Sarkozy: 1,3 milliard d'euros dans l'emploi et la formation pour aider 500.000 jeunes
Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi que l'Etat allait investir un total d'1,3 milliard d'euros pour la formation et l'emploi de plus de 500.000 jeunes, particulièrement touchés par la hausse du chômage, dans un discours prononcé dans le Val-d'Oise.
La difficulté des jeunes à trouver du travail, exacerbée par la crise, sera au coeur d'un "plan d'urgence" présenté vendredi par Nicolas Sarkozy qui passera, selon l'Elysée, par plus d'un milliard d'euros d'aides de l'Etat aux entreprises recrutant des moins de 25 ans.
Le chef de l'Etat s'exprimera à 11H30 à Jouy-le-Moutier (Val-d'Oise), où le groupe Veolia a un centre de formation
Clé de son plan, les entreprises recrutant des apprentis (285.000 contrats en 2008) ou embauchant un jeune en contrat de professionnalisation (145.000) bénéficieront de meilleurs avantages financiers.
Selon l'Elysée, toute entreprise recrutant un apprenti sera ainsi exonérée de cotisation jusqu'en juin 2010 et percevra une prime d'Etat plus élevée.
Les finances publiques seront aussi mise à contribution pour verser une prime exceptionnelle aux entreprises recrutant sur un contrat "pro" et une aide exceptionnelle à toute entreprise embauchant en CDI avant fin septembre un jeune déjà en stage.
"Pourquoi faudrait-il accoutumer encore plus les entreprises à être dédommagées pour accepter la jeunesse?", a par avance critiqué Génération Précaire, qui lutte depuis 2005 contre les stages abusifs.
L'Elysée a aussi décidé d'imposer une gratification des stages de 2 mois (au lieu de 3), mesure qui sera symboliquement d'application immédiate dans la Fonction publique, bien qu'en nombre limité.
M. Sarkozy doit aussi annoncer le doublement à 100.000 du nombre de Contrats initiative emploi (CIE) subventionnés par l'Etat, malgré une défiance de principe envers les contrats aidés
Parallèlement, les collectivités locales seront incitées à embaucher un contingent significatif de jeunes en "contrats passerelle" (informatique, petite enfance...) censés leur permettre ensuite de s'insérer dans le privé.
En encourageant financièrement les contrats en alternance, le gouvernement éviterait d'inventer un nouveau contrat, là où ses prédécesseurs ont créé une jungle de dispositifs et pris le risque de braquer la jeunesse avec un contrat spécial jeune, comme le CPE, mort-né en 2006.
Il renoncerait en revanche à demander aux entreprises de rembourser les aides après la crise, une idée de Martin Hirsch, dont le Haut commissaire à la Jeunesse avait dit qu'elle n'emballait pas le patronat.
Le chômage des jeunes et la difficulté à passer le cap des stages et petits boulots pour accrocher un CDI vers 27 ou 30 ans, ne sont pas neuves (les sociologues parlent de "bizutage social") mais aggravées par la crise.
La remontée du chômage des jeunes est deux fois plus rapide que pour les autres salariés. Elle vient moins d'un niveau de formation insuffisant (au contraire plus élevé que les générations précédentes) que de la surreprésentation de la jeunesse parmi les intérimaires et les CDD, premiers sacrifiés.
Jusqu'à 650.000 jeunes pourraient pointer au chômage cette année, selon M. Hirsch. Fin février, 434.000 étaient inscrits à Pôle emploi (+32% sur un an) sachant qu'un nombre non négligeable de jeunes ne se manifestent pas, faute d'avoir droit à une indemnisation.
Dans ce contexte, les syndicat, même modérés, craignent un risque "insurrectionnel" (CFDT) ou d'"explosion sociale" (CFTC) et pointent le problème toujours "pas soldé" des jeunes de banlieues, qui, même à Bac+3, ne trouvent pas de travail. Avant son élection, M. Sarkozy leur avait promis un "grand plan Marshall de la formation".
Le taux de chômage des 15-24 ans a de nouveau dépassé 20% au 4ème trimestre 2008 (20,4%). Depuis les années 80, il n'a cessé d'osciller entre 15% et 23%.
http://actu.orange.fr/articles/politiqu ... -Oise.html
Emploi des jeunes: Sarkozy présente un "plan d'urgence"
et un nouveau paquet fiscla pour le MEDEF
...et En complément d'info
http://www.humanite.fr/2009-04-25_Polit ... r-le-MEDEFNouveau paquet cadeau pour le MEDEF
Emploi des jeunes . En visite dans le Val-d’Oise, Nicolas Sarkozy a dévoilé hier son plan. Une enveloppe de 1,3 milliard d’euros, dont la majeure partie est réservée aux entreprises.
