Trinita a écrit :je m'étais dit que ce qui me manquait n'était pas tant une somme supplémentaire sur ce revenu que l'assurance d'avoir encore ce dernier dans un mois, six mois...
En effet, l'anxiété liée à l'incertitude du lendemain bouffe la vie : c'est ça, la définition de la précarité.
Mais à force, on apprend non seulement à vivre au jour le jour — alors qu'avant, pour montrer qu'on était bien "inséré dans la société", il fallait absolument avoir des projets

— mais
on se blinde. Perso, quand un coup dur me tombe dessus, j'angoisse pendant deux ou trois jours maxi et après, c'est fini. Je me dis : on verra bien, ce n'est qu'une histoire de fric et la vie continue (alors qu'avant, quand je travaillais et que mes 1.700 € tombaient tous les mois, je moulinais beaucoup plus longtemps en cas de pépin… éventuel ou avéré). J'ai aussi appris à ne plus psychoter à l'avance : tant que le truc ne m'est pas tombé dessus, je ne me mets pas la rate au cours-bouillon et j'évite automatiquement d'y penser.
Pour arriver à cette forme d'ataraxie qui me permet de préserver mes nerfs et mon énergie, la philosophie des Stoïciens m'a beaucoup aidée. Pour vous y initier, je vous conseille de lire
"Un homme, un vrai" de Tom Wolfe.