire par des heures supplémentaires, on impose aux salariés de "travailler plus pour gagner moins, en tenant compte de l’inflation".
Selon Me Blindauer, ces baisses de salaires acceptées individuellement représentent une "mise à néant de toute la philosophie des accords collectifs" en vigueur dans l’entreprise. Quant au recours au plan social, "ce n’est qu’une mesure de rétorsion frauduleuse : on supprime les +refuzniks+", a-t-il plaidé.
L’avocat de la société, Me Gilles Bélier, a pour sa part insisté sur le "conflit de logiques" au coeur de l’affaire : environnementale, économique et sociale.
C’est une directive européenne de 2005 qui, au nom de l’environnement, impose aux industriels la reconversion vers des ampoules économiques à durée de vie plus longue, et entraîne une baisse de la production, fait valoir la direction. S’opposent aussi, selon elle, la nécessité de produire au meilleur coût et la pérennité du site de Molsheim.
Pour le sauver, la direction promet d’y créer une ligne de production d’ampoules halogènes "Energy Saver" jusqu’ici fabriquées en Slovaquie, et de rapatrier de Berlin et d’Augsbourg des activités logistiques actuellement de 16 à 19% moins chères en Allemagne, a plaidé l’avocat.
Relevant que le chiffre d’affaires de Siemens (77,3 milliards d’euros l’an dernier, ndlr) pouvait se comparer au budget d’un petit Etat, le président du tribunal, Henri Ontabilla, a posé la question de la "vocation sociale" d’une telle multinationale.
"Mais il y a des moments où l’application du droit apporte de mauvaises solutions", a-t-il relevé avant de préconiser le recours à une médiation.
Saluée avec soulagement par André Le Bihan qui se dit "ouvert à discuter", la décision a été accueillie avec prudence par la déléguée FO, Isabelle Astié : "On mettra toute notre bonne volonté pour arriver à quelque chose, en espérant que la direction veuille bien bouger".
Les deux parties devront s’entendre sous quinze jours sur le nom d’un médiateur qui sera nommé par le tribunal pour une mission de trois mois, renouvelable une fois.
Dans une ambiance électrique, Me Blindauer a pris le porte-voix pour appeler les salariés à rester unis et mobilisés : avec le gel des mesures contestées, "nous avons remporté une première bataille, mais nous n’avons pas gagné la guerre".
source
Je trouve cette phrase hallucinante : "on compense la perte de salaire par des heures supplémentaires"

donc on peut supposer qu'il y a du travail !
Et on commence par virer les fortes têtes qui osent dire
non (ou merde) pour ne garder que les moutons..