Visite au pas de charge du centre de formation de Veolia Environnement à Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise) conclue par un discours plus court qu’à l’ordinaire, les apprentis et l’encadrement du site, tassés dans l’auditorium, n’auront eu droit qu’au service minimum présidentiel.
Guère plus audacieux sur le fond, si le chef de l’État a bien promis une enveloppe de 1,3 milliard d’euros pour 2009-2010, le détail des aides (voir ci-dessous) fait apparaître que la majeure partie (700 millions d’euros) ira directement dans la poche des entreprises au gré d’embauches sous contrats précaires. « Ma conception du droit social ce n’est pas que les jeunes aient moins de droits que les autres salariés, s’est pourtant plu à répéter Nicolas Sarkozy devant un parterre attentif d’apprentis endimanchés pour l’occasion. Sinon pourquoi ne pas créer un droit social en fonction du sexe ou de la couleur de la peau… »
aucun dispositif nouveau
Le « plan d’urgence », concocté entre autres par Martin Hirsch, qui promettait jeudi un « plan original », n’ouvre dans les faits aucun dispositif nouveau et se contente pour l’essentiel de défiscaliser les entreprises ou de créer de nouvelles primes à l’embauche.
Ainsi, outre les aides en faveur des contrats d’initiative emploi (CIE), le gouvernement donnera aux entreprises 2 000 euros pour chaque recrutement en contrat de professionnalisation d’un jeune de moins de 26 ans n’ayant pas le niveau bac ; 3 000 euros par embauche sous CDI d’un stagiaire ; ou encore 1 800 euros par contrat d’apprentissage signé dans les entreprises de moins de 50 salariés. Dans ce dernier cas, le dispositif prévoit une exonération totale des charges qui, cumulée à la prime, se solde par un coût zéro pour l’entreprise, soit du travail gratuit.
« Approuvé sans réserve » par la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, le plan sera financé pour l’essentiel via le fonds d’investissement social crée en février dernier dans un tout autre esprit.
Mais qu’importe pour l’hôte de l’Élysée qui se dit en « rupture » avec ses prédécesseurs : « Trop longtemps on a investi dans l’assistanat, on va investir dans le travail et la formation. (…) J’ai été élu sur la revalorisation du travail, tous ceux qui par leurs efforts obtiendront une formation ou un emploi, on les aidera… » Malheur à ceux qui ne trouveront ni l’un ni l’autre… Une situation loin d’être marginale lorsque l’on sait que l’explosion du chômage ces derniers mois trouve dans cette tranche d’âge ses premières victimes et que, de l’aveu même du chef de l’État, « si l’on ne fait rien, ce sont entre 170 000 et 220 000 jeunes de plus qui pourraient se retrouver au chômage d’ici fin 2010 ».
Mais, justement, Nicolas Sarkozy ne fait pas « rien ». Au fond, il utilise la crise pour expérimenter jusqu’à sa limite la précarité comme source de profit supplémentaire. Une limite que le chef de l’État devine puisqu’il a également annoncé la création de 30 000 emplois financés à 90 % par l’État, dans le « secteur non marchand ». L’équivalent des emplois jeunes promus par la gauche en 1997 et jusqu’ici honnis par le pouvoir. 30 000 emplois précaires créés dans la fonction publique territoriale pour 30 000 postes de titulaires supprimés dans le même temps dans la fonction publique d’État. L’équation parfaite de la précarisation en marche.
effet d’aubaine pour les entreprises
La formation se verra quant à elle dotée pour la période d’un crédit supplémentaire de 356 millions d’euros (contrat formation et « école de la deuxième chance »).
Au final l’ambition affichée est de faire bénéficier 517 000 jeunes de 16 à 26 ans du 1,285 milliard d’euros du plan. À une condition, celle que la droite se plaît à risquer à chaque occasion : que les entreprises jouent le jeu sans profiter de l’effet d’aubaine que leur offrent ces mesures. « Je demande aux branches d’entreprises de faire preuve d’exemplarité. Je pense en particulier aux plus grandes d’entre elles. (…) C’est pourquoi je confie à Henri Proglio (PDG de Veolia - NDLR) une mission de mobilisation (…) des grandes entreprises », a insisté Nicolas Sarkozy. Aider les entreprises sans aucune garantie de contreparties en termes d’emploi : un scénario aussi vieux que le ballet complice de la droite et du MEDEF.
Frédéric Durand
Employeurs : avez-vous bien compris ?
"3 000 euros par embauche sous CDI d’un stagiaire "
Donc pas d'embauche sans être passés par la case "stage", ça paraît limpide
Donc pas d'embauche sans être passés par la case "stage", ça paraît limpide

Précarité à durée indéterminée
Précarité à durée indéterminée
Pourtant très diplômés, les 16-25 ans sont les plus touchés par le chômage.
Les 16-25 ans sont une génération du paradoxe. Jamais leur niveau d’instruction n’a été aussi élevé : 62 % d’une classe d’âge obtient actuellement le bac contre 30 % en 1985. Mais jamais, depuis deux décennies, les jeunes n’ont autant peiné à intégrer le monde du travail. Leurs premiers pas dans les entreprises se déclinent en stages, petits boulots, intérim, CDD. Plus dramatique : cette précarité tend à s’éterniser.
Ce ressenti de terrain est confirmé par les statistiques, qui révèlent une véritable fracture générationnelle face à l’emploi. Pour mesurer l’ampleur du chômage qui frappe les jeunes, il faut procéder à une analyse des chiffres de l’emploi par tranche d’âge. Parmi la population active des 15-24 ans, une personne sur cinq est à la recherche d’un travail. Le taux de chômage des jeunes caracole à 20,4 % (1), contre 7 % chez les 25-49 ans. Soit trois fois plus.
La situation des jeunes est également bien plus dramatique que celle des seniors. Contrairement aux idées reçues, les «50 ans et plus» s’en tirent plutôt bien avec un taux de chômage limité à 5 % (quatre fois moins que les 15-24 ans). Mais il est vrai que les chiffres des seniors sont minorés par les dispositifs de mise à la retraite anticipée et de dispense de recherche d’emploi pour les plus de 57 ans.
Au total, les jeunes comptent dans leurs rangs 416 000 personnes à la recherche d’un emploi. Et avec la crise, leur situation se noircit encore. «Le chômage des jeunes augmente deux fois plus vite que celui du reste de la population […] On peut considérer qu’il y aura entre 150 000 et 250 000 jeunes de plus au chômage cette année», prévient un document issu du cabinet du haut-commissaire à la Jeunesse, Martin Hirsch. «La situation de la jeunesse en recherche d’emploi n’était déjà pas très brillante. Avec la crise, on remarque que les jeunes sont les plus exposés face à la remontée du chômage», confirme Bernard Schricke, directeur de l’action France au Secours catholique. Pour lui, les 16-24 ans sont spécialement touchés «par la baisse des CDD et des missions d’intérim». Mais aussi par les plans sociaux lorsqu’ils bénéficient d’un CDI : derniers arrivés dans les entreprises, ils sont aussi souvent les premiers partants, leur faible ancienneté rendant leur licenciement moins coûteux.
Pessimisme. Les difficultés récurrentes de la jeunesse à accéder à un travail stable ont des conséquences en chaîne : pas de revenus réguliers, pas de capacité financière pour accéder au logement, pas de possibilité de s’inscrire dans un parcours menant à l’autonomie. De quoi saper le moral de toute une génération. Une enquête internationale, menée pour le compte de la Fondation pour l’innovation politique en partenariat avec l’institut Kairos Future, témoigne de la très faible confiance en l’avenir des moins de 25 ans dans l’Hexagone. A l’affirmation «mon avenir est prometteur», seulement 26 % des jeunes Français répondent oui contre 60 % des jeunes Danois, 56 % des Américains, 49 % des Suédois et 36 % des Allemands. A l’affirmation «je suis certain que j’aurai un bon travail dans l’avenir», le pessimisme est également de mise : on compte 27 % de oui parmi les jeunes Français contre 60 % aux Etats-Unis et au Danemark, 43 % en Suède et 34 % en Allemagne. Ces résultats semblent signifier que la jeunesse française a acté l’idée selon laquelle elle vivra moins bien que ses aînés. Du reste, les statistiques économiques ne lui donnent pas vraiment tort : 20,2 % des 16-25 ans ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté (880 euros par mois pour une personne seule) contre 13 % pour l’ensemble de la population. Autre chiffre qui témoigne du fossé qui se creuse entre les générations : en 1975, les salariés de plus de 55 ans avaient en moyenne des revenus de 15 % supérieurs à ceux âgés de 30 ans. L’écart atteint désormais 40 %.
Solidarité familiale.Stagiaires, intérimaires, salariés en CDD, souvent les jeunes n’ont pas suffisamment travaillé pour prétendre à des allocations chômage. Exclus des prestations sociales type RMI avant l’âge de 25 ans, ils sont souvent tributaires de la solidarité familiale pour s’en sortir. «Ce qui est discriminant, c’est le soutien familial», pointe Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars). Si la famille ne peut pas, n’a pas les moyens, si les relations parents-enfant ne sont pas au beau fixe, l’extrême précarité guette les jeunes. Ainsi les moins de 25 ans sont surreprésentés dans les structures d’hébergement gérées par les associations. «Ils représentent 20 % des accueillis, alors qu’ils ne sont que 9 % dans la population générale», fait observer la présidente de la Fnars. Une vie d’adulte qui commence dans des foyers de sans-abri.
(1) Insee. Informations rapides n°62 du 5 mars 2009.http://www.insee.fr/fr/indicateurs/indi ... onj_14.pdf
http://www.liberation.fr/societe/010156 ... determinee